Le ministre des Sports a déclaré la semaine dernière qu’il souhaitait en quelque sorte nationaliser l’équipe nationale de football d’Afrique du Sud. Ce projet controversé, actuellement en discussion avec les instances du ballon rond, est destiné à améliorer le niveau des Bafanas Bafanas, auteurs de plusieurs prestations médiocres.
Après sa proposition d’instaurer des quotas de joueurs noirs dans l’équipe de rugby, le ministre sud-africain des Sports se retrouve au cœur d’une nouvelle controverse. La semaine dernière, Makhenkhesi Stofile a annoncé au parlement qu’il souhaitait qu’une cinquantaine de footballeurs soient retenus pour défendre les couleurs de la nation Arc-en-Ciel lors de la Coupe du monde 2010, que l’Afrique du Sud organise.
Contrat d’exclusivité
« Nous placerons les joueurs sous contrat et dirons à l'entraîneur : “Maintenant, vous pouvez travailler avec eux”. Ils ne joueront pas pour leurs clubs, que ce soit au plan national ou international, pendant deux ans et prépareront exclusivement la Coupe du monde », a expliqué Makhenkhesi Stofile. Les footballeurs choisis recevront un salaire du gouvernement et testeront régulièrement leur niveau contre des équipes locales…
Ce projet, pour la première fois évoqué en 2005, s’inspirerait de la méthode utilisée par la France lors du Mondial 1998, dont elle était ressortie championne, a indiqué Makhenkhesi Stofile. Une méthode que la Corée du Sud aurait ensuite reprise en 2002 pendant la Coupe du monde, qu’elle accueillait, parvenant même à glaner le bronze. Le ministre des Sports espère que la recette sera aussi efficace pour les Bafanas Bafanas.
Redorer le blason des Bafanas Bafanas
Il faut dire que le Onze national a accumulé de nombreuses défaites. Ils ont été éliminés dès le premier tour de la dernière Coupe d’Afrique des nations, au Ghana, sans avoir gagné un seul match. L’équipe, classée 71e dans le classement de la Fédération internationale de Football (Fifa), n’avait d’ailleurs pas brillé aux deux précédentes Can et ne s’était pas qualifié pour le Mondial 2006, en Allemagne.
Le plan de Makhenkhesi Stofile est actuellement étudié par l’Association sud-africaine de football et la ligue de première division de football, a assuré le ministre. Selon lui, certains de leurs responsables se sont montrés enthousiastes. De même que plusieurs sponsors, qui auraient accourus pour financer le programme de formation des Bafanas Bafanas. Une manne qui ne sera pas de trop : Makhenkhesi Stofile a déclaré dimanche que son ministère était prêt à débourser 400 millions de rands (environ 31 millions d’euros) pour assure la formation du Onze national.
Plusieurs voix s’élèvent contre ce projet. Nombreux sont ceux qui estiment que le gouvernement n’a pas à interférer dans les affaires sportives. Une intrusion qui ne devrait pas manquer d’attirer l’attention de la Fifa. Certains footballeurs donnent aussi de la voix, comme l’attaquant Benni McCarthy, qui relève que les joueurs ont des obligations envers leurs clubs. Des professionnels du ballon rond estiment quant à eux qu’il n’est pas nécessaire de réquisitionner les joueurs pour que les Bafanas Bafanas n’aient pas à rougir.