Admise voilà seulement deux ans au sein de la Fifa, la Fédération comorienne de football aimerait que les autorités nationales et les sponsors s’intéressent un peu plus à elle. Avec une préparation et des moyens minimes, la sélection de l'archipel est sortie la tête haute des Jeux des Iles de l’Océan Indien qui se tiennent actuellement à Madagascar.
En football, les Comores, c’est la 184e place au classement Fifa (Fédération internationale de football). Juste derrière la Papouasie Nouvelle-Guinée, le Turkménistan et le Myanmar (Birmanie), mais devant la Guinée-Bissau, l’Afghanistan, le Népal ou Puerto Rico. Créée en 1979, la Fédération comorienne de football n’a été admise dans la toute puissante Fifa que le 12 septembre 2005, devenant ainsi son 207e pays membre. Et encore, « j’ai dû faire jouer mes relations », s’amuse aujourd’hui son président, Salim Tourqui, lequel précise que le principal stade du pays ainsi que le centre technique national seront bientôt fonctionnels grâce au soutien financier de la Fifa.
Lors de sa réélection en avril dernier, l’homme d’affaires, patron de DHL Comores, avait déclaré que son pays, handicapé par des décennies de guerre, s’ouvrait « au monde par la porte du sport ». Un espoir plus qu’une réalité puisque « les gouvernants successifs ne pensent jamais au sport et au football, explique-t-il aujourd'hui à Afrik. Ils ne les mentionnent jamais dans les budgets ». Pas même une tentative d’instrumentalisation de cet « opium du peuple », comme cela a pu être le cas ailleurs sur le continent et dans le monde…
Un parcours « positif » aux Jeux de l’Océan Indien
Du coup, pour participer aux Jeux des Iles de l’Océan Indien, qui se déroulent à Madagascar depuis le 9 août dernier et prennent fin ce dimanche, la sélection nationale a dû fouiller dans ses bas de laine. Le budget nécessaire au déplacement de la délégation comorienne n’a été débloqué que deux semaines avant le début de la compétition et trois matchs amicaux prévus depuis mars dernier ont été annulés.
La préparation des footballeurs nationaux à la compétition a été réduite au minimum mais leur parcours a pourtant « été positif », estime Salim Tourqui. Dans leur poule de qualification à trois, les Comores ont enregistré un nul (1-1) face à La Réunion, qui n’est revenue au score que dans les dernière minutes, précise le président. Ils ont ensuite essuyé un sévère 3-0 face au pays hôte, qui vient d’étriller Mayotte 4-0 en demi-finales et rencontre samedi La Réunion en finale.
La Coupe d’Afrique dans le viseur
En plus des talents locaux, les Comores pourraient bien disposer de quelques joueurs évoluant dans les championnats européens. En mars dernier, leur entraîneur, « Camara », ex-professionnel du Red Star qui a côtoyé Didier Deschamps, Emmanuel Petit, Bruno Ngotty ou encore Patrice Loko en sélections juniors, était venu les rencontrer. Kemal Bourhani à Lorient, Nadjim Abdou à Sedan ou encore Hassan Ahamada à Chateauroux : « Tous les contacts ont été bons, avait indiqué Camara à Afrik. Tous les joueurs sont prêts à venir ».
Le sélectionneur avait bien pointé la question des déplacements coûteux, mais pour ce qui est des primes, « c’est l’amour de la Nation » qui importe le plus à leurs yeux, avait-il assuré. Le plus gros problème étant en réalité la date de programmation des Jeux des Iles de l’Océan Indien, en pleine reprise européenne des championnats nationaux de football ! Outre les joueurs locaux, pas encore professionnels, les Comores se sont donc appuyés pour le tournoi sur des joueurs provenant de divisions inférieures, à Marseille, une région de forte migration comorienne du sud de la France, ainsi que sur deux joueurs recrutés au Yémen lors d’un tournoi organisé par la UAFA (Union des associations de football arabe), en 2006, où ils avaient brillés.
En attendant une meilleure implication des autorités et un plus grand intérêt des sponsors, l’équipe nationale des Comores poursuit sa route : elle sera opposée au Mozambique et au Zimbabwe, en novembre prochain, dans le cadre de la Cosafa Cup organisée en Afrique du Sud. Une mise en bouche avant les futures qualifications à la Coupe d’Afrique des Nations et à la Coupe du monde 2010, deux épreuves auxquelles l'archipel n'a jamais participé.
Droits image : Ocomores.org