Battu 2-0 par le Cap Vert, le Kenya a été éliminé de la course à la qualification au Mondial 2018, mardi. La faute au rectangle vert mais pas seulement. Prisonniers du conflit opposant leur Fédération au ministère des Sports, les Harambee Stars sont arrivés à Praia moins de trois heures avant le coup d’envoi au terme de quinze heures de vol !
L’art de se saborder. Auteur d’un petit exploit lors du 2e tour aller des qualifications au Mondial 2018 en battant le Cap Vert (1-0), le Kenya a été renversé 2-0 lors du match retour mardi à Praia. Une défaite synonyme d’élimination pour les coéquipiers de Victor Wanyama qui voient leurs rêves de Russie voler en éclats. Ce revers laissera surtout un goût amer dans la bouche des Harambee Stars. Alors qu’ils devaient initialement s’envoler pour Praia dès samedi, ils n’ont embarqué que… lundi, avec dix nouvelles heures de retard. Au terme d’un voyage harassant de quinze heures qui les aura vu transiter par Kampala (Ouganda), Kano (Nigeria) et Dakar (Sénégal), les Kenyans ont rallié la capitale insulaire mardi, jour du match, moins de trois heures avant le coup d’envoi !
Improbable à l'approche d'une échéance capitale, cette situation ubuesque est la conséquence du bras de fer que se sont livrés la Fédération kényane (FKF) et le ministère des Sports ces derniers jours. Mardi, pendant que les joueurs ralliaient péniblement le Cap Vert, Sam Nyamweya, le président de la FKF, a été interrogé pendant huit heures par la police. Les enquêteurs tentaient de comprendre pourquoi le départ de la sélection a été retardé alors que le gouvernement indique avoir débloqué à temps l’enveloppe prévue pour le voyage. “Nous n’avons reçu l’argent que lundi matin (veille du match, ndlr) et c’est pourquoi nous n’avons pas pu payer les frais avant“, s’est défendu le dirigeant dans des propos rapportés par le Standard.
Des joueurs à bout
Du côté du ministère des Sports, on s’interroge sur l’attitude de la Fédération. “Lundi, quand je suis arrivé à mon bureau, je l’ai trouvé (Nyamweya, ndlr) en train de m’attendre avec un représentant de de Skyward Express, la société propriétaire de l’avion qui était censée les mener au Cap Vert“, raconte Richard Ekai, le secrétaire principal du ministère des Sports, au Standard. “En plus des 17,2 millions de shilling (environ 158 000 euros) débloqués, ils voulaient une rallonge de 9,2 millions de shilling (environ 84 000 euros) bien qu’elle ne soit pas dans notre budget (…) Finalement, nous avons dû trouver l’argent et payer“, déplore le dirigeant, qui doit lui aussi être entendu par les enquêteurs.
Dans ce contexte, l’aspect sportif se trouve souvent relégué au second plan. Samedi dernier, les joueurs ont d’ailleurs boycotté l’entraînement pour protester contre les primes non versées. Capitaine des Harambee Stars, Victor Wanyama s’en était expliqué sur le site de la CAF avant même les péripéties pour rejoindre le Cap Vert. “Une fois encore, la Fédération n’est pas parvenue à envoyer les billets d’avion aux joueurs expatriés. Et elle ne nous les a toujours pas remboursés. Nous avons des problèmes de préparation à chaque fois“, soulignait-t-il, pointant aussi du doigt l’absence de matches amicaux. Autant de défaillances qui expliquent que, malgré un potentiel indéniable, le Kenya végète au 125e rang du classement FIFA.