Pas vraiment favorite après des éliminatoires difficiles, la Côte d’Ivoire a su déjouer beaucoup de pronostics pour atteindre la finale de la CAN 2015 où elle affronte le Ghana dimanche. Le fruit notamment des choix gagnants d’Hervé Renard en termes de joueurs et de schéma de jeu.
19 novembre 2014, stade Houphouët-Boigny d’Abidjan. Refroidie par une action dangereuse de Vincent Aboubakar, la Côte d’Ivoire termine les dernières minutes de son match éliminatoire contre le Cameroun (0-0) par une passe à dix pour assurer le point nécessaire à sa qualification pour la CAN 2015. Sous les huées de son propre public. Peu de monde aurait alors parié sur la présence de cette équipe en finale de la CAN 2015, ce dimanche 8 février.
“Quand vous êtes coach, vous n’êtes pas un magicien. J’avais dix jours en septembre avec deux matches“, rappelait récemment Hervé Renard, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, pour expliquer les difficultés initiales de ses troupes. “Pendant cette CAN, c’est la première fois que j’ai le temps de préparer, de mettre mes idées en place, de parler, de préparer psychologiquement des joueurs.”
Et ça marche. Car, même s’il souligne qu’il a “la chance d’être entraîneur en Côte d’Ivoire où, même s'il y a un travail de reconstruction, on a des joueurs comme Gervinho, Bony, Yaya Touré“, le technicien français y est pour beaucoup dans le très bon parcours des Eléphants.
Les surprises Bailly et Kanon
Sa première victoire, il l’a d’abord obtenue en réussissant son casting des 23. En défense notamment. Un secteur qu’il a quasiment rebâti de zéro en janvier en allant chercher les novices Wilfried Kanon et Eric Bailly, illustres inconnus, en redonnant sa chance à Siaka Tiéné et surtout en confiant les clés de la défense à Kolo Touré, rappelé en novembre. Le remplacement de Copa Barry par Sylvain Gbohouo dans le but de la Selefanto a également été un choix fort et réussi.
Dans le secteur offensif, Hervé Renard n’a pas hésité à faire le forcing auprès de Saint-Etienne pour s’assurer les services d’un Max-Alain Gradel indispensable (4 points rapportés en phase de groupes). Quitte à mettre Salomon Kalou et Seydou Doumbia sur le banc. A la fois proche de ses joueurs et père-fouettard, l’ancien sélectionneur de la Zambie a su inculquer une mentalité de gagneur à son groupe, revenu deux fois de nulle part contre la Guinée (1-1) puis le Mali (1-1). “Je ne suis intéressé que par la victoire. Il n’y que ça qui me permettrait d’être satisfait“, disait-il récemment.
Une équipe de contres
Pour atteindre cet objectif, il n’a pas hésité à remettre en question ses principes et son système de jeu. Finie l’équipe séduisante qui se fait punir en fin de match comme face à la Grèce en Coupe du monde. Place à une formation qui attend patiemment son heure et fait preuve d'un réalisme chirurgical. Favorisé par la suspension de Gervinho, le passage au 3-4-3 (ou 5-3-2) a permis à la Selefanto de changer de dimension, avec un Yaya Touré en sentinelle et un Serey Dié au four et au moulin.
Eliminé en demi-finale (1-3) par les Eléphants, Florent Ibenge, sélectionneur de la RD Congo, ne tarit pas d'éloge sur la métamorphose opérée par son homologue ivoirien. “La Côte d’Ivoire a changé sa façon de jouer, Hervé Renard est suffisamment intelligent pour remarquer que son équipe était trop glamour. Au lieu de jouer la conservation du ballon, ils jouent derrière et la contre-attaque, et sont beaucoup plus efficaces.” Nouvelle démonstration contre le Ghana, dimanche en finale ?