Cameroun : l’invraisemblable succession d’Akono

Une succession qui s’éternise, la liste de Jean-Paul Akono finalement validée, un sélectionneur toujours en poste mais victime d'un malaise qui risque de nécessiter une longue convalescence : les événements se sont précipités au cours des soixante-douze dernières heures dans la tanière des Lions Indomptables. Récit.

Les rebondissements qui entourent l'identité du futur sélectionneur du Cameroun ne s'arrêtent jamais, même pendant le week-end de Pentecôte. D'un côté, la succession de Jean-Paul Akono, qui n'a toujours pas été officiellement remplacé, traîne en longueur. Antoine Kombouaré aurait été le plus convaincant lors des auditions menées par la Fécafoot, mais le technicien kanak ne possède pas d'expérience en sélection et a exprimé des exigences salariales élevées, révèle Camfoot.com.

Pour sa part, Raymond Domenech serait en pôle position mais réticent à loger au Cameroun, condition érigée au rang de sine qua non par la Fécafoot pour occuper le poste de sélectionneur, malgré les démentis de son agent Stéphane Canard.

Devant le retard occasionné, la Fécafoot, qui n'en est plus à un revirement près, s'est finalement résolue à valider implicitement la liste dévoilée par Jean-Paul Akono le 14 mai dernier, en envoyant des convocations aux joueurs concernés, le samedi 18 mai. Une liste qu'elle avait d'abord rejetée… Avec ce volte-face, l'instance dirigeante du football camerounais semble acter le maintien -au moins temporaire- d'Akono à la tête des Lions Indomptables.

Malaise cardiaque

Mais, dans le même temps, dans une chambre d'hôtel de Yaoundé, se jouait un autre acte de la tragédie à laquelle vire la succession du Camerounais de 62 ans. Sur les ondes de Radio Equinoxe, Robert Atah, Directeur technique national adjoint et proche du technicien raconte la scène. “Jean Paul Akono était allongé dans sa chambre en train de visionner un match du championnat allemand : Fribourg contre Schalke 04 (1-2), où évolue l’international camerounais Joël Matip. Il était couché sur le coté droit, pour regarder le match à la télévision. Vers la fin de la rencontre, quand il a voulu se lever, il a constaté que son bras et sa jambe droit ne fonctionnaient plus normalement. Il a forcé pour se lever, il est retombé sur le lit“, a expliqué Robert Atah.

Et le DTN de poursuivre : “Même pour parler, c’était difficile. Son épouse et ses enfants étaient absents. Il a réussi, je ne sais par quel miracle, à passer un coup de fil à son épouse qui est accourue. On a fait appel au médecin  Aboubakar Sidiki de l’équipe nationale, qui est aussi venu rapidement à son chevet. Conduit à l’hôpital, on a fait le scanner et on a diagnostiqué un début d’AVC. Le médecin a commencé le traitement. Depuis ce matin (lundi, ndlr), il a retrouvé l’usage de la parole et la sensibilité de son côté droit qui était presque mort.”

Le fruit de la situation actuelle ?

Pour l'ami de Jean-Paul Akono, pas de doute : le malaise du champion olympique 2000 est directement lié à la situation malsaine qui règne actuellement autour de sa succession. “Il faut savoir que l’homme n’est pas une machine. Au moment où il prépare ses prochains matches, il apprend que le ministre des Sports a encore envoyé des gens en Europe pour conclure le recrutement d’un autre sélectionneur dont l’arrivée à Yaoundé est annoncé mardi (ce week-end, la Fécafoot aurait envoyé trois émissaires en Europe pour faire signer le contrat du futur sélectionneur, ndlr) pour venir le remplacer. Dans cette ambiance, vous pensez qu’il va se sentir comment ? C’est trop stressant. Lui-même pense que le stress qui est à l’origine de sa maladie provient non seulement du surplus de travail qu’il a à faire mais aussi de cette histoire de recrutement d’un nouveau sélectionneur qui le perturbe dans son boulot“, a dénoncé le Directeur technique national adjoint.

Toujours convalescent en juin ?

Reste à connaître les intentions de la Fécafoot. Quoi qu'il en soit, l'avenir de Jean-Paul Akono à la tête des Lions Indomptables s'est assombri avec ce malaise cardiaque, qui risque de laisser le sélectionneur sur le carreau pour les prochaines semaines, alors que les coéquipiers de Samuel Eto'o doivent se réunir en France le 29 mai prochain avant d'affronter l'Ukraine en amical le 2 juin et, surtout, le Togo (9 juin) et la RD Congo (16 juin) dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2014.

“L'état de santé de Jean-Paul Akono est vraiment préoccupant. Les informations que j’ai reçues du médecin qui le suit parlent d’une parésie d’une partie de son corps et non d’une paralysie comme j’ai cru entendre par-ci par-là. C’est moins grave, on peut se permettre de dire plus de peur que de mal“, a relativisé Ferdinand Ngo, l’un des médecins référents de la fédération camerounaise de football.

Le nouveau sélectionneur malgré tout désigné ?

Le docteur doute toutefois de la remise sur pied du sélectionneur d'ici les prochaines échéances des Lions. “La récupération dépend de l’intensité et même de la nature de la lésion. Comme son cas est une parésie, il faudra compter deux voire plusieurs semaines. Mais, le problème n’est pas simplement le traitement. Il faut également lui éviter une rechute. Il peut y avoir récidive compte tenu de l’environnement. Je ne vous apprends rien, vous êtes sans ignorer les moments qu’il traverse avec cette bataille pour sa succession au fauteuil d’entraîneur des Lions“, s'inquiète le médecin.

Bien que ce ne soit certainement pas par souci pour l'état de santé de Jean-Paul Akono, la Fécafoot s'apprête à dévoiler ce mardi le nom de son successeur. Une annonce à prendre avec des pincettes, l'événement ayant déjà été reporté à plusieurs reprises. De là à imaginer le Camerounais sur le banc des Lions en juin… Ce maintien signifierait que le “miracle Akono” est loin d'être terminé !