Les Sao, 30 ans plus tard

Publié le par , actualisé le

Après trente ans d'hibernation, le Tchad veut participer à la phase finale de la Can. Pour réaliser ce rêve, le gouvernement et la Fédération tchadienne de football (FTF) ont engagé l'entraîneur africain de l'année 2000, le Camerounais Jean-Paul Akono. A l'origine de la venue de Jean-Paul Akono à Ndjaména, Adoum Djibrine, président de la FTF, membre du comité exécutif de la Caf. Interview.


Afrik : Alors c'est fait, les Sao ont leur premier entraîneur-selectionneur étranger ?

Adoum Djibrine : Oui, Jean-Paul Akono prend en charge les rênes des équipes nationales de football du Tchad. Nous avons signé un contrat d'un an renouvelable avec un salaire mensuel de 2,5 millions de Fcfa (3950 euros), une prime de signature de 4 millions de Fcfa (6320 euros), une voiture, un logement de service et un crédit illimité pour la communication internationale.

Afrik : Ce n'est pas cher payé par rapport à ses collègues des autres pays ?

Adoum Djibrine : C'est vrai, mais c'est tout ce qu'on pouvait lui offrir. Nous n'avons pas de subventions. Le Tchad a très peu de joueurs à l'étranger, autrement dit nous ne recevons pratiquement aucune indemnité due aux transferts des joueurs. Les entreprises commerciales parrainent peu les activités sportives. Notre principale ressource est l'aide d'un million de dollars (991 473 euros) que nous accorde tous les quatre ans la Fifa. Cette aide est complètement engloutie dans l'organisation des compétitions nationales et régionales.

Afrik : Pourquoi n'avez-vous pas essayé d'engager des compatriotes à l'instar de Toko et Ndoram qui font partie de l'encadrement technique du Paris Saint-Germain et de Monaco ?

Adoum Djibrine : Nous y avions pensé. Mais ce n'était pas possible parce que d'abord les deux ne sont pas des entraîneurs. Ils sont utilisés à Paris et à Monaco comme dénicheurs de talent. Ils sillonnent les continents à la recherche de jeunes joueurs. Ensuite, je ne pense pas que nos conditions financières leur conviennent. Toko s'était proposé de nous aider à trouver un entraîneur du côté des Pays de l'Est.

Afrik : Qu'attendez-vous concrètement de Jean-Paul Akono ?

Adoum Djibrine : Qu'il sorte le football tchadien de sa longue léthargie. Qu'il monte une bonne équipe nationale de football dans l'optique d'une qualification pour la Can 2004. Dès ce mercredi, il s'envolera avec les Sao pour un tournoi amical au Soudan. Son programme pour les semaines à venir prévoit des matches amicaux au Cameroun contre Coton sports de Garoua, une mise au vert de deux semaines en France ou en Arabie Saoudite avant notre premier match des éliminatoires de la Can 2004 à Alger contre les Fennecs.

Afrik : Parlez-nous un peu du football tchadien. Ses problèmes, son organisation, ses espoirs…

Adoum Djibrine : Notre problème majeur est financier. Nous n'avons pas de moyens, pas de subventions, pas de sponsors et du coup rien n'est fait pour la formation. Le championnat se joue en deux étapes. La première est le championnat régional qui regroupe les équipes de la même préfecture. Et puis, il y a le championnat national. Une sorte de tournoi entre les 14 champions des 14 préfectures. Sur un plan individuel, le footballeur tchadien est paresseux, physiquement très limité. Il tient difficilement les 90 minutes de jeu mais par contre il est discipliné et persévérant.

Afrik : Pensez-vous avoir une chance de vous qualifier pour la Can 2004 ?

Adoum Djibrine : Oui. Nous avons un entraîneur expérimenté, des jeunes hyper motivés. Je vois bien le Tchad en phase finale de la Can 2004 en Tunisie. Nous sommes dans une poule à trois avec l'Algérie et la Namibie. Nous jouerons notre chance à fond. Nous allons faire appel à tous les footballeurs tchadiens évoluant à l'étranger. On en compte une dizaine qui jouent au Cameroun, au Gabon et en France.

Avatar photo

Baba Wamé