Sous le feu des projecteurs depuis dimanche, Joseph Marie Minala ne cesse de faire le tour de la toile avec les interrogations autour de son âge. Recruté par la Lazio de Rome et annoncé comme ayant 17 ans, le Camerounais apparaît bien plus âgé en réalité. A se demander comment la Lazio de Rome n'a-t-elle pas pu avoir de soupçons ?
Faut-il en rire ou s'indigner ? Difficile de savoir. La réponse est sans doute quelque part entre les deux. Depuis dimanche, Joseph Marie Minala, sociétaire de la Lazio Rome, est devenu la risée des internautes sur les réseaux sociaux. Encore anonyme jusqu'à ce 9 février, le milieu de terrain a crevé l'affiche lors du derby de Rome entre la Lazio et l'AS Roma, rencontre Ô combien médiatisée.
Et si depuis le natif de Yaoundé est dans presque toutes les discussions qui ont attrait au ballon rond, ce n'est en rien pour sa prestation… Non. Il faut plus se tourner vers la fiche d'identité du joueur, présenté comme étant né le 24 août 1996 par la Lazio, et serait donc âgé de 17 ans. Oui, 17 ans.
Sauf qu'à y regarder de près -et d'ailleurs un simple coup d’œil suffit- il est vraiment difficile de croire une telle version. Avec son 1,84m et ses traits marqués, Joseph Minala est aux antipodes de l'adolescent de 17 ans qui courre les rues. Ardu de croire à cette version, même en mettant en avant tous les arguments et stéréotypes (souvent tendancieux) relatifs aux populations africaines.
Preuve en est, le cliché de l'intéressé avec Antonio Di Natale, 36 ans.
Joseph Marie Minala accompagné d'Antonio Di Natale. Qui est le plus âgé ? #Débat pic.twitter.com/Kq3lM4qg3e
— Afrik-Foot (@afrikfoot) 11 Février 2014
Téméraire est celui qui irait s'aventurer à affirmer que c'est bien un gamin de 17 ans qui se tient à côté de la star de l'Udinese.
Se pose donc logiquement les questions sur son âge réel, mais aussi du rôle joué par la Lazio dans cette affaire. Comment tout un club a-t-il pu croire que Minala a 17 ans ? N'y a t-il pas eu des suspicions légitimes autour du joueur recruté en 2013 et placé dans l'équipe des jeunes ? Il faut pointer du doigt là les recruteurs, mais aussi les intermédiaires qui ont conduit à cette situation.
Un simple examen osseux pour desceller une fraude
A une époque où il est désormais possible de savoir à l'année près l'âge d'une personne par un simple examen osseux, le club Romain s'est-il réellement laissé berner ? Lorsque l'on sait qu'aux CAN U17 et U20 de 2013, ce sont des dizaines de jeunes joueurs qui ont été refoulés avant le début de la compétition grâce à de simples radios du poignet, l'attitude de la Lazio à de quoi laisser perplexe.
Alors, certes Minala a eu une histoire particulière au moment de son arrivée en Europe (à l'âge de 15 ans), se faisant notamment duper par un agent peu scrupuleux, pour finir par se retrouver sans abri puis placé en famille d'accueil, mais quand même…. 17 ans ? N'est-ce pas un peu trop gros ? Les stigmates de la vie peuvent-ils à ce point marquer une personne au point de lui donner au minimum les traits d'une personne de 10 ans de plus que l'âge indiqué sur ses papiers ? A moins qu'il ne souffre d'une maladie rare… Non.
Silence Radio à Rome
Dans ce cas, la Lazio ne serait-elle pas plus coupable que victime au final ? Théorie envisageable lorsque l'on sait que rajeunir l’âge des footballeurs est une méthode encore pratiquée par des agents ou des recruteurs peu scrupuleux, avec l’aide de faussaires ou d’une administration corrompue, qui recherchent gloire et argent. Les joueurs issus du continent africain en étant les principales cibles.
Si les Romains ne sont peut-être pas à l'origine d'une falsification de papiers, n'ont-ils pas fermé les yeux dans l'optique d'une plus-value au moment d'un transfert de l’intéressé ? Et lorsque l'on sait qu'avec ses 5 buts en 8 matchs chez les jeunes, Minala commençait déjà à susciter quelques convoitises, la question mérite d'être posée. Mais pas de réponse pour l'heure…
Et des réponses, seuls le club italien et Minala semblent en mesure de pouvoir en apporter. Sauf que pour le moment, les deux parties sont murées dans le silence, comme si cette affaire n'existait pas. Un silence qui laisse place aux interprétations diverses.