Face à l’impasse dans laquelle se trouve le football camerounais, plusieurs comités ont vu le jour ces dernières semaine. Certains pour soutenir l’action de l’équipe dirigeante actuelle de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), d’autres pour revendiquer à tout prix la tête de Mohammed Iya, le président de l'instance. A qui sert cette lutte ?
(De notre correspondant)
L'expression populaire veut qu'au Cameroun, il y ait deux types de presse : une qui salit et une autre qui lave. Cette phrase satirique trouve d’autant plus son sens dans la guerre médiatique menée par les comités de soutien qui opposent les partisans de Mohammed Iya, président de la Fecafoot, au Comité citoyen de redressement du football camerounais, guidé par l'ancien international Roger Milla.
Pour le Collectif républicain emmené par Ange Sama et Stephan Tataw, l'objectif est de “préserver les acquis de la Fécafoot, travailler au rassemblement et au dialogue entre tous les acteurs du football camerounais, s'opposer fermement à toute forme vicieuse et viciée de déstabilisation, de violation des statuts et règlements du football ou de la volonté d'occulter les bons résultats de l'équipe actuelle, démontrer que l'équipe actuelle est ouverte à toute proposition constructive, dénoncer tout dysfonctionnement au bureau exécutif de la Fécafoot et refuser toute utilisation du football à des desseins inavoués de troubles sociaux.”
Dans le camp d'en face, le Comité de citoyen pour le redressement du football camerounais soutenu par Roger Milla tire la sonnette d'alarme et insiste sur le fait qu'au pays des Lions Indomptables, le football va à la dérive. “Personne n’a voulu m’écouter. Maintenant, la situation est grave. Il fallait faire quelque chose. C’est pour cette raison que nous avons mis sur pied ce comité, qui aura également pour but de sensibiliser les gens de la Fédération camerounaise de football eux mêmes“, explique l'ancienne idole.
Tout sauf l’intérêt du football
Dans la bataille qui oppose actuellement ces lobbies, qui prétendent défendre le football camerounais, force es de constater qu’aucune proposition n’a encore encore été faite pour véritablement relancer le football national dans son ensemble. Le 1er championnat professionnel de football, base arrière du football camerounais est loin de combler les attentes, d’autant plus que les promesses de subventions des clubs, promis par l’Etat via la Ligue professionnelle, tardent à arriver. D’où le risque de boycott. Une situation engendrée par l’amateurisme des instances sportives et des milieux politiques, et ce depuis des années déjà.
D’autant plus que la dernière victoire d’un club camerounais en compétition continentale remonte à 1981, lorsque l'Union de Doula remportait la défunte Coupe des vainqueurs de Coupes. Après 32 ans de d’absence au sommet du continent, cela n’émeut personne. Pourtant c’est le football de club qui est la base de toute chose. Pourquoi donc cet engouement des différents comités auprès de la sélection nationale masculine, qui ne dispute que quatre à cinq rencontres par années ? Visiblement la réponse se trouve dans les frais de mission et autres “affaires parallèles” développés auprès des Lions. Aujourd’hui, la population semble être prise en otage par un groupe d’anciens sportifs, qui visiblement n’ont qu’un but : se positionner.