Le football camerounais peine à relever la tête. Malades en Angola, agonisants en Afrique du Sud, les Lions Indomptables sont en train de mourir à petit feu. La faute à des joueurs incapables de se transcender sous le maillot national et une instance dirigeante qui laisse faire.
Grand favori de la CAN 2012, le Cameroun, accroché à domicile par le Sénégal (0-0), peut quasiment dire au revoir à son billet pour le Gabon et la Guinée équatoriale. Avec cinq points en quatre matches dans ces éliminatoires, les Lions Indomptables n'ont pas franchement assumé leur statut.
Et la crise dure depuis quelques temps. Finalement, personne au Cameroun n'aura su gérer la catastrophique Coupe du monde 2010 et son après. Le football camerounais est en crise. C'est bien simple : depuis l'élimination en quarts de finale de la CAN 2010, aux mains de l'Egypte (3-1 ap), les Lions Indomptables ont joué quinze rencontres. Pour trois petites victoires, dont une seule en match officiel (0-3 face à l'île Maurice). Depuis le Portugal (3-1), la Serbie (4-3), le Japon (1-0), les Pays-Bas (1-2), le Danemark (1-2) ou le Sénégal (1-0) ont disposé de Lions qui n'ont rien d'indomptables puisqu'incapable de battre la Géorgie (0-0), la Slovaquie (1-1) ou la RDC (1-1), des adversaires pourtant largement à leur portée. Même le nul contre l'Italie (0-0), alors championne du monde en titre, n'était pas franchement rassurant tant la rencontre a été pauvre.
“C'est Eto'o que nous voulons. Nous voulons le tuer !”
Samedi, le penalty raté de Samuel Eto'o, l'emblématique capitaine, n'a fait qu'accentuer la crise et provoquer la colère des supporters qui ont tout cassé dans les rues de Yaoundé : “C'est Eto'o que nous voulons. Nous voulons le tuer !” Car même l'attaquant de l'Inter Milan, l'idole de tout un continent, n'est plus intouchable. Son arrogance commence à agacer, son comportement de diva aussi. Le talent de l'ancien joueur du Barça n'est pas remis en cause, son attitude si. Peu ont apprécié qu'il joue les sélectionneurs, écartant les “Bannis” du Mondial sud-africain (Alexandre Song, Carlos Kameni, Achille Emana) ou bafouant l’autorité du coach en empêchant Eric Choupo-Moting de sortir face au Sénégal.
Car c'est bien là que le bas blesse. La Tanière est le lit d'une bataille d'egos. Des “guéguerres” pour le leadership qui ne transportent sur le terrain. Sur le papier, les Lions Indomptables ont pourtant de quoi marcher sur quasiment n'importe quelle équipe du continent. Même avec des sélectionneurs qui, comme Paul Le Guen et Javier Clemente, découvrent avec le Cameroun les joies d'une sélection africaine. C'est également le fond du problème : la FECAFOOT ne semble pas mieux lotie. Longtemps réclamé, la professionnalisation du football camerounais tarde à se concrétiser. Et Mohammed Iya, le président de la fédération, est de plus en plus contesté, comme en témoigne son accrochage avec Djibril Cavaye Yéguié, patron du Parlement, ou David Mayébi, vice-président de l'instance dirigeante. D'autant qu'elle n'a jamais vraiment semblé avoir les mains sur des internationaux tous basés en Europe. Trop sûrs d'eux, trop dépendants d'un Eto'o qui a du mal à jouer sur tous les tableaux, les Lions Indomptables ont intérêt à se réveiller et rugir un peu, sous peine de devoir rentrer à la maison la queue entre les jambes.