Alors que les stars africaines des clubs de football européens s’apprêtent à participer à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Gabon et en Guinée équatoriale, les organisations non gouvernementales ONE et EG Justice s’associent pour appeler l’Union européenne à adopter rapidement de nouvelles règles qui forceraient les sociétés multinationales opérant en Guinée équatoriale à publier les paiements, en argent ou en nature, faits au gouvernement en contrepartie de l’exploitation du pétrole.
Grâce à ses réserves de pétrole, la Guinée équatoriale affiche le revenu par habitant le plus élevé d’Afrique, mais des inégalités révoltantes y existent.
« Des milliards d’euros ont été dépensés par le gouvernement pour bâtir des infrastructures destinées à impressionner les visiteurs étrangers et à divertir une petite élite locale, alors que la majorité de la population n’a pas accès aux services de base comme l’eau potable, l’éducation ou les soins de qualité. Près d’un enfant sur huit meurt avant d’avoir atteint son 5ème anniversaire.», a souligné Guillaume Grosso, le directeur de ONE-France.
« Le gouvernement de Guinée équatoriale espère que les hôtels de luxe, les golfs et les monuments flambants neufs vont cacher la misère de la majorité de la population dans ce pays riche en pétrole. Ils ne doivent pas pouvoir s’en tirer avec cette illusion », a renchéri Tutu Alicante, le directeur exécutif de l’ONG EG Justice, qui se bat pour la transparence dans son pays natal.
« Le secret d’Etat permet au gouvernement de dépenser l’argent à sa guise. Il a investi 580 millions d’euros dans Sipopo, un hôtel de luxe avec un golf privé. Au moins treize palaces présidentiels ont été construits à travers le pays, ce qui fait en moyenne un palais pour 54 000 habitants. Cela démontre un dédain choquant pour les besoins de la population », a-t-il ajouté.
L’Union européenne a proposé en octobre dernier l’introduction d’une législation qui obligerait les sociétés gazières, minières, pétrolières et forestières à publier les détails de leurs opérations financières pour chaque projet dans chaque pays où elles interviennent. Nicolas Sarkozy a été le premier en Europe à soutenir ce projet mais la France doit maintenant jouer un rôle clé à Bruxelles pour contrer le lobby puissant des multinationales, dont certaines françaises, déterminées à préserver l’opacité.
« Les supporters du monde entier auront les yeux rivés sur les exploits des talents africains au cours des prochaines semaines. Mais le football n’est pas seulement une histoire de victoires. Il s’agit aussi de respecter les règles. La Guinée équatoriale démontre avec éclat pourquoi l’Europe doit adopter une loi pour obliger à la publication des sommes reçues par un gouvernement en échange de ses richesses naturelles », a encore souligné Guillaume Grosso.
« La corruption et l’opacité privent le people de Guinée équatoriale d’un avenir meilleur. L’Union européenne devrait adopter tout de suite des lois de transparence qui rendraient le pouvoir au peuple », a conclu Tutu Alicante.
EG Justice une organisation non gouvernementale qui se consacre à promouvoir les droits humains, l’État de droit, la transparence et la participation citoyenne en Guinée équatoriale :
ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono et d’autres, qui lutte contre l’extrême pauvreté, surtout en Afrique. ONE est soutenue par plus de 2,5 millions de personnes à travers la planète et compte plus de 46 000 membres en France : www.one.org/fr
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