Quinze jours après la mort tragique d’Albert Ebossé, la réponse du gouvernement algérien pour lutter contre la violence dans les stades, en collaboration avec la LFP, commence à prendre forme. Principale mesure : la généralisation de la vidéosurveillance.
Dimanche 31 août, la LFP (Ligue de football professionnel) annonçait la reprise du championnat algérien, une semaine seulement après la mort tragique d’Albert Ebossé. Pourtant, aucune mesure digne de ce nom permettant d’améliorer la sécurité dans les stades n’avait encore été prise.
Une semaine plus tard, le gouvernement, très actif pour faire avancer le dossier, en collaboration avec la LFP, a dévoilé les premières décisions prises dans ce domaine à l’issue d’un Conseil interministériel. Ces textes doivent être examinés dans la semaine par le comité national de prévention et de lutte contre la violence dans les stades en vue de leur application.
Ministre des Sports, Mohamed Tahmi explique à l’APS que l’une des premières mesures pour pacifier les stades sera la constitution d’un “fichier national de personnes interdites d’accès aux infrastructures sportives“, comme cela se fait déjà en Europe, afin de tenir les fauteurs de troubles hors des stades. En marche depuis plusieurs mois, un texte relatif à la création et à la gestion des comités de supporters doit également être finalisé.
Responsabiliser les dirigeants
Mais la mesure phare consiste incontestablement en la mise en place de systèmes de vidéosurveillance dans les enceintes abritant des matches de Ligue 1 et Ligue 2. Pour l’instant, seul le stade du 5 juillet, actuellement en travaux, et le stade Mustapha Tchaker de Blida disposent d’un tel système. Seul couac : la LFP indique que les clubs doivent tous s’équiper avant la phase retour (donc avant début 2015), tandis que le gouvernement est plus prudent et indique seulement que 11 stades seront équipés d’ici fin 2015.
Pour responsabiliser les dirigeants, les clubs et les responsables des infrastructures, qui mettent le stade à disposition, doivent signer d'ici à la reprise des conventions sur l’utilisation des structures sportives afin de “déterminer les droits et les devoirs des deux parties“. L'objectif est de déterminer un responsable clairement identifié en cas d'infrastructures défaillantes ou de manquement à la sécurité. Dans la même lignée, chaque club doit désigner un responsable de la sécurité. La formation des stadiers sera désormais obligatoire et assurée par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), dont les méthodes brutales sont pourtant régulièrement décriées…
La LFP promet de durcir le ton
Accusé par la LFP d’avoir contribué à mettre le feu aux poudres dans les stades en utilisant un vocabulaire guerrier, la presse sportive s’est défendue, estimant que les stades ne sont que le reflet de la société algérienne où la violence s’accroît. Les médias ont tout de même accepté de participer à “une large opération de sensibilisation sur le phénomène de la violence dans la société algérienne” menée par le ministère de la Communication sur le “long terme“.
Côté LFP, le président Mahfoud Kerbadj promet enfin, près de cinq ans après son instauration, le passage au “vrai professionnalisme, notamment sur le plan organisationnel, où beaucoup reste à faire“. L’instance planche actuellement à l’élaboration d’un nouveau code disciplinaire, comprenant “des sanctions plus sévères pour lutter contre la violence dans les stades“.
Même s’il ne faut pas crier victoire tant que ce premier train de mesures n'est pas mis en place –l’Algérie n’est pas à l’abri d’un nouveau drame d’ici là- le gouvernement algérien, et la LFP, semblent déterminés à prendre le problème de la violence dans les stades à bras-le-corps. Déjà une note positive.
