Le rappeur Sefyu bat des records de visites avec « Sénégalo-Ruskov », une chanson qui rend hommage au sport dans lequel il aurait voulu faire carrière : le football. L’artiste français d’origine sénégalaise explique le succès de son nouveau titre et revient sur sa carrière footballistique avortée.
Carton plein pour Sefyu. Le rappeur français d’origine sénégalaise s’impose sur la Toile avec le clip de son nouveau titre : « Sénégalo-Ruskov ». Depuis sa mise en ligne début juin, il a été visionné plus de 600 000 fois. Le tout, sans promo. La vidéo, tournée en France, au Maroc et au Sénégal, est un véritable hymne au football. On y aperçoit des stars du ballon rond : Samir Nasri (équipe de France), Mamadou Niang (sélection du Sénégal) – qui jouent tous deux à deux l’Olympique de Marseille – Sammy Traoré (Paris-saint-Germain) et Iya Traoré, recordman du monde de football freestyle. Sefyu revient sur le succès de « Sénégalo-Ruskov » et sur son amour pour le football, sport dans lequel il aurait aimé faire carrière.
Afrik-Foot.com : Pourquoi ce titre « Sénégalo-Ruskov » ?
Sefyu : En fait dans le rap, on a toujours tendance à mettre une image sur les rappeurs. Moi, c’est Molotov, pour mon côté engagé. Comme je suis d’origine sénégalaise et que Molotov est un nom russe, ça a donné Sénégalo-Ruskov.
Afrik-Foot.com : Comment expliquez-vous le succès de ce titre ?
Sefyu : C’est un clip qui fait allusion à tout le monde, à toutes les nations. Je fais un clin d’œil particulier à toute l’Afrique et aux pays francophones. Je dis aussi souvent que dans les pays pauvres africains, les vraies matières premières sont le foot et la musique. C’est la seule échappatoire qu’on ait. C’est peut-être pour ça que le clip, qui mélange football et musique, a provoqué cet engouement.
Afrik-Foot.com : Dans le clip, votre visage est constamment caché. Pourquoi ?
Sefyu : Au départ, ce n’était pas un concept. C’est venu quand j’ai voulu rentrer dans le milieu et que des portes se sont refermées. Si on n’est pas l’ami d’untel ou untel, c’est dur de rentrer. Au moment où j’ai pris contact avec un magazine pour présenter mon projet solo, j’ai senti un truc bizarre. Ils m’avaient pourtant appelé quand j’ai notamment posé sur l’album de Rohff. Je me suis dit que les gens n’étaient pas reconnaissants et quand ils m’ont contacté pour faire une photo, j’ai refusé. Après je suis venu, mais cagoulé. Ensuite, je venais avec une casquette qui cachait mon visage : je voulais jouer avec eux comme ils avaient joué avec moi.
Afrik-Foot.com : Quel est votre parcours footballistique ?
Sefyu : J’étais stagiaire professionnel et j’aurais pu devenir footballeur professionnel. J’ai joué au Red Star de Saint-Ouen. A une époque, je devais aller au Racing club de Strasbourg, mais finalement ça n’a pas marché. Deux ans plus tard, j’étais stagiaire professionnel à Arsenal (Angleterre, ndlr), mais j’ai traîné une blessure. Et puis, ils me proposaient un contrat d’un an et je n’étais pas rémunéré. En plus, c’était l’année où je passais mon bac et ils ne me garantissaient rien par rapport aux cours, à part des cours par correspondance. Finalement, j’ai renoncé et je suis rentré à Paris au bout de deux mois.
Afrik-Foot.com : Avez-vous des regrets ?
Sefyu : Oui, j’en ai. J’aurais préféré être footballeur que rappeur. Le football, j’ai commencé tout jeune, c’est ma première passion.
Afrik-Foot.com : « Sénégalo-Ruskov », c’est une sorte de thérapie ?
Sefyu : Oui ! L’endroit où je me suis arrêté dans le foot, c’est là où j’essaye de repartir dans le rap. Là, je me dis que c’est la deuxième mi-temps et que je ne dois pas faire les mêmes erreurs qu’en première mi-temps. En fait, j’estime que la musique et le football c’est très lié au niveau compétition : on gravit les mêmes échelons, il faut le même mental, fournir les mêmes efforts.
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