Chronologie de l’assassinat de Yessoufou « Campos » Samiou

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Les rumeurs les plus folles ont couru concernant le mobile de l'assassinat, dans la nuit du 16 au 17 janvier derniers, de Yessoufou « Campos » Samiou. Au final, les sources policières annoncent que le gardien de but de l'équipe nationale de football junior du Bénin a été tué pour les portables qu'il portait sur lui la nuit du drame. Plusieurs arrestations ont eu le lieu dans le cadre de cette affaire. Notre correspondant au Bénin a pu retracer le fil des événements.


Avec notre correspondant au Bénin Wilfrid Ndong

Les forces de polices verrouillent toutes informations pour les besoins de l'enquête. C'est la réponse que donnent la majorité des personnes en charge de l'enquête de l'assassinat de Yessoufou « Campos » Samiou, dans la nuit du 16 au 17 janvier derniers à Cotonou (Bénin). Défaisant les rumeurs qui couraient dans le pays après le décès du gardien de but de l'équipe nationale béninoise de football junior, des sources policières indiquent que le vol était le mobile de l'agression fatale. Plusieurs arrestations ont d'ailleurs eu lieu dans le cadre de cette affaire.

Au lendemain de son décès, de nombreuses thèses ont circulé sur la mort du gardien de but de l'équipe nationale béninoise de football junior. Interviewé par l'Agence Télégraphique Suisse, une agence suisse d'information, Suleiman Habuba, un porte-parole de la Confédération africaine de football (Caf), avait expliqué que c'était un « fan non-identifié » qui avait ôté la vie à « Campos ». Peut-être pour « punir » la lourde défaite des joueurs béninois face à leurs homologues nigérians (3-0) à l'ouverture de la 14e Coupe d'Afrique des nations junior, le 15 janvier dernier. Explication mystique, « certains pensaient qu'il avait été sacrifié pour que les joueurs remportent leur prochain match. Une thèse qui est née après la victoire par 4 buts à 1 des Ecureuils junior face aux Eléphanteaux de Côte d'Ivoire, ce qui ne c'était jamais vu », rapporte Wilfrid Ndong, notre correspondant au Bénin. L'incertitude régnait aussi sur le nombre d'agresseurs. D'aucuns évoquaient l'implication de plusieurs personnes, alors que d'autres pensaient qu'une seule avait commis cet acte.

Agressé par des voyous sous l'emprise du cannabis

Au final, la police laisse filtrer que le footballeur de 19 ans est mort agressé par une bande de jeunes qui voulaient lui soutirer ses téléphones portables. Notre correspondant a pu retracer le déroulement des faits avec le concours d'une source du Raid, le service chargé de mener les investigations dans cette affaire et qui, plus généralement, lutte contre le grand banditisme dans le pays :

Samedi 15 janvier

 12h 30 : ouverture par le chef de l'Etat béninois, en présence du président de la Caf de la 14e Coupe d'Afrique junior de football.

 16h : les Ecureuils du Bénin affrontent leurs homologues du Nigeria. Score final 3-0 en faveur de l'équipe visiteuse, qui a littéralement surpassé l'équipe béninoise.

Dimanche 16 janvier

 20h15 : après la débâcle des Béninois, une réunion technique, organisée par le staff béninois, a lieu dans l'une des salles de conférence de l'hôtel Eldorado, où est logée la délégation béninoise. L'objectif est de cerner les tenants et aboutissements de cette défaite humiliante.

 21h05 : les joueurs regagnent leurs chambres respectives. C'est le cas de Yessoufou « Campos », qui a pour voisin de chambre Seidath Tchomogo, l'un des frères cadet de la star béninoise de foot Omar Tchomogo, sociétaire du club de deuxième division française d'Amiens.

 21h30 : Yessoufou « Campos » reçoit un appel téléphonique sur l'un de ses téléphones portables. Au bout de la ligne, une de ses connaissances qui lui donne rendez-vous aux abords de la plage pour discuter.

 Trois minutes plus tard : il déclare à son voisin de chambre qu'il s'absente juste pour cinq minutes, sans plus de précisions.

 21h 35 : « Campos » emprunte une porte dérobée de l'hôtel Eldorado pour se retrouver au lieu dit de son rendez-vous.

 Aux environs de 21h 45, il arrive sur le lieu du rendez-vous. La place se situe à 50 m de l'hôtel. Il fait une obscurité totale dans le périmètre, faute d'éclairage.

 22h 10 : il retrouve son amie camerounaise dans une paillote de la plage pour discuter. « Campos » portait sur lui deux téléphones portables autour de son cou.

 Vers 22h 35, ils sont surpris par une bande de voyous venus fumer du cannabis. Ils abordent « Campos » et lui intiment l'ordre de donner ses deux portables. Il refuse et la bagarre éclate. « Campos » prend le dessus sur l'un d'eux, les autres voyous viennent alors à la rescousse de leur ami et assomment « Campos » avec des parpaings et lui lardent le visage et l'abdomen à l'arme blanche, avant que de prendre la fuite.

 Sa compagne donne l'alerte aux vigiles en faction devant l'hôtel, avant de prendre la fuite à son tour.

 Dix minutes plus tard, une équipe de l'hôtel et quelques joueurs accourent sur les lieux et retrouvent « Campos » baignant dans son sang. Ce dernier avait tenté de ramper sur quelques mètres, mais en vain. Il sera transporté à la clinique la plus proche de l'hôtel, la clinique Boni, qui, voyant son cas désespéré, le transfère au Centre national hospitalier et universitaire de Cotonou, où il rendra l'âme des suites de ses blessures.

Plusieurs arrestations

Les jours qui suivent, le pays est en émoi et les enquêteurs sont à pied d'œuvre. « Elle ratisse toute la lisière de la plage Akpakpa (quartier de Cotonou) et finalement, le mardi 18 janvier, les langues se délient parmi les habitants du quartier. Ils citent nommément l'ensemble des voyous qui écument cette plage », raconte notre correspondant. Le lendemain, un des malfrats, un repris de justice d'une trentaine d'années, est appréhendé. « Il portait sur lui les deux téléphones portables de Yessoufou ‘Campos', qu'il cherchait à écouler sur le marché. Les policiers ont fait pression sur lui et il a fini par raconter la rixe ayant entraîné la mort de ‘Campos' et a dénoncé ses complices, au nombre de deux », poursuit-il.

Une source policière jointe, ce lundi, par Afrik-Foot.com explique que « d'autres arrestations ont eu lieu », mais s'est refusée à donner leur nombre et leur identité. Mais notre correspondant assure que les deux complices ont été appréhendés au cours des dernières 48 heures. L'amie camerounaise de Yessoufou « Campos » Samiou n'aurait toujours pas été retrouvée. Elle se cacherait par peur des représailles et parce que ses papiers ne seraient pas en règle. Des questions restent en suspend. Et notamment, pourquoi la jeune femme n'a pas été inquiétée, alors qu'elle a vu les agresseurs et pouvait donc les dénoncer.

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Habibou Bangré