A quelques heures de l’entrée de l’Algérie dans la Coupe du monde 2014, mardi face à la Belgique, Afrik-Foot est parti à la rencontre des hommes qui ont formé Sofiane Feghouli et Saphir Taïder au GF38, et de Nassim Akrour, leur ancien coéquipier. Tous dressent le portrait de deux garçons plein de volonté mais au caractère opposé.
Reportage à Grenoble (Isère)
“Deux caractères complément différents mais animés par la même détermination à être professionnel. C’est ce qui les rapproche le plus“. Ancien préparateur physique du centre de formation du Grenoble Foot 38, fermé depuis le dépôt de bilan du club, en 2011, Mickaël Diaferia connaît bien Sofiane Feghouli et Saphir Taïder, qu’il a vus grandir. Les deux internationaux algériens, qui s’apprêtent à vivre leur premières minutes en Coupe du monde, mardi, face à la Belgique, ont tous deux été formés dans la capitale des Alpes.
A l’adolescence déjà, les deux garçons étaient bercés par la même volonté de percer dans le monde du football. Ancien éducateur au centre de formation, désormais aux commandes de l’équipe première du GF38 (CFA, 4e division), Olivier Saragaglia se souvient d’une anecdote au sujet de l’ailier du Valence CF. Avant l’entraînement du mercredi, les éducateurs donnaient quartier libre aux jeunes du centre pour qu’ils aillent se promener en ville et couper avec le foot quelques heures durant.
“Ma gonzesse, c’est le ballon“
“Mais Sofiane restait au centre. Il faisait sa sieste, ou il était devant la télé à regarder des matches. Un jour, je lui ai dit, ‘va te promener en ville, va draguer des gonzesses, c’est de ton âge ! Trouve-toi une petite copine !’ Il m’a répondu ‘non non, moi ma gonzesse, c’est le ballon !’ Cela démontre bien l’état d’esprit du gamin : le foot avant tout“.
“Il avait de l’ambition, de l’envie, c’est pour ça qu’il a grimpé très vite. Il a toujours été très professionnel“, se rappelle l’ancien international algérien Nassim Akrour, qui a assisté à l’éclosion de Feghouli dans les rangs du GF38. En dehors du terrain, le jeune Sofiane était plutôt introverti. “Il était un peu plus réservé, il parlait bien avec son groupe, moins avec les autres“, confirme Mickaël Diaferia. “Je jouais un peu le rôle de grand frère à qui on venait se confier. J’avais une relation forte avec Sofiane. Cela dépassait le cadre professionnel mais Sofiane était très pudique concernant sa vie privée, il y avait beaucoup de respect mutuel.”
Loin de leur famille
Débarqué de sa région parisienne natale pour le centre de formation du GF38 à quinze ans, le milieu offensif a eu un peu de mal au début. “On sentait que sa famille lui manquait beaucoup. Il était dans sa chambre, à écouter du rap parisien, avec ses potes parisiens et quand il partait en vacances, c’était chez lui, à Paris !“, s’amuse le préparateur physique.
Passé par le centre de préformation de Castelmaurou et guidé par l’exemple d’un frère footballeur professionnel (Nabil) et d’un autre frère joueur de rugby, Saphir Taïder est déjà imprégné des exigences du monde professionnel lorsqu’il rejoint le centre de formation du GF38 à 15 ans.
Régime express
“Il y avait deux Saphir“, explique Micka Diaferia : “Le Saphir de l’entraînement, très discipliné et concentré, et le Saphir hors entraînement, plus dans la rigolade. Saphir était plus extraverti que Sofiane, mais il s’attachait moins. Il prenait un peu plus de tout le monde. Parfois on le chambrait un peu sur ses coupes de cheveux !”
Mais comme son compère chez les Fennecs, Saphir Taïder débordait de volonté. A 17 ans, il subit une fracture de la rotule. Avant d’entamer sa rééducation, le club l’autorise à rentrer une semaine chez lui pour se reposer et profiter de sa famille. “Il est revenu avec trois kilos de trop ! On lui a un peu rentré dedans en lui disant que ce n’était pas normal, qu’on ne lui avait pas laissé des vacances pour qu’il s’engraisse. Il a pris cette remarque comme un défi et en trois-quatre jours, il avait perdu ses trois kilos ! Il est revenu plus vite que prévu sur les terrains. Cela montre à quel point il était déterminé“. Dans quelques heures, sur la pelouse de l'Estádio Mineirão de Belo Horizonte, l'Intériste et son compère de Valence seront une fois encore prêts à tout donner face aux Diables Rouges. Plus que jamais.
Avant la rencontre, découvrez en vidéo le message d'encouragement de Nassim Akrour et de Mickaël Diaferia aux Fennecs :