Feghouli, la société française et les binationaux

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Né en France de parents algériens, Sofiane Feghouli a choisi de défendre les couleurs des Verts. Une décision qui ne l’empêche pas de porter un regard critique sur l’état actuel de la société française et la situation des jeunes binationaux.


Si certains ont vu dans la marche républicaine du 11 janvier dernier, un symbole de la France “black, blanc, beur” de l'époque 98, Sofiane Feghouli n'est pas de ceux-là. Dans les colonnes de L'Equipe, le milieu offensif de 25 ans dresse un constat bien plus sombre de la société française. Né en banlieue parisienne de parents algériens, il a joué avec les sélections de jeunes de l’équipe de France avant d’opter pour les Fennecs.

J’ai appris au fil de ma vie l’histoire des deux pays et, ce que je ressens, ça va au-delà du football. Avec tout ce que j’ai vécu, je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française, et le choix de l’Algérie, c’est celui du cœur“, clame le milieu offensif du Valence CF. Avant d'aborder ce qui constitue, selon lui, le cœur du problème.

Aucune reconnaissance

Quand je vois l’état de la société française et ce qu’il s’y passe… On constate les problèmes qu’il y a vis-à-vis des Maghrébins, des Africains. Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance“, s’indigne le Fennec, actuellement engagé dans la CAN 2015. “Il faut toujours faire le double ou le triple pour espérer acquérir un quelconque mérite“.

Il y a plein de problématiques qui m’empêchent de me sentir pleinement intégré et heureux au sein de la société française. Aujourd’hui, il y a un mélange de différentes choses qui me fait penser que la France a un gros problème avec ses binationaux“, estime-t-il. “Il y a différents épisodes, comme celui des quotas, qui sont décevants et qui n’aident pas à renforcer les liens.

Si je peux être un exemple

L’ancien Grenoblois se montre néanmoins plus optimiste pour l’avenir, avec une pointe d'ironie. “J’espère que la cinquième ou la sixième génération issue de l’immigration pourra se sentir pleinement intégrée et qu’elle partira à chances égales. Et pas seulement dans le football, mais aussi dans le monde du travail, dans la politique ou à la télévision, où on fait appel à des personnes dans lesquelles on ne se reconnaît pas…

Et pour appeler au changement, le Fennec est prêt à donner de sa personne : “J’aimerais vivre dans un monde meilleur, donc si, en tant que binational, je peux être un exemple pour la société, je le serais avec plaisir.

Feghouli, la société française et les binationaux

Romain Lantheaume

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !