Au printemps 2016, Christian Gourcuff quittait son poste de sélectionneur de l’équipe d’Algérie. Le technicien français mettait ainsi fin à son contrat d’un commun accord avec la Fédération algérienne de football, après 19 mois passés à la tête des Fennecs. Sept ans plus tard, l’entraineur breton est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à claquer la porte.
Revenant en long et en large sur carrière d’entraîneur, dans son livre « Ma quête du jeu idéal », Christian Gourcuff garde, en somme, de bons souvenirs de son passage sur le banc des Fennecs, entre juillet 2014 et avril 2016. « Je garde de bons souvenirs de l’Algérie. J’ai eu de bons rapports avec les joueurs. On avait la même sensibilité par rapport au foot et cette équipe était très intéressante », s’est-il remémoré pour RFI. L’ex-coach de Nantes en a d’ailleurs profité pour rendre de beaux hommages à ses anciens chouchous de la sélection algérienne. « J’ai beaucoup apprécié Yacine Brahimi. Il était exceptionnel sur le plan technique. Il n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir. J’ai aussi découvert Mehdi Lacen. Il était sur sa fin de carrière et je regrette de ne pas l’avoir connu avant. Il avait une intelligence incroyable », a-t-il encensé.
🔁🇩🇿 | Ce but de Riyad Mahrez face à la Tanzanie lors d’une victoire 7-0 en 2016 sous les ordres de Christian Gourcuff ! 😍
Du petit pont de Yacine Brahimi, au centre en retrait de Faouzi Ghoulam, à la frappe de Riyad Mahrez, quelle action. ✨ pic.twitter.com/MccQYlGl6X
— La Vague Verte ⭐️🇩🇿⭐️ (@la_vagueverte) December 24, 2022
La barrière politique
Mais si le néo-retraité s’entendait bien avec son vestiaire, la donne était tout autre avec la Fédération algérienne de football (FAF). Ce qui, à la longue, a fini par faire perdre sa motivation à l’ex-tacticien de 67 ans. « Il y a eu plein de choses qui ont dénaturé le plaisir que j’avais, a-t-il déploré. Cela a affecté notre travail au quotidien et à chaque fois que le contexte ne m’a pas plu, je suis parti. Et parfois au détriment de mes intérêts. Ce n’était pas simple, il y a eu des enjeux politiques qui ont pollué beaucoup de choses. Cela m’a fatigué, il fallait arrêter. (…) Quand j’ai signé en Algérie, en dehors du poste de sélectionneur, je devais aider la DTN (directeur technique national, ndlr) à mettre en place une politique technique, et cela m'intéressait de la faire pour un pays. C’était quelque chose que j’avais vraiment envie de faire. Mais je me suis heurté à des problèmes politiques. C’était difficile. »
Des conditions de jeu difficiles
Outre les difficultés opposées par le système politique, le Breton a également dû se heurter aux conditions qui n’ont pas facilité la mise en place de son « jeu collectif évolué », basé sur son 4-4-2 traditionnel. « Les conditions étaient compliquées. Nous, nous misions sur un jeu collectif évolué et on s’est retrouvé dans des galères, car parfois les terrains ne permettaient pas de le faire. On se retrouvait aussi parfois face à des joueurs qui avaient de grosses qualités athlétiques. Les conditions climatiques ont aussi beaucoup compté, et posé des problèmes pour développer ce jeu collectif. Quand les matchs internationaux avaient lieu à Blida, il y avait souvent des scores fleuves, car on avait une pelouse correcte », a-t-il relaté. A l'extérieur en revanche, ce n'était pas du tout la même chanson : « On s’est retrouvé à jouer sur une pelouse stabilisée au Lesotho ou au Malawi. Je me souviens d’un match en Tanzanie où l’on ne pouvait même pas faire trois passes. Il fallait une adaptation particulière. »
Avec la génération dorée algérienne, emmenée par Riyad Mahrez, Faouzi Ghoulam, Islam Slimani, Sofiane Feghouli et Yacine Brahimi, l’ex-sélectionneur ne garde pas seulement « de bons souvenirs » mais également un bilan en-dessous de la moyenne. Immenses favoris pour la CAN 2015 en Guinée Équatoriale, les Fennecs ont été éliminés à la surprise générale en quarts de finale. Un couac supplémentaire qui a sans doute fait pencher la balance en faveur d’un départ précoce du Français, alors qu’il était sous contrat jusqu’en 2018.
