Hervé Renard tient, envers et contre tout, à voir Didier Drogba revenir en sélection. Surtout, pour la phase finale de la CAN 2015 qui lui réserve de âpres batailles contre le Cameroun, la Guinée et le Mali.
De notre correspondant à Abidjan
Les Eléphants de Côte d’Ivoire, pour la première fois depuis 10 ans, se sont qualifiés péniblement pour la phase finale d’une Coupe d’Afrique des nations. En dépit de tout, la Séléphanto a terminé les éliminatoires avec la meilleure attaque (13 buts inscrits). Des statistiques loin d’émouvoir Hervé Renard qui réclame à cor et à cri le retour de Didier Drogba, fraîchement retraité, pour donner plus de contenance à son équipe, voire la transformer en un épouvantail. Mais l’entreprise de Renard paraît de plus en plus impossible à réaliser. Car dans une récente interview accordée à Canal+, la star ivoirienne à réaffirmé sa décision de ne plus porter la tunique de la sélection nationale.
Qu’à cela ne tienne ! Cette intransigeance de l’attaquant de Chelsea n’est pas de nature à infléchir la détermination du technicien français. “La décision lui appartient. Pour le moment, c’est lui qui ne veut pas revenir. De mon côté, je laisse la porte ouverte à tout joueur ivoirien sélectionnable“, a-t-il déclaré au micro de RFI. L’ancien sélectionneur de la Zambie reste d’ailleurs convaincu qu’il n’est pas le seul à espérer un come back de Drogba. Chose qui le conforte dans sa position et l’invite à garder la foi.
“Pensez-vous que les autres joueurs ivoiriens n’aimeraient pas avoir Drogba avec eux ? Je pense qu’il y a beaucoup plus d’Ivoiriens favorables à son retour que de gens qui sont contre“, a-t-il confié, avant de l’encenser : “Il fait une grande carrière et ce n’est pas par hasard. C’est un grand professionnel. Si vous lui tenez un discours clair, il vous respectera toujours. Il a d’ailleurs toujours respecté ses entraîneurs.”
“Pas de punition pour Zokora“
Un autre Didier, qui lui porte le patronyme de Zokora, a été fortement sollicité également pour voler au secours d’une défense ivoirienne aux abois. Après moult hésitations, il a fini par céder en raison de “son amour pour le pays“. Mais à la surprise générale, il s’est vu refuser la porte de la sélection par Renard qui s’est offusqué de ses atermoiements. “Didier a peut-être eu un petit moment d’hésitation au sujet de son retour. Ce moment d’hésitation a fait qu’il n’a pas démarré le stage avec nous. Je lui ai alors dit que c’était impossible d’intégrer le groupe au bout de quatre ou cinq jours. J’aurais fait la même chose avec n’importe quel joueur. Je n’avais pas le choix“, a-t-il expliqué.
Pour ceux qui ont conclu à une punition, le patron du banc de touche des Pachydermes a fait savoir qu’il s’agissait plutôt d’une mesure disciplinaire visant à préserver les règles du groupe. “Si je n’avais pas agi comme ça, j’aurais laissé la possibilité à d’autres joueurs de faire pareil : à Yaya Touré, à Gervinho ou à Wilfried Bony d’arriver quand ils en ont envie. Ce n’était pas une punition envers Didier. Il s’agit juste de poser des règles collectives“, a-t-il clarifié.
“La qualification, pas d’incidence sur la reconstruction“
En tout état de cause, l’obstination de Renard à participer à la CAN équato-guinéenne, d’une part, et d’autre part à battre le rappel des anciens est difficilement compréhensible par de nombreux observateurs. Ces derniers pensent même que le technicien français se détourne de sa mission première qui est de reconstruire une nouvelle équipe nationale. Toute chose que conteste le manager des Eléphants. “Certaines personnes ont pensé qu’une non-qualification pour la CAN 2015 aurait été bénéfique au football ivoirien. Moi, je pense que ça aurait été tout le contraire. On était parti sur une route qui ne menait pas à la qualification. Donc on a pris un petit chemin de traverse. Ça nous a permis de nous qualifier et ça ne change rien au projet de reconstruction de cette équipe“, rassure-t-il.
A bien analyser de plus près, Hervé Renard se sert sans doute de l’expérience de son compatriote Raymond Domenech qui était relativement dans la même configuration avec la France en 2005. En effet, alors que l’équipe française était dans le creux de la vague dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2006, Domenech a réclamé et obtenu les retours de Zinedine Zidane, Lilian Thuram et Claude Makelele qui avaient pris leur retraite internationale.
Ce retour des vieux briscards à permis d’abords aux Bleus de pulvériser les Eléphants de Côte d’Ivoire (3-0) lors d’un galop d’essai, avant de se qualifier pour le Mondial allemand et de terminer vice-champions du monde. Neuf ans après, Renard va-t-il rééditer la même performance au niveau continental ? On le saura dans quelques semaines en Guinée Equatoriale.