Sélectionneur de Madagascar entre 2021 et 2022, Éric Rabesandratana n’a pas caché son désir de retrouver le banc d’une sélection africaine. Dans cette interview exclusive accordée à Afrik-Foot.com, l’ancien joueur du PSG n’a pas fermé la porte à un retour comme sélectionneur des Barea, même s’il pose quelques conditions.
Interview réalisée par Yoro Mangara,
Éric Rabesandratana, vous étiez sélectionneur de Madagascar. Y a-t-il des sélections africaines qui vous intéressent aujourd’hui ?
C’est surtout le travail (d’entraîneur) qui m’intéresse. J’aime bien la formule de sélectionneur. Même si on n’a pas toujours le temps de travailler à cause des aléas concernant la logistique, des comportements africains. Je l’ai bien connu à Madagascar (rires). C’est très compliqué de mettre les choses en place pour développer le football. Aujourd’hui c’est le seul frein pour moi de ce côté là. Sinon, avec ma passion du football et l’envie de développer des choses, l’insouciance de l’Afrique qui prend un tournant important que ce soit économiquement que footballistiquement. L’Afrique est le continent du futur. Donc oui, j’ai envie de reprendre les rênes du football africain dans la mesure du possible. Je n’ai pas une sélection préférentielle, c’est le métier qui m’intéresse. Ma capacité à développer et emmener une expérience professionnelle et les mettre au service d’une sélection africaine, ce serait fantastique.
En ce moment en Afrique on a cette ère de sélectionneurs binationaux, Aliou Cissé au Sénégal, Belmadi en Algérie, Regragui au Maroc… Est-ce que ça vous intéresse de retrouver le banc de Madagascar ?
À Madagascar ça m’intéresserait évidemment puisque c’est ma patrie. Mais c’est surtout qu’il y a un travail à faire avant tout ça. Il faut épurer tout ce qui peut passer parce qu’il y a trop de choses qui ne sont pas maîtrisées. En dehors du terrain à Madagascar, il y a certains comportements à la Fédération, ce n’est pas toujours clair. Il faut éclaircir tout cela.
“Nettoyer tout ce qui pourrait gêner le développement du football sur l’île”
Justement, le fait d’avoir vu la sélection locale de Madagascar impressionner lors du dernier CHAN vous donne t’il du baume au cœur ou vous laisse-t-il une pointe de regrets ?
Les deux. Regrets ? Cela voudrait dire qu’il n’y pas la possibilité d’exploiter tout cela. Il y a moyen d’exploiter ce potentiel. Cela passe par nettoyer tout ce qui pourrait gêner le développement du football sur l’île. C’est la façon de penser, ce sont les moyens mis en place, l’aspect financier, l’organisation… Il y a tout un travail à faire afin de mettre dans les meilleures dispositions ces athlètes. On a parlé du CHAN, lorsque les joueurs sont rentrés, ils ont mis tellement de temps avant de percevoir leurs primes. Alors qu’ils se sont battus sur le terrain pour terminer 3ème, ils ont défendu haut et fort les couleurs de Madagascar. Derrière, personne n’était en mesure de dire quand est-ce qu’ils allaient avoir leur argent. Il a fallu l’intervention du président de la république pour que ça se décante.
Ce n’est pas normal. On doit avoir du respect pour le travail abattu par nos joueurs. Les joueurs ont mouillé le maillot, ils ont respecté la patrie. Ils méritaient ce respect en retour. Il faut également structurer les équipes de jeunes pour qu’elles soient capables de performer, qu’elles soient encadrées par des éducateurs bien formés et qui permettront de développer le football comme ça se fait en Europe. Ce n’est pas de l’ordre du complexe de prendre exemple sur l’Europe. Il faut parvenir à mettre en place ces mêmes bases de travail en Afrique parce que le potentiel existe en Afrique. Si les binationaux sont si forts ? Parce que ce sont des Africains qui sont formés en Europe. Tu transfères ce travail là en Afrique, tu verras exactement ce même résultat mais avec des locaux à qui on a donné les conditions pour développer leurs qualités. C’est ce qu’il faut arriver à faire en Afrique, même s’il y a des pays sur le continent qui sont plus avancés que d’autres. À Madagascar il est important d’intégrer cette donne là.