Le sélectionneur de l'équipe nationale de football libérienne, Kadalah Kromah, a démissionné mardi de toutes ses fonctions. Sa maison avait été vandalisée deux jours plus tôt, après la défaite 3-0 du Lone Star face au Sénégal. Les footballeurs eux-mêmes menacent de ne plus porter le maillot du Onze national, après les débordements qui ont secoué le stade de Monrovia, puis la ville, faisant deux morts.
Les hooligans ont eu raison du sélectionneur du Onze libérien, Kadalah Kromah, démissionnaire depuis mardi. Dimanche, ils avaient vandalisé sa maison, après la défaite du Lone Star face au Sénégal 3-0, au stade Samuel K. Doe de Monrovia, dans le cadre des qualifications couplées de la Coupe du monde et de la Coupe d'Afrique des Nations 2006. Avant cette défaite, les Libériens occupaient l'avant-dernière place de leur groupe, avec une victoire, un nul et deux défaites. De quoi mettre le sélectionneur national sur la sellette, lui qui avait déjà été démis de ses fonctions d'entraîneur du Liberia, en 2000, pour défaut de résultats. Mais Kadalah Kromah assure que seul les impératifs sécuritaires ont influencé sa décision : « Je ne peux pas continuer à entraîner l'équipe nationale alors que le danger est à la porte de ma maison », a-t-il expliqué au micro de la BBC.
La folie qui s'est emparée des supporters libériens, pendant le match et au coup de sifflet final, a fait deux morts. Deux personnes fauchées par un automobiliste qui tentait de fuir des casseurs qui s'en prenaient aux voitures garées aux alentours du stade de Monrovia, selon le procureur général Téophilus Goods. « 50% de la population libérienne est composée de jeunes gens, dont un certain nombre a combattu pendant les guerres civiles », explique un officiel du ministère de la Jeunesse et des Sports. « Ces jeunes ne sont pas la majorité, mais ils se font voir et ne peuvent accepter la défaite. Ils réagissent alors en dévastant tout sur leur passage. Nous essayons aujourd'hui de les réhabiliter mais la tâche est difficile. »
La police ne veut plus de matchs à domicile
Le chef de la police nationale, Clarence Chris Massaquoi, a pris la parole pour demander au gouvernement que « les matchs internationaux ne soient plus organisés [au Liberia], jusqu'à ce que nous ayons les moyens de contrôler les foules ». Des incidents avaient déjà éclaté le 4 juillet dernier, après le troisième match de qualifications entre le Liberia et le Togo, qui s'était soldé par un 0-0. Les soldats de la Mission des Nations Unies au Liberia étaient alors seuls à assurer la sécurité du match. C'est pourquoi six cent policiers sont venus leur prêter main forte, dimanche… sans succès. « Nos policiers sont uniquement équipés de bâtons », explique-t-on au ministère des Sports. « Or, les jeunes supporters, les ‘hooligans', peut-on dire, qui ont vécu toute leur vie dans la violence, n'ont pas peur des bâtons. »
Les footballeurs eux-mêmes menaçaient, à l'issue de leur dernier match, de ne plus porter le maillot de l'équipe nationale. « Ils disent ça car ils ont peur, mais ils reviendront », a assuré à l'AFP le secrétaire général de la Fédération libérienne de football (LFA), Nyanquoi Boissy. De fait, tous ont déjà intégré les réflexes élémentaires de survie. Dimanche, rapporte Le Soleil, après le troisième but sénégalais, remplaçants, staff technique et médical ont vite trouvé un refuge approprié, anticipant ainsi la colère d'une partie du public. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, ainsi que la Fédération libérienne de football, ont fermement condamné ces actes de violence et se sont excusés auprès du Sénégal. Quant à Kadalah Kromah, dit « Mr Scientific », il va retourner à l'Université du Liberia, où il a déjà dirigé le département des sports.