Le sort de la Coupe du monde entre les mains des marabouts?

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Vaudou, magie noire, gris-gris, sorciers, marabouts, xoon… Autant d'éléments qui font partie du folklore du football africain. La très sérieuse et très rigoureuse FIFA, dont les médecins sont réunis en ce moment en Afrique du Sud, pourrait ne pas lever le petit doigt face à ces pratiques en vue du Mondial 2010.


Le folklore, on le sait, fait parti intégrante du football. C’est d’autant plus vrai en Afrique. Les vuvuzelas, les gris-gris mais aussi, et surtout, les marabouts sont autant d'éléments dont il faut tenir compte au moment du Mondial sud-africain.

A en croire des échos qui arrivent de la troisième Conférence Internationale de Médecine du Football organisée à Sun City, la FIFA pourraient donner le feu vert aux formations de la Coupe du monde, notamment les équipes africaines, à avoir recours à la médecine traditionnelle ainsi qu’aux marabouts et autres sorciers.

Produits dopants

Près de 300 médecins du sport, de kinésithérapeutes et de docteurs des trente-deux équipes participant au Mondial sont réunis en ce moment en Afrique du Sud. Bilan de l’opération : l’utilisation de “stimulants indétectables issus de la médecine traditionnelle africaine qui ne sont des substances interdites” semble inquiéter la FIFA. Même si Michel D’Hooge, le président du comité médical, a tenté de se montrer rassurant : la FIFA “n’est pas trop concernée par l’utilisation de la médecine traditionnelle africaine pendant la Coupe du monde. Nous insistons : ce ne sont pas des produits que nous connaissons vraiment. Tout ce que nous savons c’est que ces produits ont un effet diurétique et que d’autres sont des stimulants.”

Le médecin des Bafana Bafana, Ntlopi Mogoru, a de son côté précisé que certaines plantes, généralement trouvées dans les pays tropicaux comme le Ghana, peuvent se rapprocher des stéroïdes mais ne sont pas sur la liste des produits interdits et, pour certaines, ne sont même pas décelées lors des contrôles anti-dopage !

“Conseillers spéciaux”

Mais quelle importance peuvent avoir ces marabouts, “conseillers spéciaux” des équipes africaines? Dans l’histoire du football africain, les légendes de marabouts et de la magie noire sont aussi controversées qu’elles peuvent induire en erreur. Elles sont aussi particulièrement récurrentes.

Nombreux sont les footballeurs africains qui utilisent les services des sorciers pour mettre en péril un adversaire avant un match important. Ainsi, en 2002, la fédération sénégalaise de football avait dépensé pas moins de 90,5 millions de FCFA (environ 137 966 euros) pour les xoon (pratiques mystiques comprenant notamment des prières) afin de favoriser les Lions de la Teranga pour la CAN et la Coupe du monde. La même année, l’ancien gardien du Cameroun alors dans le staff, Thomas N’Kono, avait été surpris par la police alors qu’il dissimulait une amulette sous la pelouse du stade de la finale de la compétition. On ne sait pas si c’est grâce à cela, mais cette année-là, les Lions Indomptables avaient gagné la Coupe d’Afrique. Plus récemment, Fernando Nogueira, plus connu au Portugal sous le nom de “sorcier de Fafe”, s’est rendu célèbre après avoir prétendu avoir marabouté Cristiano Ronaldo.

Zaïre 1974

Occultes et mystérieux, les marabouts et leurs gris-gris font pleinement partie du foot africain. La superstition est profondément ancrée chez les footballeurs du continent et les fans ne quittent jamais le ballon des yeux, tout en observant, du coin de l’œil, ces individus étrangement fagotés sur le côté du terrain.

En 1974, les Léopards du Zaïre avaient emmené dans leurs bagages une armée de sorciers pour la Coupe du monde qui se déroulait en RFA. Mais il faut croire que les Allemands sont immunisés car les Zaïrois sont rentrés au pays la queue entre les jambes, encaissant 14 buts en trois rencontres, dont un retentissant 9-0 contre la Yougoslavie, avant de chuter face à l’Ecosse et le Brésil. Les sorciers africains prendront-ils leur revanche sur leurs terres cet été ?

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Nicholas Mc Anally