Victime de cris racistes jeudi lors du match amical entre l'AC Milan et Pro Patria, Kevin-Prince Boateng a réussi à faire arrêter la rencontre, accompagné de tous ses coéquipiers. Salué de toute part par le monde du ballon rond pour son courage face à cette épreuve, le milieu de terrain ghanéen n'a pas eu le soutien escompté de la part du président de la FIFA, Sepp Blatter, qui a déploré l'interruption de la partie. Le tout avec des propos pour le moins surprenants…
Peut-on encore tolérer dans la société actuelle que sur un terrain de football un ou des joueurs soient pris à partie par des supporters avec des cris de singe et autres chants racistes ? Une question qu'il serait intéressant de poser au président de la FIFA, Joseph Blatter, après ses récentes déclarations sur le racisme dans le football. Le dirigeant suisse en a surpris plus d'un lorsqu'il a évoqué, au cours du week-end, le dernier cas de racisme en date, dont la victime n'est autre que le Ghanéen Kevin-Prince Boateng. Le milieu de terrain de l'AC Milan ayant été pris en grippe par des supporters de l'équipe de Pro Patria, une équipe de Serie C2, avant de finalement faire interrompre le match en regagnant le vestiaire, accompagné de tous ses coéquipiers milanais.
Une décision courageuse saluée par les acteurs du monde du football, mais pas le président Blatter, qui a déploré qu'une rencontre ne puisse pas aller à son terme. Pour lui, Boateng devait rester sur le terrain. “Quitter le terrain ? Non. Je ne crois pas que cela soit la solution. Je ne crois pas que l'on puisse sortir (du terrain). C'est un problème délicat, mais je le répète, il n'y aura aucune tolérance pour le racisme dans les stades, a fait savoir le président dans les colonnes du média qatarien The National, avant de poursuivre : “Nous devons lutter contre ça. La seule solution est d'être très sévère sur les sanctions et les sanctions doivent être un retrait de points ou quelque chose de similaire.” Donc en d'autres termes, le Black Star aurait du continuer à jouer sous les cris et faire la sourde oreille, car “si le joueur s’en va, son équipe risque le forfait“, dixit Blatter pour justifier son explication.
Continuer à jouer malgré les cris racistes ?
Mais est-ce bien grave dans ces conditions de se voir infliger une défaite sur tapis vert dans un match amical ? Evidemment non. Et même en match officiel, un joueur doit-il gentiment faire le dos rond alors qu'il se fait copieusement insulter par des pseudos supporters dans les gradins ? Là aussi, la réponse est non. Et la seule manière de condamner de telles attitudes, c'est bien d'interrompre la partie, quitte à ce qu'elle ne reprenne pas, ou alors sans une partie du public qui n'est visiblement pas venue pour assister à un match de football, mais en découdre. Ces déclarations ont en tout cas choqué l'AC Milan et Boateng, qui s'attendaient à plus de solidarité de la part de Blatter. En guise de réponse, le milieu de terrain est allé jusqu'à arborer un maillot de son équipe avec les mentions “AC Milan against racism” (AC Milan contre le racism), lors de la victoire face à Sienne (2-1).
Un geste qui, s'il peut paraître anodin au premier abord, en dit long sur l'action contre le racisme menée par la FIFA. Car à dire vrai, à part quelques campagnes publicitaires à coup de “my game is fairplay”* et des t-shirts “let's kick racism out of football”**, quelles ont été les actions réellement mises en place ? A-ton déjà vu une équipe déclarée perdante à cause du comportement de ses supporters ? Non. Joseph Blatter, qui évoque un retrait de points, a-t-il déjà insisté dans ce sens pour que ce système de sanction soit appliqué ? Non. Beaucoup de beaux discours donc pour très peu d'application sur le rectangle vert. Une pelouse sur laquelle des joueurs ont également été mis en cause et s'en sont sortis avec de simples amendes. En cas de cris et chants racistes, un joueur doit-il rester sur le terrain et endurer cela ? Il serait intéressant que Sepp Blatter apporte sa réponse à cette question, lui qui n'a sans doute jamais été confronté au racisme. Car il est d'abord un dirigeant comme il en existe plein de le monde et qu'il pense avant tout à sa réélection avant de se pencher sur les problèmes majeurs. Triste réalité.
*Mon jeu est le fairplay
**Bottons le racisme hors du football