Football : Burkina Faso-Côte d’Ivoire, match à haut risque

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Considéré comme la finale avant la lettre, le match Burkina vs Côte d’Ivoire de samedi prochain, comptant pour la troisième journée des éliminatoires combinées CAN – Coupe du monde 2010, n’est pas moins une opposition de tous les dangers au regard de la rivalité entre les deux pays. La FIFA l’a déclarée match à « haut risque » et a instruit la fédération burkinabè de football à ne négliger aucun paramètre sécuritaire. Cette dernière, en plus d’un important déploiement d’agents de sécurité, multiplie les messages de tolérance auprès des supporters des deux pays.


Notre correspondant au Burkina Faso

Ne sachant qui supporter, Maréchal Zongo, (humoriste ivoirien, adoubé par les burkinabè qu’il imite à la perfection au point de passer pour un des leurs, ndlr), le visage badigeonné aux couleurs du Burkina et de la Côte d’Ivoire et les drapeaux de ces deux pays en mains, scande à tue-tête la gloire des équipes. Cette publicité qui tourne en boucle sur les chaînes de télévisions locales plaît aux téléspectateurs. En fait, elle illustre parfaitement le sentiment de nombre d’entre eux, partagés entre les deux pays. Elle cache, cependant, le ressentiment de nombreux autres burkinabè, outrés de voir renvoyés au Faso, certains de leurs compatriotes, lors de la crise ivoirienne. Il faut dès lors détendre l’atmosphère entre les fous de foot des deux pays. Et du fan club local de Didier Drogba au Moogho Naaba Baongo (roi des mossis de Ouagadougou, ndlr), les appels à la retenue fusent de partout.

Un match sous haute protection policière

Mais le plus impressionnant reste le dispositif sécuritaire mis en place par la Fédération burkinabè de football (FBF). Plus de 850 policiers et gendarmes mobilisés pour la circonstance. Le stade du 4 Août, d’ordinaire plein à craquer à chaque sortie des Etalons depuis l’ère Paolo Duarté, ne devra pas excéder cette fois-ci sa capacité réelle : 33 056 places assises. Le match se jouera à guichet fermé. Une première au Burkina, où le drame survenu au stade Félix Houphouët Boigny, le 28 mars lors du match Côte d’Ivoire-Malawi, hante les esprits. « Il n’y aura pas de billetterie parallèle, assure Boureima Sory Sy, le chargé des compétitions de la FBF. Chaque billet portera un numéro de place assise au stade. Toute tentative de fraude sera détectée car la police procèdera à une vérification au cas où deux personnes se présenteraient avec des tickets portant le même numéro. »

Pour éviter toute altercation entre les supporters des deux équipes, les ivoiriens seront confinés dans deux tribunes de 3 616 places. Bien en deçà des 10 000 places qu’ils ont sollicitées deux semaines auparavant. Quant aux recalés du stade, ils pourront suivre la rencontre à la place de la Nation sur écrans géants.

Une opposition de style

Après leur expédition victorieuse contre le Malawi, les Etalons, assurés d’une qualification à la CAN, rêvent d’une participation au mondial sud-africain. Samedi, face à la constellation de stars ivoiriennes, ils tenteront de faire un exploit. Et au jeu technique et alléchant des Eléphants, répondra le collectif burkinabè, plus pragmatique, organisé et surtout physique. Là se trouve peut-être la clé de ce derby ouest-africain. Et Vahid Halilhodzic, le sélectionneur bosniaque de la Côte d’Ivoire, l’a compris : « Les Etalons ont de la volonté et de l’agressivité à revendre. C’est un gros morceau qui nous attend à Ouagadougou. Contrairement à Conakry, il faudra sortir ses tripes, accepter de souffrir pour espérer obtenir un résultat positif face au Burkina », a-t-il déclaré à la presse ivoirienne. A défaut des trois points de la victoire, un match nul ne déplaira pas aux ivoiriens, déjà favorisés par le calendrier de la compétition. « L’enjeu est énorme et il faudra faire attention, pour ne pas laisser sa peau à Ouagadougou », a prévenu Vahid.

A Conakry, loin de la rivalité entre Burkinabè et Ivoiriens, la Guinée, désormais entraînée par Mohamed Titi Camara, tentera de rebondir face aux modestes Malawites, contre lesquels elle devra disputer le troisième ticket qualificatif du groupe E pour la CAN angolaise.

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P. Boureima Salouka