Coupe du monde féminine : comment Reynald Pedros est devenu sélectionneur du Maroc

Publié le par

Les féminines du Maroc entrent en lice ce lundi contre l'Allemagne à l'occasion de cette nouvelle édition de la Coupe du monde féminine. Reynald Pedros, qui les dirige depuis novembre 2020, est le premier sélectionneur à avoir réussi à qualifier les Lionnes de l'Atlas pour un Mondial. Zoom sur ce brillant technicien, qui fût aussi un joueur particulièrement doué. 

Pour leur première Coupe du monde féminine, les Marocaines auraient sans doute préféré débuter face à un adversaire d'un calibre inférieur à l'Allemagne, finaliste du dernier Euro. Mais le couperet du tirage étant tombé depuis belle lurette (en octobre dernier), les Lionnes n'ont eu d'autres choix que de s'y faire. Après ce match face aux Allemandes, elles tenteront de prendre le scalp de la Corée du Sud puis de la Colombie. Pas du calibre de la Die Nationalelf, mais loin d'être des équipes à prendre à la légère pour autant. Pour faire face à ce riche programme, Reynald Pedros avait orchestré une série de matchs amicaux contre l'Italie (0-0), la Suisse (0-0) et la Jamaïque (0-1). Si les deux premiers étaient plutôt prometteurs, ce n'est pas le cas de celui face aux Reggae Girlz. La défaite, chétive mais réelle, aurait de quoi semer le doute dans les rangs des Lionnes. Tout comme l'affaire de la fausse rumeur de fugue, venue créer une “distraction” non désirée. Mais nul doute que Pedros, avec son expérience et son calme habituel, parviendra à maintenir l'attention de l'équipe sur ce qui est le plus important à l'heure actuelle : le rectangle vert.

25 sélections en équipe de France

Revisiter la carrière de Reynald Pedros nous transporte immanquablement dans le football des années 1990, un temps où Téléfoot animait les dimanches matin et où la Ligue 1 se faisait encore connaître sous le nom de Division 1. Les réseaux sociaux étaient aussi inexistants, tandis que les cours d'école étaient envahies par les échanges d'albums Panini et que les cassettes “Foot en Folie” faisaient rage. Parler du football des années 1990, c'est aussi se rappeler de ce qu'était le FC Nantes à ce moment-là. Le club ligérien avait développé le “jeu à la nantaise”, un style spécifique qui mettait l'accent sur le jeu de possession, le mouvement continu du ballon et les passes courtes. Pedros, avec ses compères Loko et Ouédec, en était un des maillons forts. Champion de France 1995 et demi-finaliste de la Ligue des champions 1996, le milieu offensif doté d'une patte gauche d'exception fait partie des meilleurs joueurs de l'Hexagone. Sélectionné à 25 reprises (4 buts) avec les Bleus, il manque son penalty en demi-finale de l'Euro 1996 contre la République tchèque (0-0, 5 tab à 6). La France reste aux portes de la finale et Pedros, qui n'a alors même pas 25 ans, peut déjà commencer à regarder sa carrière dans le rétroviseur. Refusant le Barça, il continue sa route à l'OM puis Parme, Lyon, Montpellier, Toulouse et Bastia. Sans jamais retrouver sa splendeur d'antan.

Double vainqueur de la Ligue des champions

Après avoir été consultant sur Canal+ dans les émissions Jour de foot et Les Spécialistes, le natif d'Orléans dans le Loiret (France) se lance dans une carrière d'entraîneur. Avec brio. Durant son passage à l'OL en tant que coach entre 2017 et 2019, Pedros aura laissé une empreinte indélébile sur le banc des Fenottes. Ancien joueur d'exception, il a démontré qu'il était aussi un entraîneur de grand talent. Son bilan à l'OL ? Deux Ligues des champions, deux titres de champion de France et une Coupe de France remportés. Le tout en seulement deux saisons. Et sur le plan comptable, ça donne 67 victoires, 5 matchs nuls et une seule défaite. Une équipe insaisissable, comme le Pedros de 1995. Certes, l'ancien Bleus pouvait compter sur des joueuses de renom comme Eugénie Le Sommer, Amandine Henry ou encore Wendie Renard, la capitaine de l'équipe de France féminine. Mais on ne peut occulter le fait que Pedros, aussi humble que battant, s'est révélé être un tacticien hors-pair. En 2018, il est d'ailleurs élu meilleur entraîneur de l'année par la FIFA. Son départ l'année suivante, après un nouveau triomphe national et continental, avait quelque peu surpris. Une autre façon de se rappeler le joueur qu'il a été : imprévisible. Aujourd'hui, les Marocaines peuvent se réjouir d'avoir un entraîneur de la trempe de Pedros, qui apporte son savoir-faire et son talent au développement de l'équipe nationale. En espérant – à l'instar de l'équipe masculine au Qatar – frapper un grand coup lors de ce Mondial 2023.

Des débuts réussis avec le Maroc !

Intronisé fin 2020 au poste de sélectionneur afin de succéder à l'américaine Kelly Lindsey, Reynald Pedros s'est tout de suite adapté à son nouveau rôle. Pour sa première grande compétition, la Coupe d'Afrique des nations 2022, il emmène les Lionnes en finale à domicile, en parvenant à sortir en demi-finale le Nigéria (1-1, 5 tab à 4), l'une des équipes les plus fortes du continent et triple tenant du titre. Malgré la déception de la défaite en finale face à une équipe sud-africaine tenace (1-2), la seconde place brillamment acquise leur permet de se qualifier pour le Mondial et ainsi d'écrire un nouveau chapitre dans l'histoire du football féminin marocain.

Mais ne pensez-pas pour autant que les Lionnes se contenteront de faire bonne figure dans le tournoi. Malgré le groupe relevé dans lequel elles sont tombées, l'objectif est on ne peut plus clair : « Nous on y va avec l'ambition d'atteindre les huitièmes de finale. On n'est pas les favoris, mais on saura prendre les occasions et les opportunités. (…) J'espère que les supporters marocains feront le déplacement, même si un seul fait le déplacement, on va tout faire pour le rendre fier pendant cette Coupe du monde ». dixit Pedros lui-même, dans des propos datant du mois dernier et rapportés par le quotidien marocain Le Matin. L'ambition est présente, le potentiel aussi, alors comme on dit : “il n'y a plus qu'à !”

Coupe du monde féminine : comment Reynald Pedros est devenu sélectionneur du Maroc

Anthony Olivier

Explorateur et gratte-plume du football africain, j'aime brosser le portrait des nouvelles pépites du continent.