Engluée dans des soucis financiers depuis plusieurs années et endettée pour près de 4 millions d'euros, la Fédération du Zimbabwe (Zifa) ne parvient plus à joindre les deux bouts. Et les problèmes de trésorerie rejaillissent sur le plan sportif, avec une disqualification du Mondial 2018 et des Jeux Olympiques féminins à la clé.
L'on parle beaucoup des atermoiements de la Fédération camerounaise, incapable de se doter de nouveaux statuts, du flou entourant la Fédération béninoise, sans existence légale, ou encore de la responsabilité de la Fédération ivoirienne dans l’affaire des primes détournées. Pourtant, aussi mal en point soient-elles, toutes ces instances sont confrontées à des “problèmes de riches” en comparaison des tourments traversés par la Fédération du Zimbabwe (Zifa).
Endettée à hauteur de 4 millions de dollars (environ 3,8 millions d’euros), l’instance a du mal à joindre les deux bouts depuis plusieurs années déjà. A tel point qu’elle a récemment été contrainte de mettre aux enchères des équipements de son centre national d’entraînement qui avait été financé par la FIFA (gazon artificiel, lits, etc). Cela n’a pas suffi pour lui permettre de régler ses nombreuses factures. En premier lieu les arriérés de salaire du Brésilien Jose Claudinei Georgini, surnommé Valinhos, sélectionneur de janvier à novembre… 2008.
Une nouvelle amende à régler
Mauvais payeur, la Zifa s'est attirée les foudres de la FIFA. Après avoir multiplié les ultimatums depuis 2012 pour que soit réglée la situation de l'ex sélectionneur, l'instance dirigeante du ballon rond a décidé de frapper fort en mars en excluant les Warriors des éliminatoires du Mondial 2018. Un coup dur pour la génération de Knowledge Musona, qui n'aura pas trente-six occasions de rêver d'une première participation à la grande fête du football. Et les conséquences de la crise financière dans laquelle est empêtrée la Zifa ne s’arrêtent pas là.
Le 19 juillet, c’est la sélection féminine qui a été contrainte de renoncer à son déplacement en Côte d’Ivoire dans le cadre du deuxième tour aller de qualification aux Jeux Olympiques Rio 2016. En cause : le persistant manque de moyens financiers. Jusqu’à la veille du départ, la Zifa a tenté de trouver une solution pour acheter des billets d’avion pour Abidjan. Sans succès. Mercredi, la commission de discipline de la FIFA a annoncé qu’elle sanctionnait le Zimbabwe d’une défaite sur tapis vert (3-0) et d’une amende de 10 000 francs suisses (environ 9 400 euros) qui viendra s’ajouter aux dettes de la Fédération.
Mighty Warriors fail to travel to Cote d'Ivoire. more http://t.co/1vKBlKeAWX pic.twitter.com/pfYEktgAd4
— zimbabwe football (@online_zifa) 18 Juillet 2015
Plombé par ses soucis financiers, le Zimbabwe, qui doit aussi des arriérés de salaire à Tom Saintfiet (sélectionneur en 2010), est devenu un expert en forfaits et lourdes sanctions. Déjà en 2012, la sélection U20 des Warriors n’avait pas trouvé les fonds pour se déplacer en Angola, récoltant une suspension de trois ans. Si la Zifa reconnaît ses torts et s’est publiquement “excusée à la nation” après le couac des JO, l’instance met aussi en avant les défaillances du gouvernement. “Lui aussi est contraint financièrement. Il ne pouvait donc pas nous sauver de notre infortune. Sans le soutien des autorités et du monde économique, le football zimbabwéen restera dans le marasme. Nous aimerions rappeler que les sélections nationales du monde entier sont financées par leur gouvernement“, assène un communiqué de la Zifa.
Mais rien n'est facile au Zimbabwe. En avril dernier, la Fédération a été contrainte de reporter son assemblée générale annuelle de deux mois pour ne pas “gaspiller” ses faibles moyens et éviter de nuire à ses sélections, impliquées dans diverses échéances. Car oui, lorsqu'on leur en donne les moyens, les Warriors ont du potentiel. Comme ils l'ont prouvé en juin en surprenant le Malawi sur ses terres (1-2) pour pour leur entrée dans les éliminatoires de la CAN 2017. Qualifiée pour les barrages du CHAN 2016, la sélection des locaux avait d'ailleurs atteint les demi-finales de la compétition en 2014. Et que dire des U23, qualifiés pour les Jeux Africains, et qui tenteront ce week-end de ramener d’Afrique du Sud leur billet pour la CAN de la catégorie (1-1 à l’aller). A moins d’un nouveau problème de billets d’avion…