Algérie : Albert Ebossé, mort pour rien ?

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Les instances dirigeantes du football algérien ont-elles retenu les leçons du drame qui a coûté la vie à Albert Ebossé ? Au vu de la décision de la LFP (Ligue de football professionnel) qui a annoncé la reprise du championnat pour le 12 septembre, il est permis d'en douter…


Les actes valent plus que les paroles, dit-on. Après la mort tragique d’Albert Ebossé, Mahfoud Kerbadj, le président de la LFP (Ligue de football professionnel) en Algérie, avait dénoncé un “crime“. La semaine dernière, l’instance dirigeante du football algérien avait prononcé la suspension des championnats professionnels jusqu’à “nouvel ordre“. Peut-être un tournant pensait-on alors, un peu naïvement. Ce dimanche, cette même LFP vient d’annoncer la reprise de la Ligue 2 le 12 septembre et de la Ligue 1 le lendemain. Prévue dimanche dernier et reportée à une date ultérieure suite au drame, la rencontre entre l’ES Sétif et l’USM Bel Abbès, comptant pour la 2e journée, aura même lieu dès le samedi 6 septembre.

La situation dans les stades algériens a-t-elle changé du tout au tout en une semaine ? Evidemment non. La LFP a simplement exhorté les clubs à s’équiper en “moyens de surveillance avant le début de la phase retour“. D’ici là, rien n’indique que la vie des joueurs dans les stades algériens sera davantage protégée. Ceux-là voudront-ils d’ailleurs seulement rechausser les crampons alors que le défenseur camerounais Aminou Bouba a par exemple fuit le CS Constantine, où il était prêté, pour regagner la Tunisie ? Tout porte à croire que l’annonce de la suspension du championnat n’était qu’un coup de communication, destiné à calmer les esprits le temps que l’émotion retombe.

Déclarations d'intention

Pour éviter qu’un nouveau drame se produise, les instances dirigeantes du football algérien misent sur les appels “à plus de retenue et de sagesse“. Un coup d’épée dans l’eau. Les témoignages dans la presse se sont multipliés ces derniers jours : une bonne partie des fauteurs de troubles dans les stades algériens sont des jeunes désoeuvrés qui agissent sous l’emprise de substances illicites. Des jeunes qui n’ont que faire de l'indignation de la LFP ou de la FAF (Fédération algérienne de football).

Le problème de l’insécurité dans les stades algériens est avant tout social, puisque le football sert de “défouloir“, dixit Kamel Yesli, coéquipier d'Ebossé, à une jeunesse désoeuvrée et sans perspectives d’avenir. Il n’appartient ni à la LFP ni à la FAF de redonner espoir à ces jeunes (même si, on le sait, le football possède toujours un rôle important à jouer sur le plan social). Mais ces instances se doivent au moins d’assurer l’intégrité physique des joueurs, des arbitres, de l’encadrement et des supporters. Une tâche qu’elles ne sont de toute évidence pas en mesure d’accomplir en l’état, pour cause d’infrastructures défaillantes et de forces de l’ordre en nombre insuffisant.

Après des drames comme celui survenu samedi dernier, on se prend légitimement à espérer “plus jamais ça”. Au vu des décisions prises par les instances dirigeantes du football algérien et du comportement de certains dirigeants, on peut en douter. 48H après le drame, Mohand Chérif Hannachi, le président de la JS Kabylie, a préféré rejeter la responsabilité de la mort d’Albert Ebossé sur l'arbitre, coupable selon lui de décisions litigieuses, arguant que le Camerounais serait mort d’épuisement. Le football algérien a-t-il retenu les leçons de la disparition tragique du “Lion Kabyle” ? Il est permis d’en douter.

Algérie : Albert Ebossé, mort pour rien ?

Romain Lantheaume

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !