CAN 2023 – Côte d’Ivoire : les organisateurs dans l’impasse ?

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Du 13 janvier au 11 février 2024, la Côte d’Ivoire, accueillera la grand-messe du football africain. La CAN 2023 qui aurait dû être organisée d’abord en 2021, puis en 2023, a finalement été repoussée en début d’année 2024. A quelques mois du début de cet événement, on constate une certaine impasse au niveau des organisateurs. Enquête sur les traces de l’organisation de la CAN 2023…

De notre correspondant à Abidjan,

Dans exactement 262 jours soit 8 mois 18 jours, la Côte d’Ivoire sera sous les feux de rampe. L’Afrique et le monde du football auront les yeux rivés sur Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro, San-Pedro et Korhogo, les 5 villes retenues pour accueillir les matchs de la CAN 2023. Le temps presse et la compétition arrive à grands pas. L’Etat ivoirien a engagé de grands moyens financiers et matériels (on parle de plus de 1000 milliards de francs CFA, soit 1,51 milliard d'euros) pour la réalisation d’infrastructures sportives (les stades de compétition et d’entraînement, les résidences pour accueillir les délégations), d'infrastructures hospitalières, routières, médicales, hôtelières et aéroportuaires. A 8 mois et 18 jours du début de la compétition, seulement 2 des 6 stades sont prêts pour le tournoi (le stade Olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé et le stade de la Paix de Bouaké). Les autres enceintes, comme le stade Amadou Gon Coulibaly de Korhogo, sont à 70% de finition. Reste les stades d’entraînement dont les travaux s'éternisent pour diverses raisons.

A San-Pedro, le stade Laurent Pokou est prêt à 90%. Quelques travaux dans les vestiaires et les tribunes doivent encore être réalisés. Là-bas aussi, les travaux des stades d’entrainement n’avancent pas. A Yamoussoukro, le stade Charles Konan Banny a récemment été fermé pour travaux après avoir accueilli quelques rencontres internationales (éliminatoires de la CAN 2023 et les matches de poules de la l'ASEC en Coupe de la Confédération). Malgré cette latence dans les travaux, le président ivoirien Alassane Ouattara a tenu à rassurer tous les acteurs sportifs au cours d’un discours sur l’état de la nation mardi 25 avril devant les deux chambres du parlement ivoirien en ces termes : « Toutes les infrastructures seront prêtes et livrées à temps et aux normes de la CAF et de la FIFA ».

Charles Dago – “je ne sais plus si on va organiser la CAN”

Cependant, certains sportifs et anciens joueurs ne semblent pas du tout rassurés. C’est le cas de l’ex-international ivoirien Charles Dago qui s’est confié à Afrik-Foot.com. « Personnellement, je ne sais plus si on va organiser la CAN. Si les travaux des stades avancent doucement, ce n’est pas le cas des autres infrastructures tels que les stades d’entraînement. Ce qui m’étonne le plus c’est le manque de communication autour de la CAN. On ne sent rien dans les villes. Pas d’affiches ni même une banderole pour annoncer la CAN. Cette compétition n’appartient pas seulement à la FIF et au COCAN. C’est l’affaire de tous les Ivoiriens. De la ménagère au ministre des Sports en passant par les opérateurs économiques, le vendeur ambulant et autres. Aujourd’hui, quand vous arrivez en Côte d’Ivoire, vous ne voyez rien qui montre que ce pays organisera la plus prestigieuse des compétitions de football. De l’aéroport aux confins des communes les plus reculées, on ne sent rien du tout. Je ne sais pas pourquoi ce mutisme ? »

Le COCAN répond aux critiques

Répondant à la préoccupation de Charles Dago, un des responsables du COCAN, qui a voulu garder l’anonymat, affirme : « Notre plan de communication est en deux volets. Nous avons terminé le 1er volet avec le match contre les Comores (comptant de la 3ème journée des éliminatoires de la CAN) où nous avons testé notre appareil d’organisation avec le système de billetterie, la communication, les volontaires, les stadiers, bref tout a été mis en branle pour voir notre capacité en temps réel et je pense que ça été un test réussi en dépit de quelques ratés. La seconde phase de la communication débute en juin par une communication accrue avec le branding, les affichages, les plateaux télé, les fims institutionnels et autres actions médias. C’est donc un plan bien cordonné et nous l’appliquons à la lettre ».

Entre le COCAN et la FIF, c'est froid…

Du côté des artistes, comme les chanteurs, la préoccupation est toute autre. Pourquoi les organisateurs n’ont pas choisi un artiste ivoirien comme lead vocal pour la composition de l’hymne de la CAN ? Selon certaines informations, c’est l’artiste congolais Fally Ipupa accompagné de quelques chanteurs africains et ivoiriens qui seraient en train de composer le tube qui va rythmer les ambiances dans les stades et les points chauds des villes ivoiriennes. Comme on le voit, il y a du rififi dans l’air pendant que l’état d’avancement des travaux piétine…

Quant aux rapports COCAN-FIF, ils sont exécrables. La CAF, propriétaire de la compétition, serait à la base de cette « guerre froide ». En effet, sur les 13 commissions du comité d’organisation, la CAF a retenu 8 commissions dont 5 sont revenues à la FIF sur recommandation de sa faitière et 3 seulement au COCAN. Une situation qui a fait grincer les dents au sein du comité d’organisation. « Les gens se regardent en chiens de faïences, cela alourdit l’administration et l’exécution de certaines tâches », nous a confié un employé du COCAN. Au vu de cette ambiance pesante, il est important de se demander si la Côte d’Ivoire respectera les délais de livraison des infrastructures avant le début de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 ?

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Marika Sawann