Jacques Anouma, ancien président de la Fédération ivoirienne de football (FIF) serait la cause de l’inimitié qui existe entre son successeur Sidy Diallo et le désormais ex ministre des Sports Alain Lobognon. L'affaire des primes serait l'aboutissement de cette guéguerre entre les deux personnalités.
De notre correspondant à Abidjan
“L’ami de mon ennemi est mon ennemi.‘ Ce vieil adage dont se servent les élèves comme astuce pour résoudre des calculs arithmétiques prend tout son sens dans le monde du sport ivoirien. Pour le moins, si l’on en croit les révélations troublantes faites par le conseiller technique et ami du tout récent ancien ministre de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Fernand Dédeh.
Dans une si longue lettre, teintée de témoignages, d’hommages et de reconnaissance à son employeur, l’ancien journaliste sportif de la télévision ivoirienne (RTI) a levé un coin de voile sur les relations conflictuelles qui règnent entre Alain Lobognon et Sidy Diallo. Cette guéguerre, selon ses écrits, est née du soutien de l’ancien ministre des sports à la candidature de Jacques Anouma à la présidence de la CAF.
“Le Sport ivoirien est en pleine léthargie au moment où tu (Alain Lobognon, ndlr) en prends les rênes. Tu tombes sur des dossiers fumants. Comme cette candidature de Jacques Anouma à la présidence de la CAF. Jacques Anouma et Sidy Diallo ne se parlent plus ou presque. Le chef de l’Etat a donné sa caution à la candidature de Jacques Anouma. Mais Sidy Diallo traîne les pas. Tu t’engages à faire aboutir la recommandation du président Ouattara. Sidy Diallo y voit une prise de position en faveur de son frère-ennemi. Il ne te le pardonne pas. Voilà, une des causes de tes brouilles avec le président de la Fédération ivoirienne de football“, révèle-t-il.
Ce crime de lèse majesté, poursuit-il, ne reste pas impuni, car le patron du football ivoirien livrera par la suite une guerre froide au ministre. “Tous les chantiers que tu mets en route sont ainsi boycottés par la FIF ou presque. Beaucoup sont convaincus que tu travailles sous la dictée de Jacques Anouma“, fait-il savoir. Selon lui, l’instance fédérale est persuadée que si le ministre est au parfum de certaines choses transpirant de ses relations avec la FIFA, cela ne peut que venir d’un membre du comité exécutif de la FIFA ou de la FIF. “Le membre ainsi indexé est Jacques Anouma“, affirme-t-il.
“Le ministre victime de transparence“
Ces allégations, le conseiller technique les dément formellement. Et pour cause, Alain Lobognon dont la volonté était de “sortir le sport ivoirien de l’amateurisme“, passait “plus de temps à fouiner, à décrypter, à comparer les différents textes régissant le sport dans le monde qu’en boîte de nuit.” Sortir le football ivoirien de l’amateurisme revenait de prime abord à jouer la carte de la transparence qui s’est avérée épineuse. “Je t’expliquais que toutes les ruptures ont leurs venins. Mais tu t’en es aperçu, les fédérations sportives considèrent comme un droit acquis, le financement de leurs compétitions internationales par l’Etat. Elles sont toutes des sociétés d’Etat renflouées par l’argent public. Souvent sans résultats et sans compte-rendu“, fait-il remarquer.
Ironie du sort, c’est à la suite d'une affaire de détournement de primes des joueurs de l’équipe nationale que Lobognon est démis de ses fonctions. Justement, tout le sens de cette lettre est là. Pour Fernand Dédeh, l’on peut accuser son ami de tout, sauf de vol. “Alain, pour t’avoir côtoyé, je puis te dire, tu aimes profondément ton pays. Tu es ou tu fus un rebelle, c’est sûr. Tu es caractériel. Mais tu n’es pas un voleur de la République. Mais tu as voué ta vie à la transparence. Tu es aujourd’hui, victime de la transparence“, signifie-t-il avant de conclure : “Ils sont nombreux, tes amis, mes amis, nos amis communs qui me disaient chaque fois : ‘Alain va sortir zéro dans cette affaire. Il veut montrer quoi ? Tous les autres se servent. De quelle transparence, de quelle probité parle-t-il ?'.“