Historiquement mauvaise élève dans les catégories de jeunes, l’Algérie a surpris tout son monde en se qualifiant pour la finale de la CAN des moins de 23 ans. Opposés au Nigeria ce samedi sur la dernière marche, les Fennecs ne sont plus qu’à 90 minutes de l’exploit. Une prouesse que personne n’a vu venir.
“Nous avons réalisé l'essentiel en décrochant un billet pour les Jeux Olympiques après 36 ans d'absence de cet évènement planétaire. La finale sera ainsi la cerise sur le gâteau, mais que tout le monde soit rassuré, nous allons jouer ce rendez-vous à 200% de nos moyens. C'est dire que notre ambition est grande pour remporter le trophée“. A quelques heures de la finale de la CAN des moins de 23 ans contre le Nigeria ce samedi (19H GMT) au stade Léopold Sedar Senghor de Dakar, le défenseur algérien Ayoub Abdellaoui ne manque pas d’ambition.
Et pourtant. Retrouver l’Algérie à ce stade de la compétition est une sacrée surprise. Traditionnel maillon faible du foot africain dans les catégories de jeunes, les Fennecs comptent pour seuls faits de gloire une CAN U20 d’un autre temps (1979) et une place de finaliste de la CAN U17 en 2009.
“Personne ne croyait en nous“
Au coup d’envoi de la compétition, personne ne donnait cher de la peau des hommes de Pierre-André Schürmann, auteurs d’une campagne de préparation décevante et placés dans le “groupe de la mort” avec le Nigeria (0-0 en phase de groupes), l’Egypte et le Mali. “Il y a de cela quatre semaines, on ne croyait pas en nous. Mais nous avions réservé notre réponse au terrain, chose faite aujourd'hui“, savourait d’ailleurs le technicien suisse à l’issue du succès contre l’Afrique du Sud en demi-finale (2-0).
Privés des “Européens”, Ramy Bensebaïni (Montpellier) et Rachid Aït Athmane (Gijon), les Verts ont su se serrer les coudes et monter en puissance tout au long du tournoi. “On est finalement rentré dans la compétition petit à petit. J'ai dit bravo à tout le monde parce que j'ai vu un groupe solidaire. Le plus important pour nous c'était de rester en bloc, bien défendre et profiter des opportunités. Quand on ne prend pas de buts, on peut marquer à n'importe quel moment et gagner. L'appétit est venu en mangeant, les joueurs ont commencé à prendre confiance et maintenant penser à l'exploit“, résume le sélectionneur adjoint, Abdelhafid Tasfaout.
Le club des cinq
Ironie du sort, c’est sur des bases chaotiques que l’actuel succès des Fennecs s’est construit. Des 21 joueurs présents au Sénégal, cinq étaient déjà là en 2013, lors du retentissant fiasco de la CAN U20 disputée à domicile*. L’Algérie avait terminé dernière de son groupe avec un seul point au compteur et sans le moindre but marqué. Une terrible désillusion qui avait incité la Fédération à mettre en sommeil la sélection U20 pendant deux ans. Une mesure à peu près similaire avait été prise à l’issue de l’élimination au premier tour de la CAN U23 en 2011. Quatre ans plus tard, un sacre face au Nigeria, cador des compétitions de jeunes, constituerait un sacré pied de nez adressé au destin.
* Ayoub Abdellaoui, Mohamed Benkhemassa, Zineddine Ferhat (USM Alger), Redouane Chérifi (USM Bel Abbès) et Zakarya Haddouche (ES Sétif). Djamel Belalam et Mohamed Benkablia (ASM Oran) auraient également dû être de la partie mais ils ont déclaré forfait.