A la suite des nombreuses contestations et de l'enquête ouverte au sujet des élections à la présidence de la Fédération camerounaise, la Commission de recours des élections a annoncé l’annulation du scrutin qui s'est déroulé le 19 juin 2013. C'est le président sortant Iya Mohammed qui avait été désigné grand vainqueur, loin devant les autres candidats.
La Fédération camerounaise se couvre chaque jour un peu plus de ridicule. Sauf que, si les péripéties devenues inhérentes à l'instance font souvent sourire les observateurs, elles sont aussi le signe que le football camerounais est gravement malade, et ce depuis les plus hautes sphères des instances dirigeantes.
Dernier exemple en date, les élections à la présidence de la Fecafoot, qui se sont déroulées le 19 juin avec la reconduction d'Iya Mohammed, absent au moment du scrutin car en détention préventive à la prison centrale de Kondégui. La liste du président sortant avait malgré tout été plébiscitée au détriment de ses concurrents Jonh Begheni Ndeh et Marlène Emvoutou.
Des accusations de corruption
A vrai dire, il n'y a même pas eu photo puisqu' Iya Mohammed a récolté 97 voix sur les 98 valablement exprimées. Le tout sur un collège composé de 102 délégués. Un scrutin a sens unique qui en a surpris plus d'un, en dépit des félicitations de Sepp Blatter, président de la FIFA, qui a salué la réélection de son “ami“. Mais, très vite, les suspicions n'ont pas tardé. Des soupçons très vite confirmés par Marlène Emvoutou, qui a vendu la mèche… et sa propre personne par la même occasion.
La candidate battue dans les urnes s'est plaint de ne pas avoir recueilli les suffrages de plusieurs membres de l’assemblée générale de la Fédération camerounaise, alors qu’elle a tenté d'en corrompre certains dans le cadre de l’élection pour la présidence de l’instance. Visiblement en vain. Elle est même allée jusqu'à empoigner le 3e vice président de l’instance pour les réclamer la somme de 2 millions de francs cfa qu'elle lui aurait versé.
Convoquée mardi devant la Commission d’éthique et de fairplay de la Fecafoot, la présidente de la Ligue régionale de football du Sud ne s’est jamais présentée. Une absence justifiée par le fait que Marlène Emvoutou était au même moment entendue par le Parquet et devra répondre de sa tentative de corruption.
Enquête en cours et élections annulées
C'est dans ce climat délétère que la Fecafoot a ouvert une enquête dès mardi pour éclaircir toute cette affaire dans laquelle plusieurs membres de l'instance ont visiblement trempé. Une procédure qui a conduit la Commission de recours de l'instance à annuler purement et simplement le résultat des élections.
La décision a été confirmée par le président de la Commission, Roger Sockeng, après les recours déposés par Marlène Emvoutou, John Ndeh, Nkou Mvondo, le président de Ngaoundéré, ainsi que par des clubs des sept régions du Cameroun.
Le TAS bientôt saisi
Roger Sockeng a motivé cette décision par les nombreuses irrégularités constatées lors de ce fameux scrutin du 19 juin 2013, qui s'est finalement déroulé vers 1h du matin d'après nos informations à Afrik-Foot. La police avait notamment empêché les électeurs de pénétrer au siège de la Fecafoot pendant sept heures.
Mais, le camp d'Iya Mohammed, président de la Fecafoot depuis 2000, ne l'entend pas de cette oreille et a indiqué à qu'il va interjeter appel auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Dans l'attente que l'instance se prononce à son tour, il soutient que c'est le bureau élu le 19 juin qui doit assurer l'intérim.
De leur côté, les opposants à Iya Mohammed estiment que c'est l'ancien comité exécutif de la Fecafoot qui doit gouverner en attendant. La sortie de crise à la Fecafoot, ce n'est pas pour demain… et une fois de plus, le football camerounais n'en sort pas grandi.