Pour la première fois depuis l'indépendance, le championnat national du Maroc ne compte pas d'entraîneurs étrangers. Simple hasard ou choix délibéré? En tout cas, les entraîneurs marocains ont le vent en poupe.
Pendant longtemps, les sorciers blancs sont venus prêcher la bonne parole dans la Botola. Le championnat marocain reprendra son bon droit dans quelques jours… sans aucun entraîneur étranger. Exit les Diego Garzitto, Henri Michel et autres Jean-François Jodar. C'est une première dans l'histoire du championnat local.
Ils étaient cinq au coup d'envoi de la saison 2010-2011: l'Argentin Oscar Fullone (KAC Kenitra), le Brésilien José Dutra Dos Santos (WAC) et les Français Diego Garzitto (WAC), Henri Michel (Raja Casablanca) et Jean-François Jodar (Moghreb Athlétic de Tétouan). Quatre mois plus tard, il n'en reste plus. La phase retour reprendra sans les entraîneurs étrangers. “La nationalité n'est ni une condition ni un critère. Mais l'entraîneur étranger doit apporter un valeur ajoutée. On doit sentir la différence au niveau tactique, organisation, discipline, psychologie des joueurs, explique Mustapha Chadli, gardien du FAR Rabat, dans les colonnes du Matin. L'expérience a montré que l'entraîneur étranger a souvent des difficultés de communication avec les joueurs. On n'a pas la même mentalité. Tous les entraîneurs étrangers qui ont remporté des titres, c'était grâce à une génération de grands joueurs, que ce soit au Raja, au WAC ou au FAR. Nos entraîneurs créent l'ambiance du football, comme Fakher, Zaki et Madih.”
Aux commandes de l'élite
Même son de cloche pour Marouane Bennani, le président de Moghreb de Fès: “Je ne vois aucune valeur ajoutée. Je préfère l'entraîneur marocain, il connaît mieux le championnat national et le courant passe mieux avec les joueurs. Il est lui-même un produit de ce championnat en tant qu'ancien joueur dans la plupart des cas. Nos entraîneurs ont fait leurs preuves que ce soit les anciens ou la relève. En même temps, on donne la chance aux cadres marocains. C'est ainsi qu'on peut développer nos propres compétentes.” C'est ainsi que Diego Garzitto, fort de son titre de champion d'Afrique décroché avec le TP Mazembe, n'a tenu que trois mois sur le banc du Wydad. La méthode du technicien franco-italien ne prenant plus, le club de Casablanca a offert le poste à un technicien du cru, Fakhreddine Rajhi. Même scenario au Raja où le pourtant populaire Henri Michel a cédé sa place à Mohammed Fakher, un ancien de la maison. Avec un certain succès puisque le Raja de Fakher, par exemple, est remonté à la seconde place, à deux longueurs seulement du leader.
A l'heure actuelle, les techniciens locaux n'auraient rien à envier à leurs homologues venus d'ailleurs. “Avec l'émergence d'entraîneurs du calibre de Fakher, Zaki, Madih, Ammouta, Tawssi, Merini, Sektioui, Fakhreddine, je crois qu'on n'a plus à aller chercher ailleurs, affirme Abdellhaq Rizkallah. Néanmoins, on n'est pas contre le recrutement d'entraîneurs étrangers, du moment qu'il y a une valeur ajoutée.” Les entraîneurs marocains ont donc pris le pouvoir dans les clubs. Et les résultats leur donnent raison: champion d'automne, dauphin et challenger, les trois premiers, comme depuis deux ans, sont guidés par un coach local. Reste maintenant à trouver la formule avec les Lions de l'Atlas, dirigés par le Belge Eric Gerets.