L’ex-sélectionneur de l’équipe du Gabon, Patrice Neveu, a repris de volée son successeur Thierry Mouyouma, après des piques lancées par celui-ci par rapport à l’ancien management prévalant chez les Panthères.
Dans un entretien sur RFI, le sélectionneur gabonais Thierry Mouyouma s’était permis quelques tacles subtils envers son prédécesseur Patrice Neveu. Le technicien en poste depuis le 1er novembre dernier avait signifié sa volonté de restaurer le patriotisme et la discipline dans le groupe, sous-entendu que la sélection en était dépourvue durant le mandat du Français. Des mots que ce dernier a pris très à cœur. L’entraineur passé sur le banc des Léopards de la RDC a répliqué via les mêmes ondes françaises. Sa réponse a été cinglante.
“Dans la mesure où le sélectionneur du Gabon utilise RFI pour faire passer ce type de choses, je dis non. C'est lamentable. (…) Aujourd’hui, ce n’est pas possible de faire enterrer un sélectionneur comme moi gratuitement par un petit monsieur comme ça”, a fracassé le septuagénaire, actuellement au chômage.
“Ce monsieur ment et se cire tout seul ses chaussures”
“Dans une sélection, qui est responsable de la discipline ? Le sélectionneur ! Donc sans citer mon nom, il me nomme, et moi, je réponds, je ne peux pas laisser faire ça. (…) Ce monsieur ment et se cire tout seul ses chaussures, a-t-il enfoncé. Quand il dit : ‘Nous avons besoin de restructurer l’entité à tous les niveaux. De l’état d’esprit, de la discipline, du patriotisme, du mental…’. Mais c’est une plaisanterie ! Mes joueurs étaient des patriotes, vous-même à RFI, vous savez que des joueurs ont dormi au sol avant des matches. Moi-même, j'ai dormi par terre pour aller jouer des matches, et on les a assurés et on s’est qualifiés pour la CAN quand même ! (…) Quand on a été jouer au Congo (RDC) et que l’avion allait s’écraser et on s’est arrêtés en Espagne, les joueurs sont allés jouer à 13 ou 14, ce ne sont pas des patriotes ça ?”
“Il fait comme un militaire”
Prenant l’exemple de Guélor Kanga, écarté sans ménagement après un avoir logé son frère et sa belle-sœur dans l’hôtel des Panthères lors en marge du dernier rassemblement, Neveu a déploré ce qu’il présente comme un manque de diplomatie de la part de Mouyouma, qui préfère lui parler plutôt d’intransigeance.
“Lui, quand il dit ‘On sait tous pourquoi Aubameyang n’est pas venu au premier rendez-vous'… Non, on ne sait pas ! Il a pris Guélor Kanga, il l’a viré, on ne sait pas quelle décision il a pris derrière. Aaron Boupendza ne vient plus en équipe nationale, on ne sait pas pourquoi. Didier Ndong ne vient plus, on ne sait pas pourquoi, a-t-il chargé. Moi, je gérais ça en interne pour faire des résultats et on a fait des résultats, nous sommes allés à la CAN. Quand il dit qu’il est arrivé dans une sélection délabrée, c'est faux ! Vous verrez, les joueurs qui vont jouer contre la Côte d’Ivoire (en juin, dans les éliminatoires de la Coupe du monde, ndlr), ce sont 80, voire 90% des joueurs de mes joueurs que j’ai fait venir en sélection. Les joueurs que j’avais sous ma coupe étaient des patriotes, motivés et disciplinés à leur niveau. Après les cas précis d’indiscipline, c'est autre chose.”
Aux yeux de Neveu, Mouyouma opte tout simplement pour une mauvaise approche dans son management. “Quand j’étais à la tête de la sélection, quand j’écartais untel, on me demandait pourquoi. Pourquoi vous faites ci, pourquoi vous faites ça… Lui, il a déroulé son truc, il utilise des termes comme “indiscipline”‘, etc. mais il ne dit rien derrière, c’est trop facile ! (…) Il a plus de problèmes que moi, car il a moins d’échanges que moi avec les joueurs. Il fait comme un militaire, il les prend et bam, il les jette. Et après, il fait quoi ? Il les rappelle, il discute avec le gars ?“, a ajouté le Français, persuadé que son successeur comprendra vite qu'il ne peut pas tout contrôler.
“En Afrique, on descend dans des hôtels avec 300/400 chambres. Est-ce que vous pensez que le sélectionneur national est capable de contrôler toutes les entrées de l’hôtel. (…) Les problèmes de discipline, je les ai gérés avec clarté. La dernière fois, M. Mouyouma a pris Guélor Kanga et l’a viré. Mais est-ce que la prochaine fois, il sera en mesure, dans un hôtel dans lequel il va aller, de tout surveiller ? Donc il aura des choses qu’il cachera et qu’il ne dira pas et il fera avec.” Selon toute vraisemblance, la ligne rouge semble avoir été franchie entre les deux hommes.