Sauf improbable miracle, l'Algérie, incapable de battre la Tanzanie (1-1), peut faire une croix sur la CAN 2012. Les Fennecs ont déjà la tête tournée vers la Coupe du monde 2014. Mais pour aller au Brésil, il faudra reconstruire.
Piteusement éliminée de la course à la CAN 2012, l'Algérie veut tourner la page. Vahid Halilhodzic, le sélectionneur des Fennecs, l'avait de toute façon lui-même annoncé lors de son intronisation : son objectif reste la Coupe du monde 2014. Mais sur quelles bases ?
Car, depuis le Mondial 2010, la Khadra affiche une inquiétante pauvreté dans le jeu. Oubliée sa légendaire capacité de réaction, l'EN est redevenue quelconque. Une équipe incapable de battre la Tanzanie, cent-vingt-cinquième nation mondiale, en deux matches (1-1, 0-0) est battue par la modeste Centrafrique (2-0). L'Algérie, malgré la ferveur de ses supporters, n'inquiète plus vraiment. Même les derbies lui tournent le dos : passés à la moulinette par le Maroc (4-0), les Fennecs n'ont remporté qu'une seule rencontre depuis la Coupe du monde sud-africaine. Pire que ce triste bilan statistique, les Verts n'y sont plus.
Objectif Brésil
Et Halilhodzic ne s'y est pas trompé. “Nous devons encore travailler pour se perfectionner et aspirer à de meilleurs résultats. Je suis optimiste, on va essayer de créer quelque chose de durable , de costaud et un esprit de groupe. Il y a des qualités certes, mais il faut jouer à 100% physiquement, aujourd'hui pas un seul de mes joueurs ne l'étaient, c'est malheureux mais c'est comme ça“, assurait le technicien bosnien après la rencontre de Dar es Salam. L'opération reconstruction est déjà lancée. Et le chantier est vaste.
Notamment devant. Les Fennecs n'ont tout simplement pas de buteur. Pas de renard des surfaces qui, à l'image d'un Trézéguet ou d'un Inzaghi, serait capable de mettre le pied pour marquer un but, même moche. Un joueur capable de marquer sur une demi-occasion. Car, sans buteur, sette équipe compacte, sans génies ni stars, affiche vite ses limites. Abdelmalek Ziaya, le redoutable serial scorer d’Ittihad Djeddah, semblait destiné à tenir ce rôle. Mais il ne parvient pas à s'imposer en sélection. Hameur Bouazza, buteur ce week-end, a marqué des points. Marginalisé par Saâdane, le milieu de Millwall, a su apporter sa percussion à une équipe d'Algérie en manque de solutions.
Le désert devant
Bouazza a d'ailleurs marqué le premier but de l’équipe nationale sur une action de jeu en match officiel depuis le troisième but victorieux de la Côte d’Ivoire (3-2 ap), en quart de finale de la CAN 2010. Un but qui avait alors été inscrit par… Hameur Bouazza. Mais il y a encore plus inquiétant pour Halilhodzic : la fuite des talents. La plupart des joueurs cadres de la Khadra n'évoluent plus au plus au niveau. Karim Ziani (Al Jaish), Madjid Bougherra (Lekhwiya), Nadir Belhadj (Al-Sadd SC) évoluent au Qatar, Anthar Yahia (Al-Nassr FC) en Arabie Saoudite. Et ils ne semblent plus avoir le niveau, à l'instar d'un Belhadj, catastrophique sur son couloir gauche face à la Tanzanie et sorti à la pause. Emoussés, voire fatigués, les barons de la sélection ont du mal, même face à de modestes tanzaniens.
Derrière aussi, il semble y avoir du boulot puisque les hésitations de l'arrière-garde algérienne ont coûté cher. Même un Rais M'Bolhi, pourtant impressionnant lors du dernier Mondial, se montre coupable de relâchements dangereux, à l'image de cette mésentente avec Laïfaoui, sur le but tanzanien. L'heure n'est cependant pas aux lamentations. “On doit repartir à zéro et cela commence par les éliminatoires du Mondial 2014“, assurait Bougherra après la 5e journée des éliminatoires de la CAN. Seul enseignement positif, le milieu de terrain : Lacen a brillé à la récupération. En attendant les retours de Boudebouz, Meghni Guedioura et Lemmouchia. “Nous sommes au début d'une aventure. Il va falloir travailler encore.” Vahid Halilhodzic a du pain sur la planche.