Malgré les déclarations chocs du président de la CAF, Issa Hayatou, les sanctions qui menacent le Maroc après son refus d’organiser la CAN 2015 aux dates initiales sont limitées sur les plans sportifs et financiers.
Après son refus d’accueillir la CAN 2015 aux dates initiales (17 janvier-8 février), le Maroc a été destitué de la compétition par la CAF mardi dernier et les Lions de l’Atlas ont été disqualifiés du tournoi qui aura finalement lieu en Guinée équatoriale. Le Royaume s’expose à deux types de sanctions.
Les sanctions sportives
Vendredi, Issa Hayatou, le président de la CAF, s’est voulu intransigeant sur les sanctions qui attendent le Maroc. “Souvenez-vous, en 1996, le Nigeria avait boycotté la compétition. Le Président avait refusé que son pays aille en Afrique du Sud“, rappelle le dirigeant. “Pendant quatre ans, ils ont été suspendus. Une sanction prévue par le règlement. Il n’y aura pas deux poids deux mesures“.
Peut-on parler de forfait ?
Mais le cas des Lions de l’Atlas est-il identique à celui des Super Eagles ? Clairement, non. En 1996, en froid avec l’Afrique du Sud et une bonne partie de la communauté internationale, le gouvernement nigérian annonce que la sélection renonce à son ticket pour la CAN organisée au pays des Bafana Bafana, officiellement pour protéger la sécurité des joueurs.
Il s’agit clairement d’un forfait qui plus est annoncé le 1er janvier 1996 alors que la compétition débutait le 13 du même mois. Dans ce cas, l’article 78 du règlement de la CAN prévoit effectivement une exclusion des deux prochaines éditions de la compétition (soit quatre ans).
Dans le cas du Maroc, il ne s’agit pas d’un forfait mais d’une disqualification prononcée par la CAF. Le Royaume n’étant plus le pays organisateur, les Lions de l’Atlas perdent leur ticket offert en tant que pays hôte. Le gouvernement marocain a renoncé à organiser la CAN (aux dates prévues) mais n’a jamais demandé à ce que sa sélection en soit exclue.
Les éliminatoires du Mondial 2018 pas concernés
Qu’on parle de forfait ou de disqualification, celui-ci a de toute façon été prononcé “60 jours ou plus avant le commencement de la compétition” et concerne donc l’article 76 qui ne prévoit qu’une suspension “pour l’édition suivante de la CAN” (soit deux ans).
Enfin, malgré sa suspension de quatre ans, le Nigeria avait pu participer aux éliminatoires de la Coupe du monde 1998 (il s’est d’ailleurs qualifié pour la compétition et a porté les couleurs de l'Afrique jusqu'en huitième de finale) et à la CAN 2000 qu’il co-organisait avec le Ghana. La sanction s’est donc limitée à son exclusion de la CAN 1998. Même dans le pire des scénarios, le Maroc pourrait donc participer aux éliminatoires du Mondial 2018, organisés non pas par la CAF mais par la FIFA.
Les sanctions financières
Outre les “sanctions disciplinaires“, le Maroc s’expose à des pénalités financières, clairement explicitées dans l’article 90 du règlement de la CAN. Celui-ci prévoit 50 000 dollars d’amende pour tout retrait signifié moins de six mois à l’avance ainsi que la “réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés à la CAF et aux participants“. A cet égard, la réattribution de la CAN à la Guinée équatoriale fait les affaires du Maroc. Dans le cas d’une annulation pure et simple de la compétition et du manque à gagner subi par la CAF (sponsor, etc), l’addition aurait pu être bien plus salée.
La ligne de défense du Maroc
Le Royaume n’a pas dit son dernier mot. Il entend souligner qu’il n’a pas renoncé à l’organisation de la CAN 2015 dans l’absolu mais seulement aux dates fixées, qu’Ebola représente un “cas de force majeur” et qu’il a agit pour “garantir la sécurité de ses citoyens“. Reste que la notion de cas de force majeure dépend de l’appréciation de la Commission d’organisation de la CAN (article 89) qui n’a jusqu’à présent pas considéré le virus Ebola comme tel, en se basant sur des rapports de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Afin de limiter l’addition et d’éviter une absence durable sur la scène continentale pour les Lions de l’Atlas et les clubs locaux, le Maroc pourrait se tourner vers le Tribunal Arbitral du Sport et recourir à une juriste française.
En résumé
La CAF va avoir du mal à sanctionner le Maroc pour une durée supérieure à deux ans. Si la participation aux éliminatoires de la CAN 2017 paraît compromise, celle aux qualifications de la Coupe du monde 2018 ne souffre d'aucun doute.
Financièrement, l'amende pourrait se limiter à 50 000 dollars. Et en avançant les arguments évoqués plus haut le Royaume peut espérer alléger les sanctions qui le guettent.