Choc de cette 2e journée de la Coupe de la Confédération, le remake des finales 2005 et 2007 de la Champion’s League africaine a tenu toutes ses promesses. Offensive mais en manque cruel de réalisme, l’Etoile du Sahel de Roger Lemerre a concédé face aux égyptiens d’Al Ahly son second score de parité consécutif (1-1). Les Cairotes gardent les commandes du Groupe B.
Par Farouk Abdou à Sousse
ESS-Al Ahly en phases de groupes de la Coupe de la Confédération, c’est tout aussi incongru qu’un Real-Bayern en quarts de l’Europa League. Les deux mastodontes du football africain du 21e siècle (14 finales à eux deux toutes compétitions confondues depuis l’an 2000, excusez du peu) ont amorcé un déclin qui les amène aujourd’hui à miser sur cette coupe pour redorer un tant soit peu leurs blasons.
La limitation de supporters pour des raisons de sécurité levée par les pouvoirs publics, le stade Olympique de Sousse a fait le plein, dimanche après-midi, pour l’occasion. L’interdiction d’accès aux moins de 20 ans a par contre été maintenue. Si vous êtes jeunes, vous avez eu de grandes chances de vous faire refouler à l’entrée. Vous n’aviez qu’à être vieux.
Domination de l'Etoile, Bounedjah récompensé
Roger Lemerre avait été particulièrement clair lors de la préparation de la rencontre : Une première mi-temps apathique et passive comparable à celle livrée par ses joueurs en Côte d’Ivoire la semaine dernière, plus jamais. Mohamed Slama et ses coéquipiers ont respecté la consigne, entamant les débats tambour battant mais de manière particulièrement désordonnée.
Les permutations de Marouane Tej et Youssef Mouihbi (dans l’axe et à gauche du 4-2-3-1 Etoilé) et les décrochages incessants de l’attaquant de pointe Bounedjah ont permis aux locaux de dominer au cours des dix premières minutes et de se procurer un nombre conséquent de corners, tous mal tirés ou mal exploités.
Après avoir laissé passer l’orage, les Ahlaouis ont mis le pied sur le ballon, fait redescendre le bloc tunisien un cran plus bas à grands coups de redoublements de passes, insistant particulièrement sur le côté droit Brigui-Nagguez plus léger défensivement.
C’est de ce côté qu’est venue la seule occasion égyptienne de la première mi-temps, un centre de Yedan repris de la tête par Gedo au-dessus (13e). L’attaquant international, associé à Gamal dans le 4-4-2 cairote a du céder sa place peu après la demi-heure de jeu, et sera certainement écarté des terrains six mois suite à une rupture des ligaments croisés.
Paradoxalement, il n’y avait besoin ni de temps forts ni de décrochages sur le côté à l’ESS pour faire la différence : C’est en restant dans l’axe, au cœur d’une période ou le rythme était retombé, que l’Algérien Bounedjah a pu enfin avoir un ballon exploitable. Servi dans la surface par Seif Ghzel, le buteur a résisté au tacle désespéré de Naguib et à la sortie du gardien Ekramy pour donner l’avantage à l’Etoile juste avant la pause (1-0, 40e).
Tout aussi offensifs au retour des vestiaires, les Sahéliens ont manqué le break à deux reprises, la tête de Ghzel au second poteau et la reprise de Slama ayant fini en dehors du cadre au cours du premier quart d’heure.
Le manque de réalisme étant très souvent puni dans le football, la sanction tombe à l’autre bout du terrain trente secondes après le ratage de Slama : le milieu Ahlaoui Chokri récupère un ballon bêtement perdu par les adversaires dans leurs propres vingt mètres et décale parfaitement Gamal qui gagne son duel avec Balbouli pour l’égalisation (1-1, 60e).
Défaillance sur les coups de pied arrêtés, coaching tardif de Lemerre
Ce but contre le cours du jeu a provoqué la déliquescence du jeu collectif de l’ESS, qui s’en est remis à de longs ballons vers Bounedjah et abandonné toute construction au milieu de terrain pour donner libre cours à sa précipitation.
Malgré cela les occasions de repasser devant ont été très nombreuses, malheureusement les étoilés ont une nouvelle fois pêché dans la finition. L’attaquant vedette n’a pas démérité et a pesé sur la charnière centrale d’Al Ahly mais ses efforts n’ont pas été récompensés : une tête sur le poteau, une frappe non cadrée alors que deux coéquipiers étaient démarqués, une remise en or pour Mouihbi dont le tir s’est envolé dans les nuages, pour ne citer que les opportunités les plus notables.
Néanmoins, deux constats criants n’auront pas échappé aux observateurs : la deuxième fournée de corners qui n’a rien donné en seconde période, et la tendance gênante qu’a Lemerre à laisser son équipe-type faire le boulot. Au maximum de la domination de l’étoile et au plus fort de sa maladresse, l’ex-sélectionneur de l’équipe de France a rechigné à faire des changements et rendu les entrées en jeu de Dramé et Trabelsi totalement inutiles à trente secondes de la fin du temps additionnel.
Avec deux points au compteur après deux journées, l’ES Sahel devra batailler lors de la double confrontation avec les Zambiens de Nkana Red Devils pour ne pas compromettre ses chances de qualification.
Les ahlaouis ramènent un point précieux de Tunisie et suivent désormais avec attention la situation de l’entraineur Ruud Krol, fraîchement débarqué par l’Esperance de Tunis et fortement susceptible de prendre les rênes de l’octuple champion d’Afrique. Affaire à suivre.