Tribune – “Non à la CAN de sang au Gabon !”

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Afrik-Foot relaie ce lundi le signal d’alarme déclenché par le collectif Gabon Démocratie, qui exhorte la CAF à retirer l’attribution de la CAN 2017 (14 janvier-5 février) au Gabon.


4.000.000.000 FCFA pour l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations dans un pays où le citoyen lambda manque à peu près de tout. C'est la dernière lubie d'Ali Bongo Ondimba pour faire passer la pilule de son hold-up électoral d'août 2016.

Classé par le rapport annuel FIFPRO 2016 comme l'un des pires championnats de football au monde avec 95,6 % de retard de salaires d'une saison sportive à une autre, le championnat gabonais est victime de la mal gouvernance générale du pays. La Ligue Nationale de Football (Linaf), -ou la “pépinière à délinquants”-, présidée par Brice Bika Djambou est moribonde. La Fédération gabonaise de football dirigée par un président “pantin”, Pierre Alain Mouguengui, est une pompe à fric – comme il y en a tant au Gabon- , pour les occupants du palais présidentiel , redistribuant à l'occasion des primes de match aux footballeurs en fonction de leurs accointances avec Ali Bongo Ondimba. C'est dans ce contexte que les Gabonais se voient imposer la CAN 2017, enjeu sportif et festif, comme un gadget politique par le président gabonais et son fidèle ami et allié Issa Hayatou, président de la Confédération Africaine de Football (CAF), compétitions dont les conditions d'attribution sont toujours contestées par certaines fédérations.

Un public qui boude

Retards colossaux dans les travaux d'infrastructures, chantiers de stades interdits au public et gardés par des forces armées, hôtels non conventionnels boudés par certaines délégations telles le Ghana et le Maroc ; lequel a décidé de refaire à ses propres frais ses installations sans doute grâce à l'amitié liant Ali Bongo Ondimba et Mohamed VI. C'est un scandale !!!!

La présentation de la mascotte de la CAN, le 25 mars 2016 est également symptomatique de ce climat hostile à la compétition et aux autorités gabonaises. C'était un spectacle navrant dans un stade quasi-vide, pourtant localisé à Franceville, le soi-disant fief de la famille présidentielle. Les délégations de la FIFA et de la CAF en présence de leurs présidents respectifs, Gianni Infantino et Issa Hayatou, et du président Ali Bongo Ondimba ont tenté de faire bonne figure, mais tous ont compris que cela n'augurait rien de bon.

Appels au boycott

Et ce ne sont pas les récents appels au boycott de la CAN de Marc Ona Essangui, membre imminent de la société civile gabonaise ou les interventions musclées de personnalités politiques de premier plan tel que Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l'Union du Peuple Gabonais ( UPG), qui démentiront cela. Selon toute vraisemblance une intervention de celui que les Gabonais appellent ” le président élu”, Jean Ping, devrait avoir lieu. En tout cas, les Gabonais attendent très impatiemment cette déclaration de mise en garde à l'attention d'Issa Hayatou.

Les Gabonais ne veulent pas de cette CAN et l'ont encore signifié au président de la CAF jeudi 15 décembre 2016 lors de l'ouverture de la billetterie de la CAN 2017. Moment de ferveur et d'impatience, dans un pays normal, l'ouverture de la billetterie au public gabonais s'est passée dans une indifférence, voire un mépris généralisé. “À cette allure, nul doute que les gradins seront occupés par les forces de l'ordre en civil ainsi que leur famille comme lors des meetings d'Ali Bongo Ondimba. C'est le modus operandi du pouvoir ici“, tient à souligner Steve Oyabi Bazolo, un Librevillois joint par téléphone.

De l'argent mal dépensé

Cette CAN, si elle a lieu, se jouera en période de graves crise sociale, économique et politique. Pas de rentrée scolaire pour les élèves et étudiants gabonais à cause d’établissements défectueux insalubres et insuffisants au Gabon. À cela s'ajoutent les revendications des syndicalistes Marcel Libama, Jean Rémi Yama, (ancien prisonnier politique, dernièrement relâché) … et de la société civile qui réclament entre autres la libération des opposants politiques, le payement des arriérés de salaires des fonctionnaires, le règlement par l'État de ses dettes aux PME gabonaises, dettes qui délitent totalement le tissu économique et social local, plongeant de très nombreuses familles dans une précarité profonde. À ce propos, des spécialistes dont Mays Mouissi, économiste et blogueur gabonais, relève sur son site que le budget de la CAN qu'il estime à 463.000.000.000 fcfa équivaudrait aux budget de l'éducation, de la santé et du logement réunis. Les trois grands maux (bien qu'ils ne soient pas les seuls au Gabon).

Les Gabonais qui ont accueilli la CAN 2012 co-organisée avec la Guinée équatoriale, refusent dans le contexte qui est le leur aujourd'hui de mettre en danger les populations et les délégations sportives concernées.

Le contentieux électoral n'est pas terminé

En outre, le contentieux électoral ne semble pas terminé au Gabon. En effet, ayant signé en juillet 2016 avec la mission des observateurs de l'Union Européenne un protocole d'Accord donnant mandat à ces derniers de surveiller la tenue du processus électoral, Ali Bongo Ondimba et son gouvernement se voient imposer un dialogue par ladite mission, courant janvier 2017, pour mettre en place les recommandations énumérées dans son rapport. Il va sans dire que le peuple gabonais attend énormément de ce dialogue et qu'il sera particulièrement attentif à ses orientations ! Dans ces conditions, seront-ils disponibles pour prendre part à la compétition africaine ? La question est légitime !

Les Gabonais considèrent que les larmes des familles des prisonniers politiques tel le député Bertrand Zibi Abeghe, et tous les anonymes qui l'accompagnent, n'ont pas fini de couler. La sérénité et le bon vivre-ensemble gabonais ne sont pas rétablis. Le sang des victimes du coup d'Etat électoral du 31 août 2016 n'a pas encore séché en terre gabonaise. C'est pourquoi les gabonais crient non à la CAN du sang au Gabon !

Issa Hayatou et Gianni Infantino sont prévenus !!!

Le collectif Gabon Démocratie

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Le Collectif Gabon Démocratie