Christopher Katongo: “Saisir notre chance”

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Disponble et souriant, Christopher Katongo, le capitaine de l'équipe surprise de la CAN 2012, s'est longuement livré en conférence de presse à quelques encablures du coup d'envoi de la finale qui oppose la Zambie à la Côte d'Ivoire.


(de notre envoyé spécial à Libreville)

Afrik-Foot: Christopher, vous voilà en finale. Qu'est-ce qui a changé par rapport à 2010 où vous aviez échoué en quarts?

Christopher Katongo: Je pense que rien n'a changé. L'état d'esprit de l'équipe est le même. Mais, cette fois, nous sommes en finale. Dans notre coeur, nous savions que nous n'étions pas des outsiders: il y a pas mal de joueurs dans cette sélection qui ont joué deux ou trois CAN. L'état d'esprit est le même mais on a plus d'expérience maintenant. En plus, tactiquement, le coach sait ce qu'il veut. On fait le maximum pour ramener cette Coupe.

Avez-vous eu des échos du pays?

Tout le monde est heureux de nos performances. Tout le monde était dehors en train de célébrer. On était tristes quand on a appris qu'il y avait eu des morts. Mais tout le monde est excité et on a hâte de jouer cette finale. Et de la remporter.

Vous avez allé sur la plage à Libreville, à l'endroit où l'avion transportant la sélection en 1993 s'était écrasé.

C'était très émouvant. En 1993, la Zambie a perdu une grande partie de son équipe nationale. Nous savons que nous jouons pour eux, surtout à l'Independance Stadium de Lusaka. On sent les fans qui poussent derrière nous. Ce drame est toujours frais dans nos têtes. J'étais un gamin, à l'époque. J'avais une dizaine d'années. Je me souviens que tout le pays était silencieux, tout le monde écoutait l'annonce de la mort de nos gars. On s'attendait à ce qu'ils reviennent mais ce sont des cercueils qui les ont remplacés… On rêve de reprendre là où ces joueurs se sont arrêtés.

Kalusha Bwalya est le dernier zambien à avoir été élu meilleur joueur d'une CAN. Est-ce un objectif de lui succéder?

Sur ce genre de trophées, tout dépend des individualités. Si c'est un Zambien, c'est fantastique pour nous. Je serais heureux. Personnellement, ce serait un honneur. En tant que capitaine, on veut toujours faire des résultats et rester dans l'histoire: imaginer que je peux inscrire mon nom dans les livres en emmenant mon équipe nationale en finale de la CAN et ramener le trophée à mon peuple… Un jour, peut-être que des joueurs comme Pelé ou Zidane pourront trouver mon nom dans les livres d'histoire…

Justement, vous voilà en finale, face à la Côte d'Ivoire. On ne vous attendait pas à pareille fête.

J'en discutais avec le coach, avant la demi-finale face au Ghana. On a besoin de jouer contre des grands noms parce que les gens ne nous connaissent pas. Tout le monde connaît la Côte d'Ivoire. Vous pouvez nommer le onze de départ, les remplaçants… Personne ne nous connaît. Mais je dis toujours que pour être au top, il faut battre ceux qui sont déjà au top. Là, nous voilà face à un géant. J'aime ces moments. C'est notre moment. C'est notre chance de briller pour arriver tout en haut. On l'a fait contre le Ghana alors que personne ne nous attendait. On va tout faire pour rendre la Zambie heureuse.

Hervé Renard risque d'être très demandé après cette belle CAN.

J'ai une excellente relation avec le coach. On parlait beaucoup en Angola. J'étais très heureux lorsque j'ai appris qu'il revenait chez nous. J'espère qu'on va le garder cette fois mais ce n'est pas mon boulot. Moi, je suis un footballeur. C'est à lui et la Fédération de discuter et de décider.

Comment est-il?

C'est un entraîneur qui connaît ses joueurs. Il est très ouvert. Il fait attention à tout le monde. C'est un passionné qui sait comment nous motiver. Il veut toujours être meilleur. Pas deuxième, le numéro un. En plus, il prend souvent conseil auprès des joueurs, il écoute et il en tient compte. C'est agréable pour nous.

Quelles sont les clés de la réussite de la Zambie?

Il y en a tellement. Pour moi, la principale cause de notre réussite, c'est notre esprit d'équipe, cette cohésion. On a parlé avec les gars avant le tournoi et on a évoqué l'Egypte qui a remporté trois CAN consécutives. Tout le monde parle du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, qui sont allés au Mondial mais le champion d'Afrique, c'est l'Egypte. Une équipe où il n'y a pas vraiment de grands noms. Ils n'ont pas de joueurs de Chelsea ou de Manchester United mais ils travaillent en équipe. Et c'est ça le plus important.

Vous y croyez vraiment?

Mais si je n'y croyais pas, je ne serais pas venu! Et je n'aurais pas dit ce que j'ai dit… En tant que capitaine, je veux toujours réaliser de grandes choses. En quittant Lusaka, j'ai dit qu'on allait prendre les choses comme elles viennent. L'objectif initial, c'était de passer le premier tour puis les quarts, puis les demies… Maintenant, nous sommes en finale. Mais nous ne nous prenons pas la tête. Remporter la CAN, c'est le rêve de tous les joueurs africains, pas uniquement des Zambiens.

C'est tout de même une surprise de vous retrouver en finale.

Pourquoi une surprise? A la CAN, il y a toujours des surprises. Mais nous sommes en finale, nous sommes donc parmi les meilleures équipes d'Afrique. Nous avons là la chance d'être LA meilleure. La Côte d'Ivoire aussi a cette chance. Nous voulons la saisir.

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Nicholas Mc Anally