CAN 2012: Eléphants, ramenez-nous la Coupe!

Publié le par , actualisé le

Une colonne en forme de cri de Romaric Atchourou, journaliste-consultant en communication résidant a Londres.


La Vingt-huitième édition de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se tiendra du 21 janvier au 12 février, a un accent particulier. Co-organisée par le Gabon et la Guinée équatoriale, cette grande messe du ballon rond connaitra un bouleversement majeur. Juste après cette édition, la fête du foot aura bien lieu tous les deux ans mais elle sera organisée les années impaires afin d'éviter qu'elle se dispute la même année que la Coupe du monde. Et ceci, à compter de 2013. Ce présent rendez-vous du sport roi en Afrique, est aussi l’occasion d’accueillir le Niger pour sa toute première participation. Mais la CAN 2012 est lourde de symbole pour les Eléphants de Côte d'Ivoire et pour la nation ivoirienne, vingt ans après le premier sacre de Dakar 1992.

1992–2012

Digne des contes épiques, le sacre des Eléphants de Côte d'Ivoire en 1992 au détriment des Black Stars du Ghana, n’a laissé aucun fan du ballon rond dans l’indifférence. Courage, détermination et jusqu’au-boutisme ont permis à la sélection ivoirienne conduite par Yeo Martial, un coach fils du pays, d’offrir à la Côte d'Ivoire footballistique son premier trophée continental. Après 120 minutes dans les jambes et une longue série de tir au but qui a vu passer chaque acteur de champs et les gardiens de but, le suspense est à son comble quand Aka Kouamé pour son second passage, porte le score à onze pour les Eléphants. Alain Gouaméné, en arrêtant le penalty d’Antony Baffoe, offrait à toute la Côte d'Ivoire un moment historique de bonheur. Du bonheur pour toute une nation confrontée depuis le début de l’année 1990 aux affres de la démocratisation.

Vingt années se sont écoulées, dix autres rendez-vous continentaux, des générations se sont relayées pour porter haut le drapeau Orange-Blanc-Vert avec le désir de rééditer l’exploit. Sans succès. Au nombre de ces missionnaires de l’exploit, il y a la génération Drogba–Académie. Une pléiade de talents qui fait les beaux jours des championnats occidentaux mais à qui résiste le trophée continental. A cette génération de footballeurs qui a en moyenne quatre campagnes continentales dans les jambes, au capitaine, Didier Drogba, qui a plus que jamais le sens de l’histoire et du devoir accompli, il faut ajouter l’atout patriotique, le sacerdoce de la Cote d’Ivoire à la recherche d’une bouffée d’air régénératrice. Et si l’atout décisif résidait dans la présence d’un autre fils du pays à la tète de la sélection, François Zahoui le charismatique?

L’important n’est pas de participer mais de gagner

Combien de fois les pronostics d’experts et d’amateurs ont-ils fait de la sélection ivoirienne de football la favorite ? Combien de fois les Eléphants ont-ils laissé les supporters sur leur faim ? Combien de fois faudra-t-il faire des analyses après échec pour se retrouver deux ans plus tard à la case départ ? Autant de fois qu’il faudra garder allumer la flamme de la motivation, autant de fois qu’il faudra ajouter à la persévérance, le désir de vaincre qui vient des tripes. Parce que découragement n’est pas Ivoirien, Eléphants cuvée 2012, embarquez dans cette aventure avec pour seule mission de ramener la coupe sur les bords de la lagune Ebrié.

La rage de vaincre n’est pas qu’un beau jeu de mot. L’expression retrouve tout son sens aux prix d’investissements coordonnés et à l’explosion libératrice qui couronne des efforts derrière un objectif planifié. L’icône du club de football nord londonien, Thierry Henry, lors d’un retour fort remarqué après un but libérateur, affirmait que pour lui mouiller le maillot, c’était de contribuer avec passion au succès du collectif mais bien plus encore de contribuer au bonheur des milliers de fans d’Arsenal. Son cri de rage, son image du lion rugissant qui a fait la une des journaux londoniens saluant son retour, n’est pas sans rappeler le “Never die spirit”. Mouiller le maillot jusqu’au-bout.
Mouiller le maillot pour sa patrie, va bien au delà de l’effort physique fort appréciable. Mouiller le maillot, c’est de pouvoir maintenir cette rage qui fait rugir comme un lion à chaque étape qui mène au succès final. Tout comme Orange Blanc Vert rime avec Union Discipline Travail, Eléphants 2012, chaque goutte de sueur, chaque douleur devra se conjuguer avec votre seul ordre mission : Rapporter un moment de bonheur à votre nation. On dit souvent, vise la lune et à défaut tu atterriras dans les étoiles. Mais là n’est pas votre appel. La seconde place n’est pas une option, seule compte la victoire finale.

En chaque Ivoirien sommeille un champion

Eléphants 2012, ramenez-nous la coupe. Offrez-nous ce voyage au pays du bonheur. C’est vrai, tout comme la musique peut adoucir les cœurs des peuples meurtris, cette coupe d’Afrique de football peut à un degré ou autre contribuer à un moment de réjouissance. Mais le vrai bonheur de la Côte d’Ivoire réside en chaque Ivoirien. C’est vrai on nous dit qu’il appartient à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice, mais si la fondation est mal posée, c’est tout l’immeuble qui s’écroule quelque soit sa hauteur. C’est pourquoi, Ivoirien mon frère, Ivoirienne ma sœur, d'où que tu sois et quoique tu fasses sois un champion de la reconstruction de ton pays. Cours jusqu’au dernier coup de sifflet. Cours sans relâche jusqu'à la ligne d’arrivée.

Mais quelle Côte d’Ivoire veut-on construire ? Sur quelle fondation repose-t-elle ? Vous qui avez à charge de piloter le navire Ivoire, mouillez sans cesse votre maillot pour faire sourire notre belle nation. Pour reprendre cette célèbre phrase chère à Gadji Céli, l’ex(capitaine de la sélection ivoirienne de 1992, “Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir”, Ivoirien mon frère, Ivoirienne ma sœur, tu as encore entre tes mains ta destinée. Parce que tu vis, tu peux encore positivement influer le cours des choses. Pour que les cris de joie des supporters en délire à l’arrivée de la coupe chez nous ne soit pas comme un feu de paille, accepte dès à présent ton sacerdoce d’ouvrier de la paix et du développement.

Avatar photo

Romaric Atchourou