Cameroun : Foé, le coup de gueule de Djemba Djemba

Deux décennies après la mort de Marc-Vivien Foé, le complexe sportif portant le nom de la star regrettée des Lions Indomptables reste en chantier. L’État camerounais, qui a manqué à ses promesses de financement, est pointé du doigt. Eric Djemba Djemba, ancien international camerounais (24 capes, 2 buts) et dernière personne avoir parlé à Foé, a exprimé son dépit face à cette situation.

« Eric, je suis fatigué. » Ce sont les derniers mots de Foé avant qu’il s’écroule une minute plus tard en plein cœur du stade Gerland, pendant la demi-finale Cameroun-Colombie en Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003. Ces paroles, elles ont été prononcées à Djemba Djemba, son coéquipier du milieu de terrain. « Je m'en souviens comme si c'était hier », a révélé l’ancien joueur de Manchester United, interviewé par le journaliste de la BBC Piers Edwards. « Je me souviens (…) sur le terrain, il m'a dit ‘'Eric, je suis fatigué'. Je lui ai dit ‘attends, laisse Carlos [Kameni] venir quand on aura gardé le ballon, après je parlerai à l'entraîneur (…) et il te remplacera'. Mais une minute plus tard, [Foé] il est tombé », a poursuivi le retraité.

Un témoignage émouvant. D’autant plus que, quelques instants avant la rencontre fatidique, l’éternel numéro 17 du RC Lens avait eu comme une prémonition. « Nous allions au match. En chemin, il a dit à tout le monde : ‘donnez-vous à fond, si quelqu'un doit mourir aujourd'hui, il mourra, parce que nous devons aller jusqu'au bout'», a confié Djemba Djemba. « Oui, c'est ce qu'il a dit », a répondu DD à la question de savoir si c’était littéralement les mots prononcés par Foé.

On the 20th anniversary of the tragic death of Marc-Vivien Foe, a look at how the sports complex he had started to build has been largely abandoned.

This despite the Cameroon government publicly pledging to finish it in his honour.https://t.co/8DzugJXxwR (STARTS FROM 10'30")

— Piers Edwards (@piers_e) June 26, 2023

« Parfois, les gens parlent mais ne font rien »

En visite sur le complexe inachevé de son coéquipier défunt, l'ex-Nantais a laissé transparaitre ses regrets, alors que le gouvernement peine à tenir son engagement de terminer l’ouvrage de celui qui a défendu les couleurs de la sélection à 62 reprises et remporté deux fois la CAN (2000, 2002). « Parfois, les gens parlent mais ne font rien. C'est difficile à dire mais c'est vrai, c'est l'Afrique. Certaines personnes ont une autre mentalité. Et ce n'est pas bon. (…) Comme les Camerounais, je me sens mal. Parce qu'ils ont fait des promesses et qu'ils ne les ont pas tenues », a lâché DD. À ce jour, les autorités camerounaises se sont abstenues de tout commentaire sur cette affaire considérée comme taboue…