Attendus comme les leaders offensifs de leurs sélections à la CAN 2015, Pierre-Emerick Aubameyang et Jonathan Pitroipa ont déçu, contribuant à la sortie de route prématurée du Gabon et du Burkina Faso. Plus que d'autres, ils incarnent le manque de réalisme fatal à leur équipe.
Meilleur joueur de la CAN 2013, meilleur buteur des éliminatoires de la CAN 2015 avec six réalisations. Au moment de poser le pied en Guinée Equatoriale, Jonathan Pitroipa était attendu, même si beaucoup s’interrogeaient sur l’état de forme de l’attaquant, parti depuis un an et demi monnayer son talent loin des caméras, à Al Jazira, aux Emirats Arabes Unis.
Si l’Etalon est apparu plutôt affûté physiquement, acceptant souvent de décrocher pour prendre les choses en main, si ses accélérations sont toujours aussi foudroyantes et poussent l’adversaire à la faute, force est de constater qu’il n’a plus ce petit grain de folie qui faisait la différence. En attestent les multiples occasions manquées tout au long de la compétition : deux duels perdus contre Didier Ovono face au Gabon (0-2), des contrôles ratés et une prestation très timide contre la Guinée Equatoriale (0-0).
Pitroipa bloqué à zéro
Même s’il a survécu au coup de balai imposé par Paul Put en attaque pour la “finale” contre le Congo (Bertrand Traoré et Aristide Bancé sur le banc ; Préjuce Nakoulma titulaire), Jonathan Pitroipa a encore déçu dimanche. Souvent signalé hors-jeu, l’ancien Rennais n’a pas converti les deux occasions qui se sont présentées à lui dans la surface (6e de la tête, 39e). Et le bon ballon donné à Razack Traoré (38e), sans succès, ne suffit pas à rehausser le bilan de sa CAN très décevante.
Fer de lance de l’attaque du Gabon, Pierre-Emerick Aubameyang avait lui bien débuté la compétition, ouvrant justement le score contre les Etalons (2-0). Les prémices, pensait-on, d’un beau parcours pour les hommes de Jorge Costa avec, peut-être le titre de meilleur buteur pour l’attaquant du Borussia Dortmund. Sauf que depuis, la Panthère n’a plus rugi et a même pris la porte dimanche.
“PEA”, le coup de la panne
“Je suis déçu de ma prestation, je n’ai pas été bon ce soir, il faut le reconnaître“, avait-il la lucidité d’affirmer mercredi dernier, en capitaine exemplaire, après la défaite contre le Congo (0-1). Un match où, malgré quelques bons services, il n’a pas suffisamment pesé sur les débats. Toujours aussi dangereux sur les ailes, où sa vitesse fait des ravages, aussi bien à droite qu’à gauche, où il accepte souvent de s’exiler pour le bien de l’équipe, c’est surtout dans la surface que l’ancien Stéphanois a pêché.
Dimanche, contre la Guinée Equatoriale, il a eu deux balles de but à 0-0. Alors qu’un but aurait idéalement lancé les Panthères vers les quarts de finale, il a totalement raté sa reprise (14e) et a surtout adressé une tête trop molle dans les gants de Felipe Ovono Ovono (20e). Un manque de réalisme payé au prix fort en seconde période (0-2). Après le tir au but raté contre le Mali en quart de finale de la CAN 2012, “PEA” quitte encore la compétition en eau de boudin. Lui qui ambitionne “de devenir un grand comme Eto’o ou Drogba” a encore du chemin à faire. Mais, après tout, à seulement 25 ans, il a encore le temps.