Première demi-finale de la CAN, Zambie-Ghana était l'affiche de ce mercredi après-midi. Dans un match agréable où, pour une fois, les équipes avaient décidé de jouer, c'est la Zambie, grâce au troisième but dans la compétition de l'inévitable Mayuka qui ira à Libreville. Pour un de ses meilleurs matches de la compétition, le Ghana s'est paradoxalement fait sortir “à la ghanéenne”. Hervé Renard confirme lui qu'il est un grand alchimiste, qui a transformé le cuivre en or.
Dans une enceinte de Bata (encore!) désespérément dégarnie pour ce Zambie-Ghana, première demi-finale de la CAN 2012, la minute de silence n'avait aucun mal à être respectée. Sous un ciel d'orage, la rencontre débutait tambour ou plutôt djembé battant pour la Zambie, qui prenait les choses en main. Isaac Chansa tentait crânement sa chance des 20 mètres (3e) et obtenait deux corners. Un stade vide, un Ghana en difficulté dans le jeu, des Zambiens à l'assaut de l’Étoile noire… tout cela avait un air de déjà vu.
Première incursion ghanéenne, contact dans la surface entre Homoonde et Gyan… l'arbitre montrait le point de penalty (7e). Pas évident. Mais la force était du côté de Mweene. Celui-ci arrêtait magnifiquement la frappe de Gyan, qui avait décidé de se faire justice lui même. Il manquait de nouveau l'occasion de se montrer décisif comme en 2010, en quart de finale contre l'Uruguay. Ce premier tournant du match allait changer la physionomie de la rencontre. Les Black Stars sortaient alors de leur léthargie, et décidaient de passer à la vitesse lumière. Enfin décidés à jouer, les Ghanéens se mettaient en ordre de bataille.
Avec Gyan en vaisseau amiral, ce dernier était le véritable point d’ancrage des assauts ghanéens. Très précieux dans le jeu en déviation, il s’appuyait sur ses deux Jedi en la personne des frères Ayew. Les deux ailiers occupaient parfaitement les côtés. Dynamiques dans le rôle de remiseurs et de dribbleurs sur les côtés, le danger venait à chaque fois de leurs initiatives (39e, 50e). Ils étaient aussi les premiers perforateurs quand l'ex-attaquant du Stade Rennais les laissaient s'enfoncer dans la surface.
Gyan, souviens-toi l'été dernier
Les défenseurs zambiens étaient alors obligés de sortir les sabres lasers, multipliant les fautes et les cartons (Kasonde 10e, Sunzu 51e, Chansa 70e ). Conséquence directe, la plupart des occasions ghanéennes venaient des coup de pieds arrêtés, leur spécialité, qu'ils effectuaient sans se faire prier. Avec des croiseurs inter-stellaires lourds comme Boye ou Mensah à la réception, les Black Stars dominaient l'espace, sans pour autant concrétiser. Pas à l'aise en défense, les Zambiens montraient une certaine naïveté en début de match, avec une arbitre intransigeant (deux cartons jaunes en 15 min + penalty).
Le pressing haut des Ghanéens les obligeaient à jouer quelquefois contre nature avec de longs ballons pour Chamanga, ce qui renforçait les difficultés d'un équipe qui pliait mais ne rompait pas. Alors qu'ils les utilisaient dans leur canons, les Boulets de Cuivres des Chipolopos ont, cette fois ci, semblé leur coller aux pieds. Malgré un Kalaba toujours aussi juste techniquement et la volonté de jouer vers l'avant, les Zambiens étaient dominés par le pressing haut et la qualité individuelle de leurs adversaires. Ils ne voyaient longtemps pas le jour en deuxième mi-temps. Mais ce soir la force était du côté des Chipolopolos, et “Luke Skywalker” Mayuka mettait son équipe sur orbite, d'une frappe enchaînée qui mystifiait Larsen (76e).
Dans une rencontre (enfin) jouée sur un bon rythme, le Ghana avait décidé de prendre le jeu à son compte. En manque de réalisme, les rôles se sont inversé ce soir et c'est la Zambie, irrésistible, qui l'a emporté en contre attaque. Elle retrouvera le vainqueur de Côte d'Ivoire-Mali en finale.