Le ballon tourne à nouveau en Libye. Dans un pays ravagé par la guerre, la sélection nationale a validé son billet pour la CAN 2012. Un exploit pour les Verts, 62e nation mondiale au classement FIFA, qui n'ont pas joué tous leurs matches “à domicile” et dû composer une équipe avec des joueurs éparpillés à travers le monde.
“Nous dédions notre qualification à tous les Libyens, à notre révolution !” Du haut de ses 39 ans, Samir Aboud, gardien de la sélection libyenne, n'a pas oublié ces mois de guerre qui ont ravagé son pays. Le vétéran peut savourer: avec ce nul face à la Zambie (0-0), les Verts ont validé leur billet pour la CAN 2012, la troisième de l'histoire pour la Libye.
Un billet arraché mais pas volé pour les hommes de Marcos Paqueta, meilleurs deuxièmes de la phase éliminatoires. L'histoire est belle pour la nouvelle Libye, obligée de jouer ses matches “à domicile” à l'extérieur et qui a étrenné nouveau drapeau, nouveaux maillots et nouvel hymne en cours de compétition. Mais que ce fut dur! Six matches, trois victoires, trois défaites: la Libye présente un bilan mi-figue, mi-raisin. Suffisant pour se qualifier, cependant.
Meilleurs deuxièmes
Le sélectionneur brésilien en est conscient: “Nous n’avons pas si bien joué que ça mais ça n’a pas vraiment d’importance, c’est un jour historique“, commentait le sélectionneur des Libyens, le Brésilien aux tempes grisonnantes, Marco Paqueta. Pendant que Paqueta et Aboud parlaient devant micros et caméras, le reste de l’équipe chantait, pleurait et dansait aux abords des vestiaires du stade de la ville minière zambienne de Chingola pour fêter cette troisième participation à une Coupe d’Afrique des Nations.
Lors des précédentes éditions, la Libye, pays-hôte en 1982, avait perdu en finale face aux Ghana. En 2006, en Egypte, elle avait été éliminée au premier tour. La guerre civile en Libye a évidemment pesé sur le parcours de qualification des footballeurs du pays. Ils n’ont pu jouer qu'un seul de leur match dans leur stade national de Tripoli avant de devoir s’expatrier pour disputer leurs autres matches “à domicile”. Ils ont ainsi battu les Comores (3-0) à Bamako (Mali) et vaincu le Mozambique (1-0) au Caire (Egypte), où le match s’était déroulé à huis-clos pour des raisons de sécurité.
“Tu es fou de rester”
Les évènements n’ont pas été sans impact non plus au sein même des rangs de cette sélection, qui va devoir changer de surnom en même temps que de drapeau et d'hymne. Un joueur a ainsi été exclu pour avoir traité les rebelles morts de “rats” et de “chiens“, tandis que d’autres joueurs avaient refusé de revêtir les nouvelles couleurs de la Libye -rouge, vert et noir- tant que le pays tout entier n’aurait pas été libéré. Il y eut aussi ce périple risqué par la route pour quitter Tripoli et rallier la Tunisie, où l’équipe se rassemblait pour un stage de 10 jours avant le match en Zambie, autour d’un Paqueta qui n’a plus reçu son salaire depuis six mois.
“Au Brésil, tout le monde m’a dit : “Tu es fou de rester!” Mais je voulais finir le travail, et je ne voulais pas laisser tomber les joueurs. Je suis devenu leur ami et je sens qu’ils sont prêts à jouer pour moi“, déclarait récemment à la BBC le sélectionneur, qui avait été engagé il y a un an quand la famille Kadhafi contrôlait le pays, y compris la fédération de football. Le coach brésilien n’avait plus de joueurs réellement compétitifs à sa disposition, puisque le championnat libyen, principal réservoir de sa sélection, s’était arrêté en mars à cause des bombardements.