Le secrétaire général de l'Union des footballeurs congolais (UFC), Dodo Landu Domo a dévoilé lors d'un communiqué des irrégularités sur le réseau de joueurs entre la Belgique et la République Démocratique du Congo (RDC). Lors d'un entretien avec Sharkfoot, il explique les illégalités qu'il a repérées dans ce trafic entre les deux pays.
Sharkfoot : Après plusieurs semaines d’investigations, êtes-vous parvenu à avoir une idée précise de la mise en place de ce réseau ?
En attendant la suite de notre enquête, nous pouvons établir les premiers constats. Premièrement, nous sommes désormais sûrs qu’un réseau existe entre la Belgique et la République Démocratique du Congo. Depuis des années, beaucoup de jeunes congolais viennent en Belgique, ce qui est normal. Toutefois, nous avons vu des irrégularités à ce sujet, qui ne vont pas dans le sens des joueurs. Or, le premier but de notre syndicat est de les défendre. Deuxièmement, nous voyons que nous sommes devant une affaire très compliquée, impliquant beaucoup de monde. En tant que Congolais, je sais le temps qu’il faut pour obtenir un titre de séjour. Quand je vois que le dénommé Chancel Mbemba l’a obtenu en un mois, sans profession, alors qu’il faut plus d’un an normalement, ça résume l’ampleur de l’enquête.
En d’autres termes, ce réseau implique des personnes n’étant pas en rapport avec le football ?
Tout à fait. Anderlecht bénéficie du soutien personnes haut placées, car le cas Chancel Mbemba n’est pas isolé. Nous soupçonnons qu’il s’agit d’un vaste trafic, qui ne concerne pas uniquement Anderlecht. Sauf que nous nous heurtons à un problème de taille pour obtenir les documents dont nous avons besoin. Nos collègues belges, du Sporta, nous ont informé que nous devons passer par l’Union Royale Belge, qui demande ensuite au club leur accord pour divulguer certains papiers. Or, les équipes concernées ont refusé catégoriquement.
Comme si elles avaient quelque chose à cacher ?
(Rires) On peut le supposer, mais je n’accuse pas sans preuve. C’est pourquoi nous demandons l’aide de la division centrale de la FIFPro et de la FIFA. Nous sommes devant une affaire de poids lourd, avec énormément de pression. Vous vous rendez compte, comment peut-on permettre à un mineur de rentrer en Belgique, de rester près de dix mois et de l’expulser d’un seul coup, ce qui est aussi illégal, puis de le ramener ? Cette stratégie permet en outre de contourner le règlement FIFA.
Le fameux système TMS (ndlr, système de régulation des transferts) ?
Exactement. Pour faire simple, Anderlecht a enfreint plusieurs points de réglementation. D’une part, il est interdit de transférer un mineur africain à plus de 100 kilomètres de son domicile. Or, en faisant venir le joueur avec un titre de séjour pendant un an avant qu’il ne soit mineur, Anderlecht estime qu’il ne vient plus d’Afrique, mais de Belgique. Comme si c’était un « nouveau joueur » ou un joueur belge en quelque sorte. Ils font passer ça en disant qu’il s’agit d’un essai et obtiennent du joueur qu’il signe une licence à son dix-huitième anniversaire. Je ne rentre pas dans les autres détails, mais ils sont nombreux, notamment vis-à-vis des parents du mineur. La FIFA ne veut plus de ces transferts d’enfants, il y a bien une raison ! Mais il y a autre chose qui me choque dans ce dossier Mbemba. Comment vivait-il pendant ses neuf premiers mois en Belgique ? J’ai rencontré le joueur, il n’était pas clair là-dessus. Avait-il une couverture sociale ? Il a joué des matchs officiels, mais l’Union Royale Belge a expliqué qu’il n’était inscrit nulle part. Si on lui casse la jambe, que se passe-t-il ?
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