A quelques jours du coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), qui réunit les 16 meilleures équipes de football du continent du 10 au 31 janvier 2010, l'Angola table sur cette compétition pour s'ouvrir au tourisme après 27 années de guerre civile.
Outre l'Angola, pays organisateur, sont qualifiés le Cameroun, le Gabon, le Togo, le Nigeria, la Tunisie, le Mozambique, l'Algérie, l'Egypte, la Zambie, le Ghana, le Mali, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Malawi.
Alors que se poursuit à coups de milliards de dollars la reconstruction d'infrastructures dévastées par la guerre civile, finie en 2002, le désormais premier producteur de pétrole d'Afrique -titre ravi au Nigeria- a érigé 25 hôtels flambant neufs dans les quatre villes-hôtes de la compétition.
Pour accueillir la CAN, les Chinois ont construit des stades à Luanda, la tentaculaire capitale donnant sur l'océan atlantique, à Benguela, deuxième port du pays à quelque 600 km au sud, à Lubango, à l'orée du désert de Namib (sud) et à Cabinda (nord), au coeur de la province pétrolifère enclavée en République démocratique du Congo.
Longtemps muré dans sa convalescence, le pays a décidé de s'ouvrir au monde. “L'Angola a un fort potentiel touristique”, souligne le ministère du Tourisme.
“Nous avons traversé trente années de guerre (d'indépendance, puis civile, ndlr) mais cela fait maintenant près de huit ans que nous sommes en paix et le pays est en plein développement”, fait-on valoir encore au ministère.
Les autorités veulent notamment faire découvrir les plages immaculées de la côte atlantique. Le parc national de Kissama, situé à 70 kilomètres au sud de Luanda, est l'atout principal de cette campagne de séduction. Il propose des paysages de savane et une faune qui va des antilopes aux éléphants, réintroduits après importation d'Afrique du sud et du Botswana, les braconniers, qui convoitaient l'ivoire, ayant exterminé les éléphants angolais pendant la guerre civile.
“L'Angola n'est pas une destination pour les débutants”
L'Angola vise haut: “Nous espérons que dans les années à venir nous attirerons de nombreux visiteurs, à l'instar de l'Afrique du Sud, du Mozambique et du Kenya”, espère une porte-parole du ministère.
Mais l'immense pays de 16 millions d'habitants, dont les deux tiers vivent dans une abjecte pauvreté, est loin de disposer encore des infrastructures d'accueil qui le placeraient en concurrent de ces destinations privilégiées.
En 2008, l'Angola comptait moins de 100 hôtels. En dépit de sa manne pétrolière, l'ancienne colonie portugaise n'a toujours pas achevé le déminage des zones rurales et les coupures d'eau et d'électricité – là où il existe un réseau – sont quotidiennes.
Les transports intérieurs se réduisent à des bus bringuebalants et à quelques avions, peu fiables. Il est rare que les Angolais comprennent l'anglais. L'amabilité n'est pas le propre des officiels et il n'existe pas de visa touriste.
“L'Angola n'est pas une destination pour les débutants”, résume le premier guide en anglais dédié au pays, publié récemment chez Bradt.
Luanda, la capitale, est la ville la plus chère au monde
Mais derrière ces difficultés logistiques se cache un joyau naturel, préservé par la guerre. “Les choses changent incroyablement vite”, ajoute un voyageur récent. “Les voyageurs ne doivent pas perdre un instant s'ils veulent découvrir cette beauté sauvage.”
Paul Wesson, co-détenteur d'une agence de voyage à Luanda pour les expatriés basés en Angola, a constaté une augmentation de la demande étrangère. “C'est une destination de pionniers”, estime-t-il, listant “un climat fantastique et de magnifiques paysages, du désert de l'extrême sud à la jungle de l'extrême nord, en passant par la savane et la région alpine au centre.”
Selon lui toutefois, le principal handicap de l'Angola est son coût. Une chambre d'hôtel décente va de 250 à 450 dollars (167 à 300 euros) la nuit, et un repas pour deux atteint 100 dollars (67 euros), surtout à Luanda où la demande est énorme pour une offre squelettique. La capitale est même la ville la plus chère au monde pour les expatriés, selon le magazine américain Forbes.