Les larmes de Valdo pour l’Afrique et son conseil pour Vinicius

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Il en a des larmes plein les yeux. Lorsqu’il évoque l’Afrique, les yeux de Candido Filho Valdo brillent et luisent. Il est vrai que le rapport de l’ancien Parisien à l’Afrique est plus étoffé que celui d’autres joueurs brésiliens qui venaient pour la première fois sur leur continent d’origine à l’occasion des deux matchs de gala organisés dans le cadre du festival de la banane plantin au Cameroun en décembre. 

« Moi, je m’identifie beaucoup au peuple africain. Et j’ai, en plus, eu la chance d’entraîner le Congo Brazza et d’y vivre. Si tu veux apprendre la vie, il faut faire un passage en Afrique ! » Valdo vit aujourd’hui à Lisbonne là où il avait d’abord atterri en Europe, au Benfica. Mais l’Afrique n’est jamais loin de son coeur.

« Je suis resté quatre ans et demi au Congo. L’Afrique est fantastique. Elle a tout, la beauté, l’argent, mais elle porte aussi beaucoup de souffrance. Si le Brésilien se sent proche de l’Africain, c’est parce qu’il doit aussi se battre pour réussir. » 

Valdo, 60 ans aujourd’hui, l’a vécu de près lors de son passage à la tête de l’équipe nationale du Congo. Il avait d’abord pris le club du FCA Brazzaville en parallèle de la sélection nationale U20. Pour ensuite entraîner l’équipe nationale du Congo durant trois années (2018-21). Au cours desquelles il n’a pu qualifier les Diables Rouges pour la CAN dans un environnement déjà dégradé. 

Valdo, PSG
© Iconsport

Pourtant, son visage s’illumine lorsqu’il évoque cette expérience.

« Lorsque je regarde en arrière, je vois la dizaine de mes ‘petits’ qui s’en sont bien sortis. Ils ne seront plus jamais pauvres, ils sont aujourd’hui des joueurs pros et des hommes de caractère. Quatre sont en Italie, un en Bulgarie, deux en Espagne… Et quand l’un d’eux m’appelle, quand je les entends, cela n'a pas de prix ! Pour moi, c’est comme si Dieu m’avait donné une mission. Une fois que tu es sur le terrain, tu commences à comprendre pourquoi tu es venu là ! C’était un moment important de mon chemin dans la vie. C’est tout sauf un hasard. Dès que je suis arrivé, j’ai compris qu’il y avait quelque chose entre le Congo et moi ! »

Un projet en Afrique

Serait-il donc tenté de revivre une expérience africaine ?

« L’objectif de la vie, c’est aider les autres. Et je continue à le faire. Il y a un de mes coaches au Congo avec qui je suis resté en relation. On a un projet. Un petit projet en budget, mais un grand projet au niveau de la vie ! Dès que je le peux, j’aide. Chaque fois qu’on trouve un gamin de talent, on l’aide à venir en Europe, par exemple. Ecole, formation, on s’occupe de tout ! »

La relation personnelle de Valdo à l’Afrique est forcément très au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Il en parle comme de sa famille !

« Ma fille a maintenant trente ans. Mais c’est comme si j’avais aussi une cinquantaine d’enfants en Afrique. D’ailleurs, ils m’appellent ‘papa’ lorsqu’ils me téléphonent ! Je garderai toujours ce lien avec l’Afrique. On se ressemble. Petit noir brésilien comme petit noir africain. On tombe tout de suite amoureux, on va dire comme ça. » Malgré son éternel sourire, Valdo a pourtant des larmes qui coulent désormais tout du long de son visage. Même quand la caméra s’éteint, le sourire et les larmes restent. 

Valdo, Brésil
© Iconsport

Le conseil de Valdo pour Vinicius

Sans s’essuyer, il continue à parler d’Afrique. « Il ne faut pas vendre du rêve. Pourtant, au Congo, je faisais en sorte que l’enfant rêve. Car, d’un jour à l’autre, tout peut changer. En tout cas, dans mon domaine, le foot ! »   

Cette douceur fait partie du personnage Valdo. Même quand il évoque un  sujet difficile, il se veut encore philosophe.

« Vinicius incarne le combat contre le racisme dans le foot aujourd’hui. Moi aussi, j’ai subi cette violence, été insulté. Mais je trouve que Vini va trop direct au front. La rivière, lorsqu’elle rencontre un obstacle, elle contourne. » 

Une sensibilité qui ressemble bien à Valdo qui se détache un peu de ses coéquipiers brésiliens sur le sujet. « Parfois, c’est trop dur quand tu es en plein dans la bataille. Dans la chaleur du combat, il faut parfois reculer un petit peu. Quand c’est trop chaud, il vaut mieux attendre le bon moment. Et là, avancer. Vinicius devrait parfois suivre ce chemin. »

Vinicius Junior, Real Madrid
© Iconsport
Les larmes de Valdo pour l’Afrique et son conseil pour Vinicius

DOUCET PHILIPPE

Journaliste ayant débuté à "Golf Magazine" puis le quotidien sportif "Le Sport".
Avant de plonger dans la télévision et Canal+ en 1989.
Commentateur de football et tennis.
Mais aussi créateur de la "palette" et des statistiques sur les grands directs et la Ligue des Champions.
Son engagement dans le sport africain remonte à la CAN 1992 et à toutes les CAN suivantes qu'il a suivi pour Canal+ Afrique.
Chroniqueur sur RFI dans "Radio Foot International".