Guinée-Ahmed Sékou Camara : “J’ai eu beaucoup de difficultés à faire venir Samuel Eto’o”

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Ahmed Sékou Camara, ce n'est autre que l'agent de joueurs qui est parvenu à faire venir Samuel Eto’o en Guinée pour la construction d'une école de football. Entre explication des contours de la venue de l’international camerounais et de ses ambitions pour le football guinéen, il s'est confié en exclusivité à Afrik-Foot.


De notre correspondant à Conakry

En février dernier, vous avez fait venir Samuel Eto’o en Guinée. Quel était l’objectif de cette démarche ?

Ça été un long combat de faire venir Samuel Eto’o en Guinée. Comme nous le savons tous, c’est grand footballeur et un très grand monsieur qui a fait ses preuves un peu partout que ça soit dans le milieu du football ou sur le plan humanitaire en créant sa fondation ainsi que des centres de formation qu’il a eu à construire un peu partout. C’est dans cette optique que j’ai décidé de le faire venir chez moi en Guinée afin de réitérer qu’il a déjà fait ailleurs.

Mais concrètement, comment avez-vous réussi à le faire venir à Conakry ?

Je suis passé par mon mentor qui est monsieur Ferdinand Makota, qui est tout simplement un agent de football qui avait fait ses début avec M. Pape Diouf dans le football mondial. Donc, ce dernier étant un associé à moi, j’ai tenu à ce que M. Ferdinand m’aide à faire venir Samuel Eto’o en Guinée pour qu’on puisse réaliser ce projet. C’est comme cela ça s’est passé. Samuel Eto'o était d’accord et il avait posé des conditions.

Quelles étaient ces conditions ?

D'abord, d’avoir une lettre officielle venant du gouvernement guinéen afin qu’il puisse se rendre à Conakry. Il n'y a pas moins de souci pour parvenir à faire venir Samuel Eto’o. Je pense que le problème ne se situait pas au niveau de monsieur Eto’o. Mais plutôt au niveau du gouvernement notamment du ministère des Sports et de la Jeunesse. Parce que, les gens avaient du mal à croire qu’il s’agissait réellement de Samuel Eto’o.

Le gouvernement devait acheter son billet et cela lui aurait prouvé que le gouvernement voulait collaborer avec lui. A partir du moment où il n’y a pas eu tout ça, il y a eu beaucoup de choses qui ont dérangé M. Samuel Eto’o mais il est venu quand même. Il a tenu à sa parole de venir en Guinée afin de m’honorer parce que j’ai promis qu’il allait être là. Aujourd’hui, je sais qu’aucun guinéen ne croyait en ce que je disais.

Avec le recul, je n’en veux à personne mais seulement le fait qu’il y a eu encore un blocus autour de ce projet me dérange un peu parce que nous, nous avons respecté nos engagements. Samuel Eto’o est venu en Guinée, il a respecté ses engagements mais c’était au gouvernement de faire des propositions. Malheureusement cela ne s’est pas passé.

La Guinée sans centre de formation ? Une faute grave

Et pour quelles raisons ?

J’ai tenu à rencontrer le chef de l’Etat. Je n’ai pas pu pour le moment. J’ai rencontré le ministre des Sports il n’y a pas longtemps. Je lui ai fait part de nos inquiétudes concernant ce projet. Il m’avait promis de me rappeler une fois qu’il rentrerait d’un voyage. Donc, j’attends qu’il me fasse signe afin qu’on trouve une solution pour que ce projet puisse réellement aboutir. Car ce serait quelque chose d’extraordinaire pour toute la jeunesse guinéenne.

Moi en tant qu’agent FIFA, j’ai beaucoup de sollicitations, c'est-à-dire que j’ai beaucoup de jeunes qui espèrent à travers ce projet se relancer et trouver un avenir dans le football. Aujourd’hui, je pense que la jeunesse s’est remise à rêver, c'est-à-dire que tous les jeunes rêvent de ce centre de formation qui est quand même parrainé et dirigé par la super star du football africain qui est M. Samuel Eto’o. Un pays comme la Guinée en 2013 sans centre de formation, je pense que c’est une faute grave sportivement.

Que visez-vous avec une telle action et également avec l’ouverture de ce centre ?

Juste permettre aux jeunes de rêver. Parce que nous savons qu’on n’a pas mal de problème dans ce pays à ce niveau. C’est un combat qui vaut la peine parce que nous savons ce que le football peut apporter à toute une nation. Nous savons que grâce à certains footballeurs, il y a eu la paix dans certains pays. On a vu quand même la Côte d’Ivoire quand ça allait réellement mal, on a vu ce que les Drogba et consorts ont fait avec les éléphants.

Je pense que le football, avec ce que la Guinée traverse aujourd’hui sur le plan politique, peut jouer à calmer les nerfs. On sait aussi que l’arrivée de M. Samuel Eto’o a soulagé plus d’un. Je pense qu’il faut occuper ces jeunes qui sont là à ne rien faire dans leur vie. Ils étaient de grands footballeurs mais faute de suivi, d’infrastructures, ils sont là à ne rien faire. Je pense qu’aujourd’hui, la seule chose qu’on devrait faire c’est de penser à l’avenir de ce pays. Un pays sans jeunesse et une jeunesse sans avenir est un pays en ruine. Donc, je pense que nous jeunes sommes demain la relève de ce pays.

On vous sent pessimiste quant à la réalisation de ce projet en Guinée…

Dans tout ce qu’on fait, il faut y croire. Il ne faut pas que ce déplacement de Samuel en Guinée soit anodin, qu’il ne vienne pas dans le néant, dans le vent pour se promener. Ça n’a pas été le but. Mais moi, j’y crois. Parce qu’à aucun moment, les autorités m’ont fait savoir qu’elles étaient prêtes à me supporter dans ce projet. Donc, s’il est venu et qu’il a été reçu par le chef de l’Etat c’est qu’il y a de quoi espérer. Mais comme je vous l’ai dit, vu l’instabilité politique en ce moment, les gens ont plus à penser à autre chose.

Possible de voir d'autres stars en Guinée

En ce qui concerne M. Samuel Eto’o et moi-même, nous sommes prêts et nous attendons les autorités afin de discuter des conditions de construction de ce centre. Je pense que le dialogue est inévitable dans ce genre de projet. Même si c’était la Guinée qui devait financer le tout, si ce centre de formation est parrainé par Samuel Eto’o, je crois que ce serait un grand atout pour la Guinée. J’attends la réponse des autorités et une fois que j’ai la réponse, j'en ferai part à Samuel Eto’o qui n’attend que ça pour foncer. Moi, j’ai promis à M. Samuel Eto’o qu’il sera accueilli comme un roi en Guinée, il a été accueilli comme un roi. Il a senti qu’il était aimé en Guinée. Il a d’ailleurs dit dans ses interviews ici : “notre pays” (…) Maintenant à nous guinéens, à nos autorités de revoir tout ce qui a autour de ça pour prendre la bonne décision.

Après Samuel Eto’o, est-ce qu’on peut s’attendre à l’arrivée d’autres stars internationales du football en Guinée ?

C’est possible. J’ai la possibilité grâce à Dieu d’amener qui je veux en Guinée parce que j’ai ces contacts là. Je pensais qu’après avoir fait mes preuves, les gens m’auraient respecté mais ça n’a pas été le cas. Je reste tout de même très déçu puisque le chef de l’Etat lui-même a demandé à la diaspora de rentrer chez elle. Quand il a apprend qu’une personne issue de la diaspora a fait quelque chose, il faut qu’il sache qui a fait cette chose. Une fois qu’on sait qui l’a fait, il faut quand même le remercier. On n’est pas obligé de donner des millions aux gens mais le seul merci, c'est déjà beaucoup. Moi, j’ai eu beaucoup de difficultés pour la venue de Samuel Eto’o, mais je ne suis pas du genre à baisser les bras.

Votre dernier mot ?

Je remercie Afrik-Foot pour m’avoir permis de faire cette interview. Je demande à tous les jeunes qui sont sans espoir de rêver d’un lendemain meilleur, de ne jamais perdre espoir. Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Vouloir, c’est pouvoir. Toi qui joues au foot, tu dois te mettre en tête que demain tu seras un Samuel Eto’o, un Pascal Feindouno ou un Didier Drogba.

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Almamy Camara