Le classement du Ballon d'Or France football 2005, écrasé cette année par le génial Ronaldinho, est cruel. Il est même inacceptable pour le partenaire du meneur brésilien au FC Barcelone, Samuel Eto'o, qui a de nouveau pété un plomb, lundi, en conférence de presse, pour protester contre sa dixième place au classement du prestigieux trophée.
Samuel Eto'o mérite-t-il mieux que sa dixième place au classement du Ballon d'Or France Football 2005 ? Le talentueux attaquant camerounais, insaisissable balle au pied, deuxième meilleur attaquant du championnat espagnol avec le FC Barcelone, en 2004/2005, et actuel meilleur buteur de la Liga, en est convaincu. Et il a une façon bien à lui de le faire savoir. Elégant sur la pelouse, le jeune footballeur le devient beaucoup moins en salle de conférence : « Je ne suis pas parmi les trois premiers, pourtant j'ai autant de mérites ou plus que certains… Depuis que je suis au Barça, qui a fait mieux que moi ? s'est-il interrogé. Ce que ne tolèrent pas les Français, c'est qu'un Africain triomphe sans être passé par chez eux. S'ils ne sont pas contents, qu'ils aillent voir leur mère ». Avant de conclure, devant un parterre de journalistes médusés : « Ceux qui ne croyaient pas en moi me lèchent le cul aujourd'hui pour une interview. »
« On ne comprend pas pourquoi il s'en prend à nous », explique-t-on à la rédaction de France Football. « Il n'y a aucun antécédent entre nous. Il s'est simplement fait un bon coup de pub. Ce qu'il a fait n'est pas très bien pour son partenaire du FC Barcelone. Eto'o n'aurait pas existé la saison passée sans Ronaldinho à ses côtés. Alors que Ronaldinho aurait été le même sans Eto'o. C'est un grand joueur, mais il s'est installé dans une paranoïa, qui fait que si l'on ne dit pas qu'il est le plus grand attaquant que l'Afrique ait porté, ça ne va pas ».
Ronaldinho, Lampard et Gerrard incontestables
Le Lion camerounais avait déjà dérapé, en juin 2005, lors de la célébration du titre de champion du FC Barcelone. Il s'en était pris à son ancien club, Madrid, ennemi viscéral de Barcelone, en chantant à six reprises devant 100 000 supporters catalans, les radios et les télévisions : « Madrid, salaud, salue le champion ». La presse nationale avait regretté que la fête ait ainsi été gâchée et le Camerounais avait dû se confondre en excuses.
Il est d'autant plus difficile de comprendre pourquoi Eto'o s'en est spécifiquement pris à la presse française, ce lundi, en ce qui concerne le classement du Ballon d'Or. Car le classement est établi selon les votes de 52 journalistes des différents pays européens qui désignent chacun les cinq meilleurs joueurs évoluant sur le continent. Il leur est demandé de se référer à quatre critères principaux : « le palmarès individuel et collectif pendant l'année considérée, la classe du joueur, son talent et son fair-play, sa carrière et sa personnalité ». Nul doute que la dernière sortie d'Eto'o ne viendra que grossir ses créances malus vis-à-vis de la presse européenne.
Sur le terrain, difficile de discuter la suprématie de l'intenable milieu de terrain brésilien, Ronaldinho, capable de faire chuter ses défenseurs directs sur une feinte de feinte. Parmi les 52 jurés, seuls le Pays de Galles et les Îles Féroé ne l'ont pas cité dans les cinq meilleurs joueurs évoluant en Europe. Il a été placé à 33 reprises à la première place, pour un total de 48 podiums. Ronaldo De Assis Moreira devance deux autres milieux de terrain, Franck Lampard et Steven Gerrard, de 77 et 71 points. Leur classement est tout aussi incontestable au vu de leur rendement et de leur leadership au sein du FC Chelsea et de Liverpool. Lampard a porté les Blues de Chelsea jusqu'au titre de champion et en demi finales de la Ligue des Champions, les Diables Rouges de Gerrard ayant remporté cette dernière compétition.
Le débat est ouvert
Interrogé début novembre sur la possible venue de l'attaquant français Thierry Henry à Barcelone, Eto'o avait froidement répondu qu'il s'en fichait. « Cela ne change rien, je suis ici pour jouer et tant que je serais là, je jouerais (…) Vous croyez que Thierry Henry va me faire partir ? », avait-il demandé. Pour les 52 jurés qui l'ont classé à la quatrième place, le Gunner d'Arsenal aurait effectivement pu menacer Eto'o, à moins d'évoluer avec lui. Indispensable à son club londonien, Henry a inscrit 25 buts en 2004/2005 et en est déjà à huit en neuf matchs cette saison. Un bilan comparable à celui d'Eto'o, qui a inscrit 24 buts en Liga la saison passée et en est déjà à 13 en 15 rencontres.
Le débat est sans doute plus ouvert à partir de la cinquième place, les influences régionales des différents championnats et l'importance de la notoriété médiatique entrant plus en ligne de compte. Andreï Shevchenko, ballon d'or 2004, (17 buts en 30 matchs de championnat en 2004/2005 avec le Milan AC et six depuis le début de la saison), Adriano (16 buts en 30 matchs de championnat avec l'Inter de Milan et 8 depuis le début de la saison) et Zlatan Ibrahimovitch (16 buts en 35 matchs de championnat avec la Juventus de Turin, trois depuis le début de la saison), les trois attaquants sont classés devant Eto'o en ayant pourtant été moins prolifiques en championnat. Il est vrai que le chouchou ukrainien du Milan AC peut se prévaloir d'une finale de Ligue des Champions avec son club. Quant au Suédois Ibrahimovitch, dont l'ego est aussi surdimensionné que celui de Samuel Eto'o, son poids est considérable au sein de l'attaque turinoise championne d'Italie, lui qui est bien plus qu'un simple finisseur. Comme pour tout concours, le débat est ouvert. Pas la foire aux insultes.
Classement pour le Ballon d'or 2005
Place | Nom | Club | Points |
1 | Ronaldinho | Barcelone (Espagne) | 225 points |
2 | Frank Lampard | Chelsea (Angleterre) | 148 points |
3 | Steven Gerrard | Liverpool (Angleterre) | 142 points |
4 | Thierry Henry | Arsenal (Angleterre) | 41 points |
5 | Andreï Chevtchenko | Milan AC (Italie) | 33 points |
6 | Paolo Maldini | Milan AC (Italie) | 23 points |
7 | Adriano | Inter de Milan (Italie) | 22 points |
8 | Zlatan Ibrahimovic | Juventus (Italie) | 21 points |
9 | Kaka | Milan AC (Italie) | 19 points |
10 | Samuel Eto'o | Barcelone (Espagne) | 18 points |
10 | John Terry | Chelsea (Angleterre) | 18 points |