Espérance, Ghana, l’Europe… “J’ai eu des contacts”, Amir Abdou fait le point sur son avenir

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Limogé en novembre dernier, après que la Mauritanie a échoué à se qualifier pour la CAN 2025 au Maroc, Amir Abdou attend de retrouver un poste, sans stress. Le Franco-Comorien, qui a eu quelques contacts plus ou moins approfondis, profite de son temps libre pour voyager et regarder beaucoup de matches africains, européens et asiatiques.

Vendredi 7 mars, Amir Abdou (52 ans) a effectué la centaine de kilomètres qui sépare son domicile du Lot-et-Garonne de Toulouse pour assister à la rencontre entre le TFC et Monaco (1-1) en Ligue 1. Libre depuis le mois de novembre dernier, celui qui fût le sélectionneur historique des Comores s’est confié à Afrik-Foot pour aborder de nombreux sujets.

On savait, avant même que la fédération mauritanienne mette fin à votre collaboration, que vous n’aviez pas perçu vos salaires depuis plusieurs mois. La situation a-t-elle été régularisée ?

Oui, tout est en ordre. J’ai reçu ce qu’on me devait, conformément à ce que m’avait promis Ahmed Ould Yahya, le président de la fédération. L’accord a été respecté, et on s’est quitté en bons termes. Je vais bien sûr continuer à suivre les résultats des Mourabitounes, à commencer par ceux du mois de mars au Togo (le 22 à Lomé) et la RD Congo (le 25 à Nouadhibou) en qualifications pour la Coupe du monde 2026. Je souhaite bonne chance à mon successeur, l’Espagnol Aritz Lopez Garaï, et bien sûr à mon ancienne équipe, aux joueurs avec qui nous avons vécu d’excellents moments.

Amir Abdou, sélectionneur Mauritanie
© IconSport

Vous avez été remercié après l’élimination de la Mauritanie en qualifications pour la CAN 2025, devancée par l’Egypte et le Botswana…

C’est dommage, car cela se joue à peu de choses. On échoue à un point du Botswana, qui a terminé deuxième après son match nul en Egypte (1-1) lors de la dernière journée. Nous avions fait ce qu’il fallait en dominant le Cap Vert (1-0). Je ne m’attendais pas à ce que le Botswana parvienne à prendre un point au Caire, surtout qu’à l’aller, les Pharaons avaient largement gagné (4-0). Mais tout ne s’est pas joué lors de la 6e journée. C’est dommage, je le répète, car cela aurait été vraiment très beau pour la Mauritanie de disputer une quatrième CAN consécutive, chez le voisin marocain. 

Depuis votre départ, votre nom a été cité à plusieurs endroits : à l’Espérance Tunis, au Ghana, à Madagascar…

Déjà, pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’occasion de vraiment souffler. Quand j’étais aux Comores, il y avait beaucoup de travail, car on partait de très loin. Après la CAN 2022, je suis parti en Mauritanie, où, pendant un certain temps, j’étais sélectionneur et entraîneur du FC Nouadhibou. Les vacances, les moments de coupure étaient très rares. 

Pour répondre à votre question, oui, j’ai eu des contacts, plus ou moins solides. Avec l’Espérance, notamment, mais j’étais sous contrat avec la Mauritanie. Il y a eu des touches avec le Ghana, c’est vrai, mais ce n’est pas allé plus loin. J’ai également eu quelques approches de clubs algériens. Quant à Madagascar, il s’agissait de simples rumeurs. Cela dit, je suis d’origine comorienne, et il n’aurait pas été envisageable pour moi d’aller entraîner le grand rival régional. J’en profite pour dire que je reste très attentif aux résultats des Comores, qui sont très bons, avec cette qualification pour la CAN 2025 et qui est en tête de son groupe en éliminatoire de la Coupe du monde 2026. Le sélectionneur Stefano Cusin fait du très bon travail, l’équipe progresse et a beaucoup de qualités. J’en suis très heureux.

Amir Abdou, sélectionneur Mauritanie
© IconSport

« Je regarde une quinzaine de matches par semaine »

Comment vivez-vous cette période d’inactivité ?

Bien, car comme je vous l’ai dit, j’avais sans doute besoin de couper. Bien sûr, il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps ! Mais nous sommes au mois de mars, et je sais que les opportunités vont devenir rares cette saison. Mais ce n’est pas parce que je ne travaille pas que je reste sans rien faire. Mon métier m’oblige à regarder beaucoup de matchs, près d’une quinzaine par semaine. Et cela ne me pose pas de problème, car j’aime ça, c’est ma passion. Je vais en voir dans les stades, comme à Toulouse et un peu plus tôt au Maroc. J’en suis également à la télé : des matchs européens, africains, asiatiques. 

Avez-vous un projet bien défini en tête ?

Je n’ai pas de préférence particulière : un club ou une sélection, peu importe. Ce qui m’intéresse, c’est le projet. Comme vous le savez, je suis un coach qui aime travailler sur la durée. Demain, si on m’appelle pour une mission de deux ou trois mois, genre « one shot », mais sans rien derrière, je ne suis vraiment pas sûr du tout que j’accepterais. Dans mon métier, le plus important consiste à mettre en place un projet, ses idées. C’est en tout cas comme cela que je vois les choses.

« Un club ou une sélection, ce qui importe, c’est le projet »

Faites-vous de l’Afrique une priorité ?

J’aimerais y travailler de nouveau, car c’est un continent que j’aime, que je connais bien. Et on me connaît un peu aussi. Mais je ne ferme aucune porte. Je regarde également ce qui se passe en Asie, notamment dans le Golfe.

Et l’Europe ?

C’est un marché beaucoup plus difficile, quand, comme moi, on n’a entraîné qu’en Afrique au niveau professionnel. Sincèrement, je n’y crois pas trop. Dans quelques années, peut-être. Je sais que j’aurai encore des opportunités en Afrique, peut-être en Asie. Et cela me convient très bien. Il y a sans doute de beaux projets en Afrique, avec des sélections, des clubs, dont certains ont des moyens de plus en plus importants, ce qui leur permet de développer leurs structures.

Espérance, Ghana, l’Europe… “J’ai eu des contacts”, Amir Abdou fait le point sur son avenir

Alexis Billebault

Journaliste spécialisé dans le football africain depuis le début des années 2000, j'ai travaillé sur les 11 dernières CAN.