Juin 2003-Juin 2005, déjà deux ans que Marc-Vivien Foé nous a quittés brutalement. L'occasion est belle pour se rappeler du « Lion qui dort » mais également de tirer la sonnette d'alarme sur la lente déprédation de l'œuvre qu'il nous a léguée : le complexe sportif de Biteng.
Par Baba Wamé (texte et photo) d'Afrique Football.
Le 26 juin prochain sera célébré le second anniversaire du décès de Marc-Vivien Foé. Le mausolée sous lequel il repose sera abondamment fleuri. Plusieurs dizaines des fidèles et admirateurs du défunt Lion Indomptable feront probablement le déplacement de Biteng, dans la banlieue sud de Yaoundé, pour commémorer ce triste anniversaire. Des gestes et des actes qui ne manqueront pas de redonner là haut le sourire à Marc Vivien Foé. Il en avait bien besoin. Car les informations en provenance de la planète Terre, ces derniers temps, ne sont pas des plus réjouissantes.
Le fleuron de ses œuvres, le complexe sportif sis à Biteng n'est plus qu'un chantier abandonné. Partiellement rongée par les termites, la clôture en bois qui délimite les 6 hectares qui font la superficie totale du complexe sportif, ne tient plus. Le bâtiment principal à deux niveaux dont le rez-de-chaussée devrait abriter une piscine olympique, un gymnase, des saunas, et des salles de massage, ressemble désormais à un champ en ruine. La piscine déjà creusée et cimentée a été transformée en dépotoir où s'entassent des bouteilles vides, des bouts de planches, des vieux journaux, des sacs en plastique et parfois même des crottes des chiens.
Seul son mausolée est achevé
Les nombreuses colonnes qui soutiennent la toiture sont atteintes par l'humidité, transformant en noir-beige l'unique couche de peinture blanche apposée sur elles. La partie préalablement conçue pour être le gymnase au premier niveau sert les soirs et les week-ends à des homélies religieuses. A l'arrière du bâtiment principal, il était prévu deux terrains de football, dont un avec une piste d'athlétisme et des gradins, ainsi que des courts de tennis. Là aussi l'arrêt des travaux n'a rien arrangé. Le déblayage et la viabilisation du terrain en pente n'ont fait surgir qu'un réduit rectangulaire en guise de terrain de football avec des poteaux en bois.
Juste à côté de ce terrain se trouve le mausolée M-V Foé, la seule œuvre quasiment finie. Il s'agit d'une coupole surmontée d'une croix soutenue par six colonnes sous lequel repose l'ex-joueur de l'Olympique Lyonnais. Chez les Foé, la mort de Marc-Vivien semble signifier celle aussi de son complexe sportif. Les travaux de celui-ci sont arrêtés depuis deux ans. Et rien à l'horizon n'augure des lendemains meilleurs. Les promesses de l'Etat camerounais de poursuivre l'œuvre de celui qu'il avait qualifié de « vaillant soldat tombé sur le champ de bataille » ne semblent engager que ceux qui y croient.
Gestion opaque de la cagnotte de sa mort
La gestion des nombreux dons, en l'occurrence ceux assez consistants de la FIFA et de la Fédération française, ainsi que de la Ligue française de football, sans oublier les bénéfices des matches, dont celui organisé par Basile Boli, le 11 novembre 2003 à Lyon, est des plus opaques. Rien ne filtre des destinations allouées à ces sommes. La cagnotte de la mort de Foé est un sujet tabou dans la famille. Un sujet qui divise. Les deux principaux exécutants testamentaires, l'épouse du défunt (Marie-Louise Foé) et le père de celui-ci (Martin Foé) ne communiquent quasiment jamais, sinon par avocats interposés. Une situation délétère qui a conduit au blocage des comptes bancaires de l'ex-sociétaire du Canon sportif de Yaoundé et du Racing club de Lens par la justice. De quoi faire retourner Marc-Vivien Foé dans sa tombe.
Cet article est initialement paru dans « Afrique Football » N°141.