La CAN 2014 féminine s’est achevée samedi dernier. Finalistes, les Camerounaises n’ont pourtant pas perçu le moindre centime du ministère des Sports. De leur côté, les Zambiennes ont décidé de mener une action coup de poing pour récupérer leurs primes.
Deux poids deux mesures ? Au Cameroun, alors que les Lions Indomptables ont exigé de percevoir chacun plus de 55 millions de francs CFA (environ 84 000 euros environ) avant de s’envoler pour la Coupe du monde au Brésil, leurs homologues féminines n’ont toujours pas reçu le moindre centime de la part du ministère des Sports pour leur qualification à la CAN 2014 (la Fédération leur a accordé 5 millions de francs, soit 7 600 euros environ, à se partager pendant leur stage de préparation). La compétition s’est pourtant achevée samedi en Namibie, avec, “en prime”, une place de finaliste pour les Lionnes, domptées seulement par le Nigeria (0-2).
Entre primes de qualification, primes olympiques (5 000 francs par joueuse et par jour, soit moins de 8 euros), primes de participation, primes pour les trois matches gagnés, primes de podium et primes de qualification pour la Coupe du monde (grâce à la place de finaliste), ce sont pas moins de six types de bonus qui sont dus aux Camerounaises. Sans compter que, la CAN n’ayant pas eu lieu sur des dates FIFA, les joueuses professionnelles n’ont pas été rémunérées par leur club durant la compétition. Elles attendent donc un dédommagement…
“On ne verrait pas ça chez les grands Lions !“
Malgré l’incertitude entourant leur situation, les Lionnes ont fait honneur à leur maillot en réalisant un beau parcours. “Depuis la qualification, nous sommes sans primes. Nous jouons sans savoir ce qu’on va nous donner. Ce n’est pas du tout sérieux. Ce n’est qu’à nous qu’on peut faire ça. Chez les grands Lions on ne peut pas voir ça“, se plaignait, sous couvert d’anonymat, une internationale pendant la compétition à Camfoot.com, dénonçant, “une marginalisation, une injustice et un manque de considération“.
Fédération et Ministère des Sports se renvoient la balle, chacune des instances assurant que c’est l’autre qui est en charge de la question des primes. Déterminées à faire valoir leurs droits, les Lionnes ont boycotté la cérémonie prévue mardi par le ministère en leur honneur et refusent de quitter leur hôtel Mont-Febé, également déçues par le fait que le ministère ne daigne pas même leur envoyer un véhicule pour rejoindre la cérémonie.
Les Zambiennes se mobilisent
La veille, l’instance avait dépêché des émissaires pour apporter en liquide 5,4 millions de francs de primes par joueuse. Une somme refusée par les Camerounaises car jugée dérisoire (à titre de comparaison, les Ivoiriennes devaient recevoir 6 millions de francs si elles les battaient en demi-finale ; pour un seul match donc).
Si la situation reste en l’état, les Lionnes pourraient envisager des actions coup de poing, à l’image de leurs homologues zambiennes. Eliminées dès le premier tour de la compétition sans avoir remporté le moindre victoire, elles ont occupé les locaux de la Fédération pendant trois jours, se plaignant d’avoir perçu seulement 15 dollars (moins de 12 euros) en guise de “dédommagement pour le transport“.
“Si ces gens ont un cœur…“
“Entre stages et compétition, nous avons été éloignées de nos familles pendant sept semaines“, se plaint une joueuse qui a souhaité rester anonyme, à la BBC. “Le foot en Zambie ne doit pas être seulement un sport pour hommes. Il est très dérangeant que le ministre des Sports puisse dire qu’il est seulement chargé de payer l’équipe masculine… Le football est tout pour nous et nous avons des familles à nourrir. Si ces gens ont un cœur, ils devraient nous donner au moins 2 000 dollars (1 570 euros) pour avoir qualifié le pays à la CAN féminine pour la première fois de son histoire“.
Les primes seront payées quand l’argent sera disponible, martèle la Fédération zambienne. Après une CAN disputée loin des projecteurs, le football féminin continental a encore d'autres batailles à mener. Toujours dans l’ombre…
