Alors que le président de la Fédération centrafricaine de football a adressé une requête auprès de la CAF pour invalider le résultat du match retour des éliminatoires de la CAN 2013 entre le Burkina Faso et la Centrafrique, le manager de la sélection des Fauves, Willy Kongo, est revenu en exclusivité pour Afrik-Foot sur ce match retour face aux Etalons.
Afrik-Foot : Mr Kongo, pour commencer, pouvez-vous expliquer votre rôle de manager au sein de la sélection ?
Ce rôle de manager consiste, dans un premier temps, à coordonner tout ce qui se passe au niveau de l'Europe. Les relations entre moi, les joueurs et les clubs, organiser les déplacements pour les regroupements et sur place lorsqu'on est avant les matchs tout coordonner. En fait c'est essentiellement de l'organisation et de la coordination. En plus c'est de détecter et observer les joueurs centrafricains qui sont en Europe. Comme je suis basé en Europe, tout les week-ends, quand je le peux, je vais voir jouer certains et je me procure des vidéos pour regarder les jeunes aussi qui vont éclore.
Maintenant, par rapport à ce match retour face au Burkina Faso, que reprochez-vous exactement à votre adversaire et à l'arbitre ?
On ne reproche rien au Burkina Faso. On fait des reproches à l'arbitre du match qui a très mal arbitré cette rencontre. Il faut avoir vu le match pour se faire une vraie idée avec les fautes, les hors-jeu et le penalty. Pour nous, il y a eu un penalty donné, il laisse 5 minutes de temps additionnel en première période. Après, il en met à nouveau 5 en seconde période, alors qu'il n'y a pas eu de réels arrêts de jeu. Le pire a été en 2e période car il l'a laissé traîner le match jusqu'à ce que le Burkina Faso marque, car il leur fallait un 3e but pour se qualifier. Dès que le Burkina Faso a marqué, il y a eu un simulacre de reprise de match. Il a laissé jouer quelques secondes et après il a sifflé la fin du match. Nous, l'impression qu'on a eu c'était qu'il voulait faire gagner le Burkina Faso. C'était flagrant et gros comme une maison même les journalistes burkinabés ont été d'accord sur ce point.
Votre président a écrit une lettre pour demander l'annulation du 3e but du Burkina Faso. Pourquoi cette démarche alors que la CAF a validé les résultats et que le tirage au sort se déroulera le mercredi 24 octobre ?
La démarche a été faite le lendemain du match. La lettre a été transmise à la CAF lundi 15 octobre et donc on est dans l'attente d'explications. Le but premier est d'obtenir gain de cause parce que ce n'est pas normal d'obtenir ce genre d'arbitre et d'arbitrage. Un arbitre peut faire des erreurs, mais quand on regarde le match, ce ne sont pas des erreurs, tout a été fait sciemment, un penalty, laisser beaucoup de temps additionnel, ne pas siffler des fautes sur nos attaquants. Donc, l'arbitre a tout fait pour que le Burkina Faso passe et soit qualifié.
Qu'attendez-vous de la CAF à la suite de vos nombreuses réclamations sur cette rencontre?
On espère une réaction de la CAF par rapport à tous les faits signalés. Après, si jamais elle n'invalide pas le but, au moins qu'il y ait une commission liée à l'arbitrage qui regarde le match et qui se penche sérieusement sur l'arbitrage de Monsieur Al Ahrach. Parce que c'est aussi pour ne plus que ce genre de choses arrive qu'on fait cette réclamation. C'était un match décisif et ce n'est pas normal que ça puisse basculer comme ça à la 97e minute sur du favoritisme d'arbitre. Alors que nous, on a mené toute une campagne derrière pour se faire éliminer de la sorte, je trouve que c'est triste. Je trouve que ça donne une mauvaise image du football en général et surtout du football africain.
Pour vous, l'arbitrage en Afrique va mal ?
Le pire c'est que ça devient presque normal parce qu'on explique ça aux gens. Les gens te disent “oui c'est l'Afrique“. Ces genres de réponses, je ne les aime pas. J'espère qu'il n'y aura plus ce genre de réponses où les gens vont trouver normale qu'en Afrique, il y ait ce genre de magouilles, de tricheries et de mauvais arbitrage. “Oui c'est l'Afrique“, pour moi, ce n'est pas une bonne réponse. Une bonne réponse, c'est “l'arbitre il a triché et donc on va le sanctionner“. Mais là ce ne sont pas des erreurs, on avait l'impression que c'était programmé et pour justifier ses décisions, il donne des cartons.
Vous voulez que la CAF vous fournisse des éléments concrets sur les faits de cet arbitre (Monsieur Al Ahrach) durant cette rencontre ?
Nous ce qu'on espère c'est que derrière il y ait une enquête pour savoir pourquoi il tenait absolument à faire qualifier le Burkina Faso, à faire prolonger la première et seconde période pour que le Burkina Faso gagne et aussi qu'on se penche sur cet arbitre. Est-ce que c'est la première fois ? Et même si c'est la première fois, et si réellement il y a eu tricheries ou très mauvais arbitrage qu'il soit sanctionner et on ne veut plus voir ce genre d'arbitre. Et c'est aussi pour faire peur aux autres arbitres et aux fédérations qui viendraient soudoyer les arbitres ou bien les arbitres qui se laisseraient corrompre, pour ne plus que ça arrive. Ce qu'on veut voir c'est du football et en finir avec la tricherie.
Vous croyez encore à une qualification de la République de Centrafrique pour la CAN 2013 ?
J'espère que la CAF va revenir là-dessus, va regarder le match et va faire quelque chose. Si jamais, la CAF ne fait rien par rapport à notre qualification, ce serait bien qu'elle fasse un geste fort pour éviter ce genre de comportement.
Après avoir fait un bon parcours lors des éliminatoires de la CAN 2013, vous êtes bien placés pour ceux du Mondial 2014. Vous pensez à la qualification ?
Pour nous, c'est notre 2e objectif car le premier était de se qualifier pour une première fois à une phase finale de Coupe d'Afrique. On avait pour le 2e tour tiré un gros morceau qui était l'Egypte qu'on a réussi à passer en les battant chez eux. Malheureusement, on a pas passé le Burkina, pour l'instant. Maintenant l’objectif ça va être d'aller en Coupe du monde comme tout le monde. On croit en nos qualités et on a bien commencé en battant le Botswana (2-0), on est allé se faire surprendre par une belle équipe d’Ethiopie (2-0) qui d'ailleurs s'est qualifiée pour la CAN 2013. Cette compétition aurait été une très bonne préparation pour les éliminatoires de la Coupe du monde au mois de mars si on était qualifié. On va aller confiant pour au moins finir 1er de ce groupe parce que le calendrier reste assez bon pour nous. On va recevoir l'Ethopie et l'Afrique du Sud et on va se déplacer deux fois aussi. On va mettre toutes nos chances de notre côté.
Votre sélection semble rivaliser avec les meilleures nations africaines depuis quelques temps, comment expliquez-vous cette progression ?
Tout est parti du président de la Fédération qui est arrivé en poste en 2008. Il est venu avec une nouvelle politique. On a fait appel à des professionnels, aux joueurs qui jouent en Europe. C'est là que moi j'interviens. Il m'a contacté. J'ai fait un énorme boulot pour réussir à convaincre les joueurs d'aller jouer pour l'équipe nationale. J'ai fait un énorme travail pour aller dénicher les joueurs qui sont tel ou tel centrafricain. Ce n'est pas évident. Heureusement que j'étais dans le milieu du football, j'avais déjà des bases et des contacts. On a contacté pas mal de joueurs. Beaucoup sont venus, certains ne sont pas venus parce qu'ils ont par exemple préféré jouer en équipe de France comme Mapou Yanga-Mbiwa.
Quels sont les objectifs pour les Fauves dans les années à venir ?
Tout d'abord terminer premier du groupe, puis passer aller à la Coupe du monde. Aussi, se maintenir le plus haut possible parce qu'on est 9e pays africain au classement FIFA et 49e mondial. Il faut rester le plus haut possible au classement FIFA pour avoir la poule la plus abordable possible pour pouvoir se qualifier à la CAN 2015 au Maroc.